Les premiers épisodes de la caméra cachée organisée par Attassia ont suscité plusieurs réactions sur les réseaux sociaux. Entre ceux qui appellent au retour de Ben Ali au pays, voire même à son retour au pouvoir, et ceux qui refusent de pardonner un dictateur qui n'aurait fait que du mal au pays pendant ses 23 ans au pouvoir, l'opinion publique est aujourd'hui plus que jamais divisée sur ce sujet.
En fait, cette division est compréhensible. Si en 2011, tout le monde était d'accord pour dire que Ben Ali devait partir et qu'il était temps pour la Tunisie de changer de régime et de mode de gouvernance, aujourd'hui, la donne a changé. Le pays vit une situation économique catastrophique, une crise politique sans précédent, et est au bord de l'implosion sociale.
Historiquement, ce sentiment de retour au passé après une révolution a toujours été présent. En Pologne, quelques années après la chute du communisme, les communistes sont revenus en force au parlement. Même en Tunisie, la victoire de Nidaa Tounes était aussi en partie due à cette volonté de renouer avec l'ancien modèle, conservateur et paternaliste.
Le problème est que depuis l'indépendance, nous n'avons jamais eu de régime qui s'appuyait sur l'émancipation du peuple. On a toujours eu cette figure du chef suprême, d'abord avec Bourguiba qui se considérait -à juste titre- comme père de la nation, puis avec Ben Ali qui voulait se présenter comme le père de tous les Tunisiens (Bouna lahnin).
Cette révolution est donc arrivée comme un choc psychologique à tous ceux qui n'on jamais appris à compter sur eux-mêmes. De plus, quand on a vécu tranquillement sous l'ancien régime, sans jamais s'intéresser à la politique, on menait plutôt la belle vie: Un pays socialement stable et économiquement émergent, que demander de plus? Alors qu'aujourd'hui, le peuple est en contact direct avec la politique, et est conscient du danger qui le guette.
Personnellement, je n'ai que 19 ans, et avant 2011, je ne savais même pas dans quel régime politique nous vivions. Mais c'est après la révolution que je me suis rendu compte de l'importance de ce changement.
Quand je me rappelle pourquoi on voulait virer Ben Ali en 2011, je me souviens des slogans de la révolution: Travail, liberté, dignité nationale. Sous Ben Ali, le chômage était déjà haut, et ça s'explique avec la crise économique mondial. Et je ne sais pas si en restant il aurait pu y remédier, vu que cela dépend aussi beaucoup de la conjoncture économique internationale.
Pour ce qui est des libertés et de la dignité, les défenseurs de l'ancien régime nous disent aujourd'hui qu'ils s'en foutent de la liberté d'expression tant que le peuple avait de quoi manger. Il est vrai que le pouvoir d'achat du Tunisien a chuté depuis la révolution, il est vrai que le nombre de problèmes et de conflits sociaux ont augmentés, mais finalement, ce ne sont que les conséquences de l'immobilisme social qui a régné pendant la période de Ben Ali.
L'ascenseur social était bloqué, à cause d'une des erreurs les plus graves de Ben Ali, et qui est aussi une des raisons pour lesquelles je ne lui pardonnerai jamais: l'enseignement.
Si le chômage a augmenté, c'est aussi du à un niveau désolant d'étudiants, qui arrivent à avoir leurs diplômes supérieurs sans même être capables de rédiger une dissertation bien organisée, ni en Arabe, ni en Français. Toute une génération a été sacrifiée, et c'est ce qui fait aussi qu'on aura du mal à s'en sortir dans les prochaines années: c'est à cause de Ben Ali.
Aussi, une des raisons de notre crise politique, c'est l'immobilisme politique pendant la période de son règne. Avec sa dictature et son refus de l'intégration dans la vie politique de l'opposition, il n'a pas permis à la Tunisie de se construire une élite politique compétente et capable de gérer l'Etat. C'est ce qui a en partie aussi amené Ennahdha à se casser la gueule après 2011.
Ben Ali était aussi un criminel. Alors, je comprends que celui que ça ne touche pas s'en foute de ce qui se passait dans les caves du ministère de l'Intérieur, mais imaginez-vous un seul instant à la place de ces personnes qui ont été torturées, voire mortes sous la torture -inutile d'en décrire les détails. Imaginez un seul instant qu'on vous viole votre femme devant vos yeux, qu'on vous kidnappe vos enfants, que ressentiriez-vous?
Personnellement, rien qu'à cause de ces atteintes aux droits fondamentaux de l'Homme, je n'accepterai pas que cet homme soit gracié, car lui, il n'a pas gracié ses ennemis.
Il y a encore plusieurs causes pour lesquelles je ne regretterai jamais Ben Ali: corruption, népotisme, etc ... Mais si je commençais à toutes les énumérer, je ne m'arrêterais jamais.
Je dirai simplement pour conclure que Ben Ali a tout fait pour que le peuple soit content de la période de son règne, mais rien pour que la Tunisie lui soit reconnaissante.
Aujourd'hui, nous avons l'occasion de résoudre nos problèmes sur de bonnes bases et non en les étouffant et en les niant. Profitons de notre liberté pour réformer pour de bon notre pays, il nous en sera réellement redevable dans quelques décennies, et nous regagnerons enfin notre dignité nationale.
En fait, cette division est compréhensible. Si en 2011, tout le monde était d'accord pour dire que Ben Ali devait partir et qu'il était temps pour la Tunisie de changer de régime et de mode de gouvernance, aujourd'hui, la donne a changé. Le pays vit une situation économique catastrophique, une crise politique sans précédent, et est au bord de l'implosion sociale.
Historiquement, ce sentiment de retour au passé après une révolution a toujours été présent. En Pologne, quelques années après la chute du communisme, les communistes sont revenus en force au parlement. Même en Tunisie, la victoire de Nidaa Tounes était aussi en partie due à cette volonté de renouer avec l'ancien modèle, conservateur et paternaliste.
Le problème est que depuis l'indépendance, nous n'avons jamais eu de régime qui s'appuyait sur l'émancipation du peuple. On a toujours eu cette figure du chef suprême, d'abord avec Bourguiba qui se considérait -à juste titre- comme père de la nation, puis avec Ben Ali qui voulait se présenter comme le père de tous les Tunisiens (Bouna lahnin).
Cette révolution est donc arrivée comme un choc psychologique à tous ceux qui n'on jamais appris à compter sur eux-mêmes. De plus, quand on a vécu tranquillement sous l'ancien régime, sans jamais s'intéresser à la politique, on menait plutôt la belle vie: Un pays socialement stable et économiquement émergent, que demander de plus? Alors qu'aujourd'hui, le peuple est en contact direct avec la politique, et est conscient du danger qui le guette.
Personnellement, je n'ai que 19 ans, et avant 2011, je ne savais même pas dans quel régime politique nous vivions. Mais c'est après la révolution que je me suis rendu compte de l'importance de ce changement.
Quand je me rappelle pourquoi on voulait virer Ben Ali en 2011, je me souviens des slogans de la révolution: Travail, liberté, dignité nationale. Sous Ben Ali, le chômage était déjà haut, et ça s'explique avec la crise économique mondial. Et je ne sais pas si en restant il aurait pu y remédier, vu que cela dépend aussi beaucoup de la conjoncture économique internationale.
Pour ce qui est des libertés et de la dignité, les défenseurs de l'ancien régime nous disent aujourd'hui qu'ils s'en foutent de la liberté d'expression tant que le peuple avait de quoi manger. Il est vrai que le pouvoir d'achat du Tunisien a chuté depuis la révolution, il est vrai que le nombre de problèmes et de conflits sociaux ont augmentés, mais finalement, ce ne sont que les conséquences de l'immobilisme social qui a régné pendant la période de Ben Ali.
L'ascenseur social était bloqué, à cause d'une des erreurs les plus graves de Ben Ali, et qui est aussi une des raisons pour lesquelles je ne lui pardonnerai jamais: l'enseignement.
Si le chômage a augmenté, c'est aussi du à un niveau désolant d'étudiants, qui arrivent à avoir leurs diplômes supérieurs sans même être capables de rédiger une dissertation bien organisée, ni en Arabe, ni en Français. Toute une génération a été sacrifiée, et c'est ce qui fait aussi qu'on aura du mal à s'en sortir dans les prochaines années: c'est à cause de Ben Ali.
Aussi, une des raisons de notre crise politique, c'est l'immobilisme politique pendant la période de son règne. Avec sa dictature et son refus de l'intégration dans la vie politique de l'opposition, il n'a pas permis à la Tunisie de se construire une élite politique compétente et capable de gérer l'Etat. C'est ce qui a en partie aussi amené Ennahdha à se casser la gueule après 2011.
Ben Ali était aussi un criminel. Alors, je comprends que celui que ça ne touche pas s'en foute de ce qui se passait dans les caves du ministère de l'Intérieur, mais imaginez-vous un seul instant à la place de ces personnes qui ont été torturées, voire mortes sous la torture -inutile d'en décrire les détails. Imaginez un seul instant qu'on vous viole votre femme devant vos yeux, qu'on vous kidnappe vos enfants, que ressentiriez-vous?
Personnellement, rien qu'à cause de ces atteintes aux droits fondamentaux de l'Homme, je n'accepterai pas que cet homme soit gracié, car lui, il n'a pas gracié ses ennemis.
Il y a encore plusieurs causes pour lesquelles je ne regretterai jamais Ben Ali: corruption, népotisme, etc ... Mais si je commençais à toutes les énumérer, je ne m'arrêterais jamais.
Je dirai simplement pour conclure que Ben Ali a tout fait pour que le peuple soit content de la période de son règne, mais rien pour que la Tunisie lui soit reconnaissante.
Aujourd'hui, nous avons l'occasion de résoudre nos problèmes sur de bonnes bases et non en les étouffant et en les niant. Profitons de notre liberté pour réformer pour de bon notre pays, il nous en sera réellement redevable dans quelques décennies, et nous regagnerons enfin notre dignité nationale.
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