Quantcast
Channel: Tunisie - Al Huffington Post
Viewing all 9648 articles
Browse latest View live

8 mesures urgentes pour l'emploi

$
0
0
Les trois années de transition politique (2011-2014) ont été très éprouvantes sur le plan économique. Les élections de décembre 2014 étaient donc très attendues, non seulement en raison de leur aspect historique et exceptionnel dans la région, mais surtout parce que les premières institutions durables issues des urnes avaient la très lourde tâche de répondre aux attentes de la révolution en termes de protection des droits et des libertés acquises, de développement des régions de l'intérieur et de lutte contre le chômage.

On aurait pu croire, que la durabilité des institutions élues allait être assortie d'une certaine stabilité politique incarnée par une "trêve sociale" mais c'était sans compter sur la déception qu'allait susciter le premier gouvernement de cette seconde République.

Une alliance politique paradoxale qui donne lieu à un gouvernement de satisfaction alors que la situation économique exige un gouvernement d'action. Un chef de gouvernement qui, le jour de sa nomination, octroie à tous ses ministres deux semaines de réflexion pour lui présenter un plan d'action, n'est-ce pas la preuve qu'il en est complètement dépourvu?

Le dernier remaniement ministériel saugrenu et les guerres de successions au sein du parti au pouvoir ont eu raison de la patience de fer qui a valu au peuple tunisien son Prix Nobel de la Paix.

Le soulèvement des jeunes dans les régions de l'intérieur et dans les quartiers populaires de la capitale pose une énième fois la question de la lutte contre le chômage. Sans de réelles mesures d'urgence pour l'emploi des jeunes, cette insurrection risque de venir à bout du processus démocratique entier.

Le taux d'investissement excessivement bas dans les régions de l'intérieur rend l'absorption du chômage par la création d'entreprises de type PME/PMI impossible. Pour augmenter l'investissement, il faut obligatoirement un désenclavement des régions de l'intérieur en améliorant les infrastructures et en installant un climat de sécurité, ces mesures peuvent être une solution partielle pour l'emploi mais certainement pas sur les courts/moyens termes.

Les politiques inefficaces d'embauche dans la fonction publique adoptées par la Tunisie entre 2011 et 2013 n'ont eu qu'un effet placebo très onéreux.

L'inadéquation entre les parcours académiques des jeunes diplômés et les exigences du marché du travail, ainsi que le déclin de la formation professionnelle sont l'une des principales raison de l'augmentation du taux de chômage des diplômés sur les 6 dernières années.

Dans les conditions économiques actuelles, l'État doit être l'acteur principal dans la lutte contre le chômage des jeunes, en particulier des jeunes diplômés, en stimulant l'embauche à travers une stratégie efficace pour l'emploi.

Cette stratégie peut prendre la forme de huit mesures d'urgence:

1)Création de Zones Prioritaires de l'Emploi

En prenant en considération les indicateurs tels que le niveau de vie, le taux de chômage ou encore la déscolarisation, l'État pourra mieux concentrer sa politique de stimulation de l'embauche sur les zones du pays les plus touchées.

2)Primes à l'embauche

Pour les jeunes de moins de 30 ans qui résident depuis 3 ans dans une Zone prioritaire de l'embauche et qui sont à la recherche d'un emploi depuis un an au moins, à chaque signature de CDI, l'employeur percevra une aide de 3 000 Dt (versée en deux fois: 1 000 Dt à la fin de la période d'essai et 2 000 Dt un an après l'embauche).

3)Exonération totale ou partielle des charges patronales et assurances sociales

En cas d'embauche d'un demandeur d'emploi âgé de moins de 26 ans en CDI, l'employeur est exonéré de cotisations patronales pendant 4 mois (6 mois pour les PME). À condition naturellement que le CDI se poursuive après la période d'essai.

4)Primes à l'apprentissage

Les entreprises qui embauchent un apprenti pour une durée minimale d'un an bénéficient d'une exonération partielle des charges sociales et d'une aide minimale de 300 Dt calculée en fonction de la localisation de la taille de l'entreprise (Ces primes concernent les jeunes chômeurs non diplômés et sans qualification).

5)Exonérations fiscales partielles ou totales,

Pour les entreprises qui créent/développent une activité dans les Zones Prioritaires de l'embauche une exonération de 100% de l'Impôt sur les Sociétés pour les deux premières années suivies d'un rabattement de 75%-50%-25% sur les trois années suivantes.

6)Simplification des démarches administratives

Une simplification du processus de création d'entreprises à travers la numérisation de certaines démarches administratives.

7)Aides accompagnant des départs anticipés en retraite

Offrir la possibilité aux salariés de plus de 55 ans de passer au temps partiel et en contrepartie l'employeur s'engage à embaucher en CDI un jeune demandeur d'emploi. L'État financera une partie ou la totalité de l'allocation versée au salarié en préretraite.

8)Création d'une institution nationale publique pour l'emploi (ou reforme de l'ANETI)

Création d'une institution publique pour l'emploi, dotée du caractère de service public administratif qui aurait pour mission l'accompagnement des demandeurs d'emploi dans leurs démarches administratives ainsi que la prospection du marché du travail. Cet organisme aura une vision globale de la situation de l'emploi à l'échelle nationale mais aussi, en incluant les régions et les départements à travers des chambres régionales et départementales de l'emploi, une vision plus détaillée dans un but de décentralisation de la lutte contre le chômage.


Ces huit mesures d'urgence ne peuvent être qu'une réponse conjoncturelle face à une situation critique, elles nécessitent l'intervention massive des acteurs principaux de la lutte contre le chômage, à savoir le ministère de l'Emploi et de la formation professionnelle, le ministère des Affaires Sociales, le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la recherche, ainsi que tous les partenaires sociaux tels que la Caisse Nationale de Sécurité Sociale.

Sur un plus long terme ces mesures doivent êtres assorties d'une politique de lutte contre l'emploi au noir et le travail déguisé ainsi qu'une politique efficace de lutte contre l'évasion fiscale.

Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.

Tunisie: L'avis de la toile tunisienne après les soulèvements à Kasserine et dans les autres villes

$
0
0
"Gouvernement incompétent", "fausses promesses"... Au vue des dernières manifestations qui se sont répandues comme une trainée de poudre sur plusieurs régions de la Tunisie, les internautes n'ont pas manquer de commenter (alternant entre ton ironique et sérieux) et de suivre de (très) près l'évolution de la situation dans les différents gouvernorats visés.

Certains d'entres-eux, empreint à la ferveur des soulèvements populaires lors de la révolution tunisienne, n'ont pas hésité à comparer la situation actuelle, avec celle de 2011.




Le HuffPost Tunisie a sélectionné pour vous les réactions des internautes tunisiens:




Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.


LIRE AUSSI:



Tunisie: La contestation sociale était prévisible car "la population ne peut plus patienter" (INTERVIEW)

$
0
0
Chercheur pour le centre Carnegie, Hamza Meddeb, dit ne pas être "étonné" par la vague de contestation sociale qui a éclaté dans les régions défavorisées de Tunisie, soulignant que la population "ne peut plus patienter" face à l'absence de changements depuis la révolution.

Face à "l'inertie" des pouvoirs publics, "le pays s'embourbe dans une crise sociale" qui "risque de déstabiliser l'expérience démocratique" née du renversement du régime de Zine el Abidine Ben Ali en 2011, prévient M. Meddeb, co-auteur de l' ouvrage "L'Etat d'injustice au Maghreb. Maroc, Tunisie".

Êtes-vous surpris par cette explosion de la contestation?

Hamza Meddeb: "J'étais encore à Kasserine (d'où sont parties les manifestations, ndlr) il y a deux mois et tout cela ne m'étonne pas. La situation est désastreuse, rien n'a changé depuis cinq ans. (...) On a de nouvelles générations qui constatent ça. C'est un problème d'injustice sociale et de corruption.

Il y a beaucoup de corruption dans l'administration, en particulier locale. Beaucoup de clientélisme. Tout cela fait exploser la colère. Les manifestations ont pris et la flamme s'est propagée".

Les premières annonces du gouvernement sont-elles suffisantes?

"Le gouvernement a annoncé des mesures sur l'embauche à Kasserine, dans le but de désamorcer la colère. Mais celle-ci s'est au contraire propagée. Ce sont des mesures à double tranchant.

Ce qu'a eu Kasserine, tout le monde veut l'avoir à présent! Les revendications commencent à gagner beaucoup de régions. Ces petites mesures sont contre-productives et montrent que le gouvernement n'a pas vraiment de plan stratégique, et qu'on est dans une politique à courte vue. Ça fait un an qu'il est en place et rien de concret n'a été fait. Ça lui explose à la figure".

Faut-il alors craindre une dégradation?

"Il me semble qu'on va vers un enlisement de la situation. Les mesures destinées à désamorcer la crise l'alimentent au contraire, et le pays s'embourbe dans la crise. Le malaise social risque de déstabiliser l'expérience démocratique. En Tunisie, il n'y a pas vraiment de mécanisme de régulation des crises sociales, c'est un système politique extrêmement fragile.

Dans le même temps, on a une administration très bureaucratique. Il faut mesurer son inertie. On a par exemple 1,4 milliard de dollars pour les infrastructures qui sont bloqués. Ça n'est pas un problème de financement mais d'exécution.

On a des nominations (dans l'administration locale) de responsables qui étaient en charge sous Ben Ali. On ne répond pas aux besoins de développement avec les pratiques d'un autre temps. La bureaucratie ne peut pas continuer à fonctionner comme sous Ben Ali. La population a patienté pendant cinq ans. Elle ne peut plus patienter".

LIRE AUSSI:




Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.

Le concours d'entrée aux écoles d'ingénieurs: Une institution malade (3/3)

$
0
0
Cette contribution fait partie d'une série de contributions de l'auteur. La première et la deuxième partie ont déjà été publiés.



Le Jury en question, le politique à l'épreuve


Dans les deux premières parties de l'article, on a évoqué la question des barèmes employés dans certaines épreuves de mathématiques par les responsables de la matière pour corriger lesdites "mauvaises notes" et le tassement important observé dans leur répartition. On a montré que la méthode employée était aberrante et une solution a été proposée pour rétablir un minimum d'équité.

La solution proposée ne corrigera pas les causes possibles liées aux épreuves de ce phénomène: des jurys de concours qui fonctionnent à vue, et plus généralement une "forte inadéquation dans le système (Niveau des élèves, programmes, enseignements, épreuves, barèmes de correction)"[1].

On peut d'ailleurs se demander comment les responsables de matières n'ont pas pensé à une telle méthode -La correction des notes d'une épreuve par une transformation affine- allègrement utilisée dans d'autres pays adeptes des concours[2]!

Sinon, comment n'ont-ils pas pu trouver une autre méthode que celle archaïque et simpliste qu'ils ont élaborée? Ou comment n'ont-ils pas pu penser à une simple règle de trois qui, bien qu'imparfaite, aurait été plus acceptable que le bricolage de barème qu'ils ont imposé?

Bien qu'une recherche des causes ayant entraîné les dérives constatées au niveau du barème nécessite une analyse sérieuse et approfondie de l'inadéquation évoquée plus haut entre les différentes composantes de la préparation au concours et le concours lui-même, il n'en reste pas moins que, outre l'aberration au centre de cet article, d'autres faits convergent pour indiquer que le mode opératoire du jury est en cause:

- Absence de rapports concernant les épreuves du concours. Ceci fait que les concours sont en réalité des épreuves "sans mémoire". Aucune possibilité donc d'instaurer une marque de fabrique du concours, chose habituellement appelée "l'esprit du concours": On avance chaque année à l'aveugle, redoutant les mauvaises surprises plutôt qu'espérant un sujet conforme aux standards minimaux.

- Absence de recommandations aux préparateurs: On pourrait pardonner l'absence de rapports pour différentes raisons (Instabilité dans le temps des équipes responsables, manque de traditions et/ou de savoir-faire en matière de concours etc.), mais on peine à expliquer le manque de notes de recommandations adressées aux différents instituts préparatoires sur les thèmes où les candidats ont montré de réelles défaillances. Les inflexions, dans les thèmes proposées, se fait via des sujets assassins et sans consistance, comme si évoquer telle ou telle notion était un objectif en soi[3].

- Absence de statistiques concernant les notes, les moyennes, les classements ou les taux de réussite. On ne saurait expliquer les raisons de ce manque: Confidentialisme zélé ou inexistence pure et simple. Toujours est-il qu'aucune évaluation n'est possible, aussi bien du point de vue des enseignants, des départements, des institutions ou d'une génération donnée. On se contentera de quelques vagues impressions sur le supposé "bon" ou "mauvais" résultat de tel institut ou telle classe.

D'autre part, il va sans dire que l'épreuve, en elle-même, porte en son sein les pathologies qui ressortiront à la lecture des notes et de la courbe que leur répartition va former. Les équipes rédactrices, bien que généralement animées des meilleures intentions, regrettent chaque année le manque de temps et de moyens pour rédiger une épreuve originale et intéressante. Elles sont en général désignées tard dans l'année et se débrouillent comme elles le peuvent pour s'acquitter de leur mission.

Le mode opératoire du jury est donc à revoir, ainsi que son processus de désignation et la répartition des tâches au sein d'une matière donnée (Des responsables d'une matière -toutes filières confondues- à l'équipe de rédaction d'une épreuve spécifique). On ne s'étonnera jamais assez de retrouver les mêmes personnes affectées aux mêmes responsabilités des années -voire une dizaine d'années- à la suite, qu'il neige ou qu'il fasse beau.

Bien qu'il ne soit pas question, ici, de remettre en cause les compétences des intéressés, il est naturel que, dans ces conditions de non institutionnalisation du concours, le critère principal pour désigner les rédacteurs d'un sujet soit le réseau de connaissances du responsable de la matière et le ouï-dire. Ceci peut entraîner ou bien un débordement des prérogatives des responsables de matière au détriment de l'équipe rédactrice ou à l'inverse un laisser aller faisant qu'une même équipe ayant été décriée pour des erreurs dans un sujet soit reconduite pour la session suivante du concours.

Disons-le clairement: Le concours n'est pas une propriété privée. La présence de potentats de sous-délégations agissant selon leurs désirs et faisant fi de la rationalité scientifique doit finir: L'institutionnalisation du concours est une mission urgente!

Conclusion: Le mal est profond... En sortir!

Cette affaire révèle, si besoin est, que le mal est bien profond. La formation dans les classes préparatoires et le concours forment aujourd'hui un environnement aseptisé où les réflexes bureaucratiques de la gestion quotidienne ont pris le pas sur les stratégies de long terme, où on trouve naturel qu'un barème peut-être établi d'une manière quasi-aléatoire et où une telle anomalie peut passer inaperçue et à peine susciter l'indignation.

Il est alors naturel de constater que, dans cet environnement, une certaine morosité s'est installée. Rien ne vient perturber le train-train quotidien que l'arrivée à heure fixe du concours; C'est le seul sursaut sur un électro-encéphalogramme désespérément plat. Tous les acteurs du système vivent donc cet état d'aliénation par le concours et, partant, par la note du concours.

Ceci fait ressortir au grand jour les maux d'un système qui favorise de plus en plus le grappillage et le bachotage au détriment d'une formation basée sur un véritable apprentissage. On n'insistera pas sur le commerce sous-jacent des cours particuliers; une véritable industrie de plus en plus florissante encouragée par le système: Des parents demandeurs, des enseignants avec des perspectives de carrière déprimantes[4] et des étudiants formatés par une culture du bachotage et de la note à tout prix.

Doit-on continuer à regarder sombrer peu à peu le navire des "prépas": Observer l'enseignement se transformer peu à peu en une somme de méthodes pour réussir le concours? Les étudiants se transformer en des machines à bachoter et à empiler les trucs et astuces à coups de piles de fiches et de briques de billets de cinquante? Les enseignants, perdant la flamme de leurs débuts et se tournant vers la recherche scientifique dure et ce en totale déconnexion avec l'enseignement dispensé dans les classes préparatoires[5]? Enfin, les instituts préparatoires se banalisant et se transformant en de simples institutions dispensant un enseignement routinier cours-TD de premier cycle avec les trucs et astuces pour concours en bonus?

Une réflexion sérieuse doit donc être engagée autour de la formation dans les classes préparatoires. Il est vrai qu'une première ébauche existe avec la constitution du Groupe d'Etudes sur les Formations d'Ingénieurs (GEFI) et des consultations qu'il a effectuées. Mais le rapport qu'il a produit pèche par l'absence du volet stratégique: Il ne pose pas la question de dépasser le paradigme de la formation -pseudo- élitiste dispensée dans les "prépas" ni celle de les rétablir dans leur vocation d'origine.

Il est vrai que la composition du GEFI ne prêtait pas à de tels "écarts"!

Le réseau de confiance de M. Le Ministre était bien présent (Et il en a tout-à-fait le droit, en homme politique théoriquement porteur de projet!), mais la plupart n'avaient pas la vocation de se poser en stratèges: Ni les représentants du privé et autres "experts" adeptes de la novlangue creuse et joyeuse ("Gouvernance", "Visibilité à l'international", "Implication du monde de l'entreprise", etc.[6]), ni les fonctionnaires présents plus habitués à manier fioles, diodes ou paperasses administratives que les concepts de modèles de développement ou stratégies de rattrapage et qui n'avaient donc pas la carrure d'hommes d'état[7].

Il s'agit donc ici d'avoir la volonté politique et le courage de la réforme; de celles qui n'hésiteraient pas à renverser l'ordre établi anesthésiant toutes les volontés; de celles qui mettent fin au confort de quelques bureaucrates sans projet et sans volonté d'en avoir; et surtout de celles qui donnent au pays les moyens humains d'un vrai projet de développement et de progrès!

A bon entendeur...

Notes:
[1] Rapport du GEFI (Groupe d'Etude sur les Formations d'Ingénieurs), p:35.

[2] En France au concours de l'école centrale par exemple.

[3] Il est intéressant, ici, d'évoquer l'épreuve d'algèbre du concours 2014, section Math-Physique. Certains thèmes étant négligés, voire purement et simplement escamotés durant la deuxième année de préparation au concours -essentiellement par manque de temps- les responsables de l'épreuve ont consacré un exercice pour y poser des questions minimalistes portant sur ces thèmes. L'exercice ne se donnait aucun objectif et ne pouvait, en aucune manière, constituer un test sérieux pour les candidats. L'objectif était clairement d'inciter les enseignants à consacrer plus de temps à ces thèmes-là, qu'importent la manière ou l'image de marque du concours. Ironie de l'histoire, ledit sujet a été entaché d'une faute monumentale. Bien entendu, l'équipe responsable a été reconduite pour l'année suivante...

[4] Il sera, à ce sujet, intéressant de mener une étude franche et sérieuse sur les raisons qui poussent une catégorie relativement bien lotie matériellement et socialement mais qui ne trouve plus de véritable valorisation humaine dans son statut social et n'hésite plus à changer de vocation: D'éducateurs et de scientifiques en travailleurs acharnés de cours particuliers. La recherche ne doit pas être menée sous l'angle obtus et puéril d'un jugement éthique sur les personnes, mais bien dans un effort de mise en perspective de ces comportements individuels dans un cadre objectif plus large d'absence d'un véritable projet national et des affects positifs qu'il peut créer et qui entraîneraient alors les conatus dans la dynamique d'une spirale vertueuse!

[5] Les professeurs agrégés n'en sont que le meilleur exemple: Formés spécialement pour enseigner dans les classes préparatoires, le peu de cas qu'on fait de leurs efforts et de leur spécificité et le manque de perspectives sérieuses dans leur avancement dans le statut d'agrégé font qu'ils choisissent systématiquement la migration vers un statut d'enseignant-chercheur et font vite d'abandonner l'enseignement dans les classes préparatoires.

[6] "Et qui ne voudrait pas d'une 'meilleure gouvernance' ou d'une 'plus grande visibilité'!?" me diriez-vous ! Au risque de passer pour un stalinien rétrograde, je dirai : "Moi!"; tant que ces concepts n'auront pas été définis de façon précise et de manière à rentrer dans le cadre d'une stratégie de développement mise en œuvre à l'échelle de l'État, le risque d'enfumage est trop élevé et je préfère ne pas trop m'aventurer!

[7] dans le sens d'hommes pouvant et voulant défendre l'intérêt de l'État.

Une résurrection : la notion de trahison... (Deuxième partie)

$
0
0
Vous pouvez retrouver la première partie de ce blog ici:



Mohsen Marzouk : l'homme qui voulut être roi

Mohsen Marzouk est un loup solitaire trop ambitieux, devenu l'homme à abattre par le "fiston du bey" et son camp. En effet, tout au long de 2015, une lutte sans merci et très personnelle avait opposé le fils du Président, Hafedh Caïd Essebsi, considéré par beaucoup comme "une marionnette aux mains des affairistes" et "un nul en politique" épris par la chefferie suprême, au secrétaire général du parti au pouvoir.

On se moquait bien de la Libye pour avoir eu deux parlements et deux gouvernements parallèles, mais au sein de Nidaa Tounes il y avait aussi deux camps et presque deux secrétaires généraux.

Plus, quand les partisans de Mohsen Marzouk optaient pour un congrès électif, les fidèles de Hafedh Caïd Essebsi appelaient, eux, à un congrès constitutif avec des membres nommés!

C'est, précisément, vers le mois de novembre 2015 que la "simple bagarre d'enfants du même quartier" avait pris une autre tournure, sur la chaine de la famille au pouvoir, Nessma TV, dont le directeur général, Nabil Karoui, a démissionné le 10 janvier afin de faire partie de la direction de Nidaa Tounes. Interviewé en direct, Essebsi fils est sorti de son silence seulement pour dénigrer son pire ennemi, Marzouk, et contester sa légitimité. Hafedh Caïd Essebsi était, alors, apparu idéologiquement trop vide. Mais, en bon fils à papa, il n'avait pas omis de déclarer "je ferai ce que me dira mon père"(11 novembre 2015).

Aujourd'hui, les départs sont définitifs. De Marzouk à Bochra Belhaj Hmida, les démissionnaires sont, tous, catégoriques sur les agissements au sein de Nidaa Tounes. Dès mars 2015, Belhaj Hmida avait qualifié ce qui s'y passait de "honteux" et de "mascarade politique".

"Ce qui n'était auparavant qu'une allégation, vient malheureusement de se concrétiser en réalité, à savoir le principe de l'héritage", déclarait ultérieurement (le 11 janvier 2016), Walid Jalled, un autre député démissionnaire de Nidaa Tounes.

Invité de la Télévision nationale tunisienne, le 11 janvier dernier, Mohsen Marzouk avait déclaré, quant à lui, que "le Congrès de Sousse est non-démocratique et est basé sur les nominations. Nous nous engageons dans un nouveau projet : national, moderne et démocratique".

Il faut préciser, toutefois, que le très controversé Marzouk n'était pas entré comme "simple officier" à Nidaa Tounes. Il n'est autre que "l'hériter adoptif" d'Essebsi. Il a été un membre fondateur du parti, mais il en voulait très vite sortir "Président" (de son propre aveu, le 26 septembre 2015). Marzouk serait, en fait, très pressé.

Pourtant, l'ancien directeur de la campagne électorale de BCE (acronyme de Béji Caïd Essebsi) a, vite, été adoubé par son grand patron et par ses pairs. De "conseiller politique du président" à "Secrétaire générale du parti", son ascension a été fulgurante. Le tout en moins d'un an. Il fallait le faire!

L'édifice original, tel que crée par Essebsi à la demande de ses premiers disciples, le 15 juin 2012, n'a donc pas tenu. La "grande maison commune" des anti-islamistes, des démocrates et des partisans du "Vote utile", n'a pas survécu à sa première année au pouvoir.

En effet, aucune solution consensuelle n'a permis d'éviter les démissions massives. Plus exactement, 42 membres du bureau exécutif de Nidaa ont présenté leur démission et ont décidé de rejoindre le "Projet national moderne" ou encore "le Néo-Nidaa" de Mohsen Marzouk.

Avec le départ de plusieurs ténors, c'est toute la toiture de "la grande maison commune" qui s'envole.

Et pourtant, au début du mandat, tout a été tellement beau à Nidaa que personne n'a rien vu venir. Même Béji Caïd Essebsi avait tort de considérer que "la crise de Nidaa Tounes est passagère" (25 décembre 2015), tout en reconnaissant que le parti, dont il est le fondateur, n'a pas rempli sa mission principale de soutenir le processus démocratique.

Personne ne peut nier que le président de la République a été très affecté par les problèmes internes de Nidaa Tounes et ses risques de scission. Ses discours officiels de décembre 2015 peuvent être qualifiés de "fiascos". Le peuple s'attendait à des messages forts de la part du chef de l'État, qui répondent aux aspirations sociales et qui soutiennent les efforts de la Tunisie contre le terrorisme. À la place, le Président a consacré le plus clair de ses interventions à la crise au sein de "son" parti. Pourtant, en 2014, il avait bien scandé à ses concitoyens: "la patrie avant les partis" (Béji Caïd Essebsi, premier discours de campagne présidentielle, Monastir, novembre 2014).

Alors, "la maison" est-elle, déjà, en voie de démantèlement?

Non, il est encore tôt pour se prononcer. On parle beaucoup, aujourd'hui, de "travaux d'entretien" de "renouveau" du parti au pouvoir.

Quoiqu'il en soit, cet exemple tunisien de l'éclatement de la majorité au pouvoir est très intéressant. Voilà des femmes et des hommes politiques qui ont pris Essebsi au mot, à savoir que chaque membre pourra dire "oui" ou "non" sur la gestion interne du Mouvement et de l'État. Mais, ils ont pu expérimenter quelles étaient les conséquences de dire "non".

Officiellement, Béji Caïd Essebsi semblait rester neutre et ne pas vouloir trancher entre les deux camps belligérants de Nidaa (Marzouk/Essebsi fils). Car une décision directe et formelle du président aurait été plus qu'embarrassante pour lui. Cependant, le groupe de personnalités chargé de la gestion de la crise partisane (le "Groupe des 13") et de trouver un consensus fédérateur agissait forcément sous son contrôle. On peut même prétendre que Béji Caïd Essebsi avait, indirectement, légitimé les prétentions de son fils et avantagé son camp. Les avocats chevronnés, comme lui, savent légitimer les prétentions les plus absurdes.

À partir du moment où, dans un premier temps, plus d'une vingtaine de membres ont manifesté leur volonté de quitter un univers commun et le système mis en place par Essebsi, père et "fils" (au pluriel), il est intéressant de connaître la suite des évènements.

Actuellement, une question taraude bien des tunisiens: Y aura-t-il, encore, d'autres complots et plans de déstabilisation interne à Nidaa Tounes?

Cela étant dit, bien qu'il s'agisse d'un parti politique très pragmatique et opportuniste, ses composantes ne se ressemblent pas. C'est-à-dire il ne faut pas voir "tous" les Nidaaïstes comme des marionnettes à la main "des" Essebsi, avec la complicité d'anciens dignitaires de Ben Ali toujours très écoutés et respectés. La réalité est à la fois beaucoup plus subtile et efficace. Il y a certes des "béni-oui-ouistes", des lâches et des affairistes véreux... Ces Messieurs tiroirs-caisses.

Mais, il y a aussi plusieurs fortes personnalités qui ont un passé militant. C'est seulement ces derniers qui sont capables de redresser leur parti.

Avant son départ, Marzouk avait souvent dénoncé "le pouvoir en héritage" à l'intérieur de son ex-parti et "l'opportunisme politique" de Hafedh Caïd Essebsi, tout en rappelant que c'était toujours lui le secrétaire général.

Et, pour l'anecdote, la société civile tunisienne très agacée par le "fils-à-papa-président" avait lancé la campagne "retiens ton fils" (en arabe "Fa bihaythou chidd alina wildek"). Autrement dit, la Tunisie n'est plus prête à accepter "l'esprit dynastique" et "la succession familiale" en politique.

Mais, rien n'y fait. L'héritier "biologique", Hafedh Caïd Essebsi, est en passe de se faire un acronyme, comme son père. Et le temps de sa consécration semble proche.

Après le désastreux bras de fer entre Marzouk et "Essebsi Junior" qui a disloqué le parti et divisé les partisans, on pensait que les choses ne pouvaient s'aggraver davantage. C'est 2016, et il est grand temps de redorer le blason de Nidaa Tounes. Raté! "Show must go on", comme on dit.

Les calculs de politique politicienne des cadors de Nidaa ont encore repris le dessus.

En effet, au congrès de Sousse, c'est un autre "challenger" d'Essebsi fils qui aurait voulu finir le sale boulot, pour son propre compte. Il s'agit de Ridha Belhadj cet autre "ennemi caché" de Marzouk. Hafedh Caïd Essebsi et Ridha Belhadj y ont présenté chacun sa propre liste, en choisissant de l'imposer envers contre presque tous.

Visiblement, la casse est grande et les affrontements fratricides ont tout fait sauté à Nidaa. Ses adversaires politiques n'ont pas eu besoin de l'abattre. Les cadors Nidaaïstes s'en sont chargés, tout seuls. Et leurs potentiels "ennemis jurés" ne peuvent que s'en réjouir.

Pendant ce temps là, Mohsen Marzouk savourait sa revanche. Son tout premier meeting a été un franc succès. Cette première réussite montre que, désormais, il n'y a pas que Ghannouchi et Essebsi qui sont capables d'entrainer un grand nombre de "fidèles". L'ex secrétaire général de Nidaa devient une personnalité politique avec laquelle il faudra, bientôt, compter.

On peut penser que Mohsen Marzouk est l'archétype de l'homme politique détestable, mais ses appétits politiques sont plus que légitimes. Un homme trop ambitieux ne peut se contenter de jouer "le valet du Roi". L'usage dictatorial, en Tunisie, veut que les jeunes et petits cadres prometteurs se fondent au sein de la légion politique dirigée par un césar, sans qu'ils puissent gravir tous les échelons politiques. Sa sortie de Nidaa Tounes est plutôt une grande occasion à saisir.

Bon ou mauvais timing, les combines au sein de Nidaa ont marqué le début du conflit d'envergue dont Marzouk avait besoin pour aller bâtir son "nom" ailleurs.

Le risque pour le parti au pouvoir est ,maintenant, de voir Mohsen Marzouk prendre la tête d'une véritable "opposition", en rassemblant un grand nombre de partisans, et en rangeant sous sa bannière les mouvements démocrates et progressistes qui étaient traditionnellement les alliés de Nidaa Tounes. Ces mouvements trahis et humiliés ont une revanche à prendre. À cause du leurre du "vote utile" pour soi-disant chasser Ennahdha, ils ont été totalement sacrifiés et pulvérisés lors des élections de 2014. Et aucun vrai démocrate n'oublie pareil affront.

Parlons, maintenant, du chef du parti islamiste...

Rached Ghannouchi : le chasseur de primes

Rached Ghannouchi est, sans aucun doute, le véritable Kasparov de la politique tunisienne. Il n'est pas seulement un indispensable partenaire au pouvoir mais c'est, aussi, un homme politique très avisé. C'est "un homme de raison", comme l'affirme l'actuel Président du pays.

En bon stratège et excellent diplomate, Ghannouchi sait agir quand il est sur la corde raide.

Quand les esprits s'échauffent, il est toujours calme et évite les dérapages. À quoi bon se battre, quand on peut négocier? Surtout qu'aucun islamiste tunisien ne veut subir le sort des Frères musulmans d'Égypte.

Ghannouchi joue, à merveille, le rôle du comédien souple. Mais en coulisses, des acteurs de l'ombre et des "chiens de guerre" feraient monter la tension entre les adversaires du Cheikh, au besoin par des actions clandestines violentes. Son groupe se tiendrait toujours prêt si la nation rechigne, pour faire discrètement pression sur le gouvernement.

D'aucuns prétendent, justement, que l'arme principale de Ghannouchi est "diviser pour mieux régner". Et bien, il faut faire la différence entre "être un politicien" et "être un saint". Un politicien est censé saisir toutes les opportunités qui se présentent pour attaquer ses adversaires, dans le but de gouverner. Et il n'a pas que de bonnes manières pour asseoir son autorité.

Nous persistons, donc, à considérer Ghannouchi comme un pro de la politique. Il frappe les esprits par son intuition, son sens de la manœuvre et son action.

Très bien informé par ses "espions", il avait, jusque là, déjoué dans leur nid toutes les rébellions fomentées par la "petite opposition" et les icônes du camp démocrate.

Le chef islamiste est habitué à observer, tout en silence, la scène politique tunisienne et de prendre grand soin de ne s'immiscer dans aucun conflit, d'aucune sorte. Ainsi, durant toute la crise de Nidaa Tounes, les consignes du Cheikh ont été très claires; les islamistes ne devaient prendre position en faveur d'aucun des deux camps belligérants. "Il y va de l'intérêt du pays que Nidaa Tounes reste unifié", déclarait-il, déjà en février 2015.

C'est une évidence: Le discours officiel de Ghannouchi est bien pesé et contrôlé.

En un temps éclair, Rached Ghannouchi a fait du mouvement Ennahdha, banni au temps de Ben Ali, le parti le mieux structuré, le plus discipliné et le seul groupe politique tunisien à avoir une stratégie à court, à moyen et à long terme.

Confronté aux critiques de gouvernance politique et de gestion interne, émises par ses pires adversaires, le cheikh islamiste est resté imperturbable. Et depuis l'ère de la Troïka gouvernante, il pu a domestiqué un bon nombre de chefs politiques.

Pour triompher à long terme, Ghannouchi n'était pas obligé de jouer l'opposant farouche grâce au poids politique de son parti. Il a très vite compris qu'il a plutôt intérêt à "Nidaaïser" ses relations. Il a, donc, appris à connaître les laïcs et la laïcité.

Qu'est ce que la laïcité sinon l'exclusion de la religion de l'exercice administratif et politique. Et Rached Ghannouchi l'avait bien appliqué: La religion à la maison et dans son bureau, en secret ; la citoyenneté et la civilité à l'État, publiquement. C'est du moins ce qui apparait, officiellement, si l'on omet de parler des prises de position d'Ennahdha par rapport à la désignation du Mufti de la République, ou par rapport à la crise qu'a provoquée la révocation de certains imams. Et ce, sans oublier l'instrumentalisation politique des mosquées.

"Sidi el-cheikh", comme l'appellent ses zélateurs, semble s'être accommodé au jeu démocratique. Ainsi, dès l'annonce des résultats des élections de 2015, il a tenu à féliciter les vainqueurs sans faire trop de bruit.

Quoiqu'on en dise de lui, Ghannouchi est doué et sait que ses services et ses qualités sont appréciés par les autres camps.

Dans le nouveau paysage politique tunisien, il connaît parfaitement tous ses adversaires. Il y développe de vraies relations d'amitié et assurément politiques... Tandis que ses opposants, aveuglés par la cupidité, sont des adeptes de la politique du "boudage". Ils n'arrivent pas à dépasser leurs problèmes d'égo. C'est clair que, sans renouvellement des structures et en dehors d'une union sacrée, ils n'auront aucun poids dans l'actuel paysage politique. Par conséquent, leur traversée du désert sera longue.

Ce n'est pas exagérer de dire que Rached Ghannouchi est "l'ami" de presque tout le monde. Même dans ses cérémonies les plus intimes, il prend le soin d'inviter les politiciens et les grandes personnalités du pays. Il ne néglige personne.

En fin politique, il place tous ses pions sur "son" échiquier tunisien. C'est lui qui semble tenir la télécommande du pouvoir. Et tellement il collectionne les "conquêtes" politiques, autrement dit les "alliances" gagnantes pour son camp, il mérite le titre de "chasseur de primes".

Son actuelle mission est à la hauteur de ses compétences. En effet, Ghannouchi et Ennahdha se seraient donné une "mission" bien précise. C'est celle de réussir la passation des pouvoirs. Autrement dit, accompagner le sens de l'histoire postrévolutionnaire, les pieds sur le frein. Il s'agit, plus exactement, de laisser Essebsi et Nidaa régner sans gouverner.

Essebsi et Nidaa on été, de leur part, très pragmatiques. Ils considèrent qu'en collaborant avec le second géant politique du pays, Ennahdha, ils sont arrivés à "faire changer les islamistes".

Sur les sujets très chauds, il est important qu'à Carthage (la Présidence) comme au Bardo (le Parlement), la seconde force législative et politique au pays -les islamistes- soit aussi l'alliée des gouvernants actuels. Et il est, toujours, important pour le parti au pouvoir de maintenir ses relations avec Ennahdha.

Dans cette gestion trop stratégique et inclusive des affaires de l'Etat, "le compromis" semble être le mot d'ordre de ces deux grandes formations.

Il est, ainsi, tout à fait normal de constater que quand les Nahdhaouis viennent voir Essebsi à Carthage, ils montent le perron avec des idées Nidaaïstes et ils redescendent avec les leurs. Ce faisant, BCE et Nidaa Tounes obtiendraient la terre promise au Parlement. Et donc, ils y feraient ce qu'ils voudraient grâce aux consignes de vote trop discipliné de leur partenaire -islamiste- privilégié.

En contrepartie, Ennahdha a son mot à dire concernant l'exécutif, entre autres. Et leur "instrument" c'est bien Béji Caïd Essebsi.

Il faut dire que ce nouveau statu quo ne fait pas l'unanimité, à Tunis. Plusieurs opposants ont, en effet, critiqué l'influence excessive d'Ennahdha sur le pouvoir.

Prenons l'exemple du dernier remaniement ministériel du 6 janvier. Zied Lakhdar, député du Front Populaire, avait estimé que la descente aux enfers de Nidaa Tounes a permis à d'autres partis, à leur tête Ennahdha, de faire pression sur le Premier ministre, Habib Essid.

Pour sa part, Samir Bettaïeb, secrétaire général du parti Al-Massar, avait qualifié ce remaniement d'un "non-événement" qui a été "décidé au Palais de Carthage" et non à la Kasbah (siège du Premier ministère), comme cela devait se passer.

Il sous-entend, ainsi, que le chef du gouvernent est la seule autorité compétente pour la nomination des ministres, en Tunisie. Il avait ajouté que "c'est Ennahdha qui tire les ficelles. Et même si les nouveaux ministres de l'Intérieur et de la Justice ne se réclament pas de ce mouvement, ils ne lui feront jamais du mal, notamment par rapport à l'ouverture de certains dossiers".

Selon Bettaïeb, Ennahdha a hérité un ministère stratégique, le ministère de l'Énergie et des Mines. Il craint, par conséquent, que le parti islamiste puisse enterrer des dossiers "douteux". Mais pour lui, "le comble est l'éviction du ministre des Affaires Religieuses, qui représente une victoire pour Ennahdha".

Nous rejoignons Bettaïeb dans ses conclusions.

Se pourrait-il que le président de la République se prenne pour le "chef de département Ennahdha" dans l'Etat?

Si tel est vraiment le cas, on peut admettre que les attaques très violentes par Essebsi et Nidaa Tounes à leurs principaux adversaires, ainsi que l'exclusion de toute hypothèse de collaboration avec eux, n'ont été qu'une opération d'enfumage électoraliste.

Faut-il rappeler les propos de BCE, dans une interview accordée à Dar Essabah (octobre 2014), lorsqu'il affirmait à propos d'Ennahdha: "nous sommes comme deux droites qui ne se rencontrent jamais, mais nous nous associerons aux partis qui partagent les mêmes projets et les visions que nous (...) ; On ne s'allie qu'avec les gens avec qui on partage les mêmes valeurs".

Il affirma, ensuite, qu'il n'y aura "pas d'alliance avec Ennahdha". On peut ajouter, encore, la déclaration de Taïeb Baccouche, alors secrétaire général du parti: "Nidaa Tounes ne s'alliera pas avec Ennahdha" (Radio Shems Fm, 12 décembre 2014).

Enfin, comme disait Jacques Chirac, "les promesses n'engagent que ceux qui y croient"... Pas ceux qui les ont faites!

Quelles conclusions finales devons-nous en tirer ?

Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.

Somalie: Au moins 19 morts dans l'attaque contre un restaurant de Mogadiscio

$
0
0
L'attaque contre un restaurant du front de mer de la capitale somalienne Mogadiscio jeudi a fait au moins 19 morts et a été revendiquée par les rebelles islamistes shebab, a annoncé la police vendredi.

"Ils ont tué près de 20 personnes, dont des femmes et des enfants", a précisé un officier de police somalien, Mohamed Abdirahman, qualifiant l'attaque contre des civils de "barbare et brutale".

Après une violente explosion, des hommes armés ont fait irruption dans le restaurant alors que des clients étaient attablés.

Les rebelles shebab, affiliés à Al-Qaïda, ont revendiqué l'attaque, dans laquelle quatre de leurs hommes armés ont été tués, et l'un d'entre eux capturé.

"Les combattants moudjahidines ont ciblé la plage du Lido", ont assuré les shebab sur la Radio-Andalus, antenne des islamistes, qualifiant l'attaque d'"opération majeure contre les ennemis d'Allah".

Le quartier de la plage du Lido à Mogadiscio compte de nombreux restaurants, dont des établissements haut de gamme où se retrouvent des hommes d'affaires et des Somaliens de la diaspora de retour dans la ville.

"Le fait qu'ils aient choisi ce lieu pendant un soir de weekend montre à quel point les rebelles shebab sont sans merci", a ajouté M. Abdirahman.


"Ils voulaient tuer plus de civils, mais les forces de sécurité ont sauvé la plupart des gens", a-t-il poursuivi.

Les shebab, chassés depuis mi-2011 de Mogadiscio, puis de leurs principaux bastions du centre et du sud de la Somalie, contrôlent toujours de larges zones rurales, d'où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides -parfois jusque dans la capitale somalienne- contre les symboles du fragile gouvernement somalien ou contre la force militaire de l'Union africaine en Somalie (Amisom) qui le soutient.


Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.

Ce trésor caché de Tunisie qu'on dilapide

$
0
0
Janvier ne déroge pas à la règle, il est encore le mois où le peuple se rappelle au souvenir de ses dirigeants. Le voici qui se rebelle contre une classe politique inerte. Jusqu'à quand va-t-elle cultiver son inertie aussi coupable que grosse de périls?

En guise de rappel de ce que fut, au fond le 14 janvier, ce coup du peuple tunisien, première manifestation de ce qu'on a pu appeler révolution 2.0 ou postmoderne, saluons nos jeunes qui, au risque d'être manipulés, manifestent leur soif de liberté et de dignité. C'est une faim de droits qui signe la fin de l'ordre ancien que nos élites, déconnectées des réalités, veulent pourtant maintenir coûte que coûte en s'accrochant à l'ordre juridique obsolète toujours en vigueur.

Que cela aide à sortir de la triste mentalité de dénigrement de soi et de relativisation de ce qui s'est passé et se passe en notre pays, car la négativité travaille et influe sur l'atmosphère mentale, arrivant même à détourner le cours de l'histoire du meilleur au pire. En effet, rien de bon ne peut advenir si on ne le souhaite pas assez; le volontarisme est toujours nécessaire, quitte à être du pessimisme raisonné!

Il s'agit ici de braquer de nouveau le projecteur sur un réel trésor de la Tunisie qu'on dilapide à force de mésentente entre les gouvernants et les gouvernés et de manque de confiance. Un trésor caché auquel la majorité de nos concitoyens ne font pas assez attention, mais qui est bien évident aux yeux des profiteurs du pays de tous bords: politiciens véreux et partenaires étrangers, les nouveaux impérialistes surtout.

Une spiritualité soufie

Ce trésor est d'abord dans la spiritualité de grand format qui est la marque éminente de la majorité du peuple. C'est ce qu'on croit bien à tort être une religiosité, car elle n'est nullement cultuelle, étant culturelle, marquant un attachement certain à ce qu'il y a de meilleur dans notre patrimoine et nos traditions: une religion tolérante et humaniste, libertaire même.

C'est cela l'islam tunisien que nos islamistes, entichés de l'antéislam wahhabite, cherchent à dilapider, en jouant machiavéliquement afin de finir par imposer au pays leur lecture dévergondée de l'islam qui n'est qu'une violation de son essence même.

C'est cette part essentielle du trésor tunisien qu'il appartient à tout vrai patriote de veiller à préserver contre les menées de tels faux musulmans, cinquième colonne de l'intégrisme salafi, cet islam judéo-chrétien.

Tout autant qu'à nos élites modernistes et laïcistes, il importe à nos partenaires occidentaux d'y faire attention, car leurs intérêts ne seront préservés en Tunisie que par un islam paisible, donc soufi, seul islam authentique, l'islam du peuple.

Une sensibilité sensuelle

Comme il ne faut pas se leurrer sur la nature de la spiritualité populaire du point de vue religieux, il est essentiel aussi d'être conscient que le caractère tunisien est à forte charge de sensibilité, une sensualité hédoniste; c'est la marque majeure de la libido en Tunisie en son sens d'énergie vitale.

Le Tunisien aime vivre; ne dit-on pas de lui qu'il est bon vivant (عياش)? Dans cette passion de vivre, il est libertaire dans l'âme, entretenant un esprit de contradiction susceptible de l'amener, dans la pure tradition arabe, jusqu'à soutenir envers et contre tout et tous ce qu'il croit, y compris contre la logique. C'est bien à cela que réfère l'adage faisant gazelles des volatiles (معيز ولو طاروا)!

Un tel amour de la vie, ce vif désir de croquer à pleines dents la vie fait la Volonté de vivre tunisienne superbement chantée par son génial poète, constituant l'essentiel de la tunisianité.

Une jeunesse mûre

Ces deux caractéristiques sont portées à leur incandescence par le troisième élément de la trinité de l'exception tunisienne qui est sa jeunesse. Déjà, Bourguiba parlait de l'élément humain tunisien comme étant la fierté du pays.

Et c'est bien cette jeunesse mûre qui revendique son droit de vivre avec dignité jusques et y compris en préférant aller mourir sur les champs des batailles perdues, au fond des mers ou en s'immolant par le feu.

C'est qu'elle préfère perdre la vie à gagner un honneur que ne lui reconnaissent pas ses autorités avec leurs lois scélérates héritées d'un temps pourtant honni et répudié. Car de telles lois, que tous les gouvernements depuis la révolution ont préservées, ne font que chercher à émasculer nos jeunes, en faire des enfants à demeure.

C'est cette jeunesse que les intégristes aujourd'hui, affublés d'atours trompeurs, veulent contrôler et manipuler par un lavage méticuleux du cerveau. Aussi refusent-ils que les lois brimant les jeunes soient abolies afin de profiter de leur désespérance, l'instrumentalisant à leurs visées machiavéliques.

Un précieux trésor à valoriser

Un tel trésor inestimable fait que la Tunisie est ce qu'elle est: une terre de conquête pour des impérialistes venant d'horizons divers. Ils viennent, bien sûr, d'un Orient dogmatiquement religieux, violant les préceptes du seul islam authentique, l'islam soufi. Ils viennent aussi d'un Occident aussi dogmatique, mais profane, cédant à son matérialisme à outrance,célébrant la loi de Mamon.

En Tunisie, comme ailleurs, ils sont alliés et en veulent à son trésor caché. L'un veut faire de notre pays un souk pour une religion trahie, un pur obscurantisme; l'autre entend l'ériger en marché où tout se vend et s'achète, surtout l'âme. Nos religieux intégristes n'ont-ils pas déjà vendu la leur au capitalisme de marché?

C'est qu'il ne s'agit, pour les deux, que de marchands du temple d'un même dieu à double face, Dieu et Mamon, réunis pour voler ses richesses matérielles et immatérielles à la Tunisie. Pour cela, ils usent de toutes les armes, y compris et surtout de la haine et de l'exclusion.

Aussi, la meilleure parade pour les contrer reste-t-elle l'arme fatale de l'amour. Que tous les patriotes entonnent donc l'hymne de cet amour incarné par le patriote suprême que fut Farhat Hached n'hésitant pas à déclamer ainsi sa passion: que je t'aime, ô peuple!

Les événements en cours dans le pays ne rendent que plus cruel le manque de confiance entre les élites et les masses et ce besoin de politique amoureuse de la part des premières pour que les secondes ne soient pas manipulées comme on le voit par les profiteurs de toutes obédiences qui en veulent au trésor caché de Tunisie.

Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.

Reportage à Kasserine: "On n'est pas des criminels, on n'est pas des voleurs... On veut juste un travail!" (PHOTOS)

$
0
0
KASSERINE - Jeudi 21 janvier, à la mi-journée, l'avenue Habib Bourguiba à Kasserine est encore calme, mais porte les stigmates des affrontements de la veille, là où l'asphalte est noir de suie et de cendre. La police n'apparait nulle part, sur la longue avenue Bourguiba, ni même devant la mairie.

kasserine

Au contraire, la municipalité est comme submergée par une foule compacte, qui s'agglutine à ses trois accès: la porte officielle, la fenêtre quelques mètres à côté, et même la porte de la cour, derrière la grille.

kasserine

Un blindé militaire sans soldats a été comme laissé là, témoin impuissant de l'assaut populaire sur la "forteresse" administrative.

Hommes et femmes, de 30 à 50 ans pour la plupart, y arrivent tendus, en ressortent généralement satisfaits, une liasse de documents dûment tamponnés sous le bras (divers documents d'état civil et une lettre de motivation manuscrite).

Dans la cour, un homme répand la sombre nouvelle apportée par "le colonel" après qu'un militaire soit passé.


"C'est terminé, il y a trop de monde, ils ne délivrent plus les dossiers! Ni aujourd'hui ni demain !... ". Curieusement, la nouvelle est accueillie avec calme, entre incrédulité et fatalisme. Ridha, chômeur de 30 ans, seulement le bac en poche, épluche son dossier avec une satisfaction réservée: "Avant je n'aurais jamais pu obtenir ces papiers sans piston ; mais maintenant il va falloir suivre ce que deviennent ces promesses".


Ce qui se passe, "c'est la suite de la révolution", assure-t-il, catégorique mais posé.

kasserine


Le rétropédalage gouvernemental sur les promesses annoncées par le porte-parole de l'exécutif n'est pas encore arrivée. La cohue générale reste le principal motif d'exaspération. Le ton monte entre les fonctionnaires municipaux qui répondent par la fenêtre à tous ceux qui ont renoncé à pouvoir s'introduire dans le bâtiment; les insultes fusent, et finalement un fonctionnaire municipal claque la fenêtre, excédé.

Pour l'un des chômeurs arrivé trop tard et éconduit sans le précieux sésame administratif, trouver un journaliste reste un lot de consolation, tant il a un message à transmettre : "Vous savez nous ici, on n'est pas des criminels, on n'est pas des voleurs… On veut juste un travail!".

L'homme est préoccupé de voir l'actualité renvoyer une image dégradante de Kasserine, pauvre et revendicatrice.

"On ne veut pas d'histoires ici!", assure-t-il, pour mieux défendre la dignité de la ville.


kasserine

Quelques instants après, une clameur monte à quelques centaines de mètres de là, sur l'avenue Bourguiba. Là, c'est un tout autre portrait du soulèvement de Kasserine qui s'expose. Une centaine de jeunes, certains cagoulés, marchent énergiquement, s'arrêtent, se mettent en ligne sous l'instruction de quelques meneurs, puis reprennent leur progression jusque vers le secteur déjà marqué par les affrontements des jours précédents, entre le rond point "Hay Nour" et la station essence Shell.


kasserine


Certains y alignent de symboliques barricades à partir du tout-venant, d'autres mettent le feu à des pneus.


kasserine

Certains ont à peine 10 ans. Chez ces plus jeunes, le port de la cagoule est encore plus fréquent.

kasserine

Beaucoup ont également des lance-pierres. La police, disposée à quelques dizaines de mettre plus bas, au coin de la rue du commissariat, qu'elle défend comme une ultime citadelle, envoie du gaz sur les manifestants.

Ceux-ci, habitués, remontent leurs écharpes sur le nez, les badaux, qui observaient depuis leur pas de porte ou leur commerce, se réfugient à l'intérieur d'une cour privée, d'un restaurant, de tout lieu qui leur permettra de se dissocier de ceux qui sont visiblement venus, avant tout, en découdre avec la police. Par salves bien coordonnées, ils s'élancent jeter des pierres sur la police.


kasserine

Tout cela se passe sous les regards attentifs d'une foule d'habitants plus passifs, qui se tiennent à bonne distance dans les deux autres rues de ce carrefour, prête à courir si le spectacle se rapproche.

Au total, l'affrontement avec la police met aux prises une bonne centaine de jeunes, de 10 à 25 ans principalement, avec une douzaine de policiers, dont environ la moitié de policiers anti-émeutes. Un 4x4 sert aux contre-attaques de la police, qui parfois capturent l'un des casseurs les moins rapides à s'échapper. Celui-là a beau se rendre alors, les coups de matraques pleuvent.


kasserine

Les journalistes accourent filmer, mais un des cameramen se fait alors molester et emporter par les policiers jusqu'au commissariat tout proche, les agents des forces de l'ordre hurlant, outrés, "il a filmé des policiers !". Un journaliste du HuffPost Tunisie a été empêché de photographier cette interpellation.

Le cameraman en question, qui n'a pas souhaité communiquer son nom et son employeur, a toutefois pu repartir en conservant ses images.

La nuit, malgré le très théorique couvre-feu, les affrontements se prolongent entre policiers et émeutiers sur l'avenue Bourguiba, avec une pluie abondante de cocktails molotov. A plusieurs reprises des coups de feu sont même tirés, les forces de l'ordre paraissant un peu plus nombreuses.

Là encore, les habitants se mettent à bonne distance et assistaient au spectacle. Devant leur maison, en pantoufles, une mère et sa fille grignotent quelques fruits secs.

A Kasserine, chacun trompe l'ennui comme il peut.

LIRE AUSSI:



Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.

Tunisie: A Kasserine, une jeunesse "victime de la corruption et des promesses non tenues" (REPORTAGE)

$
0
0
"Mon fils est une victime de la corruption, de la marginalisation et des promesses non tenues", accuse Othman Yahyaoui, le père du jeune chômeur dont le décès durant une manifestation à Kasserine (centre) a déclenché une vague de contestation sociale en Tunisie.

Ridha Yahyaoui, 28 ans, est mort électrocuté samedi dernier après être monté sur un poteau, alors qu'il protestait avec d'autres contre son retrait d'une liste d'embauches dans la fonction publique.

Après deux jours de protestations dans cette région défavorisée du centre du pays, où le taux de chômage atteint des sommets, la contestation s'est propagée à d'autres gouvernorats, sur le même thème de l'exclusion sociale.


A Kasserine, un haut responsable local a été limogé à la suite du décès, et une enquête a été ouverture sur les motifs de la modification de la liste d'embauches.

Mais pour le père, la cause est entendue. "S'il n'y avait pas de corruption, le nom de mon fils n'aurait jamais été rayé et il serait encore en vie! Tant qu'on continuera à recruter par +piston+, d'autres jeunes mourront comme lui", dit à l'AFP Othman, 65 ans, la voix étranglée par la colère.

Ce samedi "noir", il affirme que son fils, diplômé en électro-mécanique, a voulu rencontrer le gouverneur pour comprendre pourquoi sa promesse d'embauche s'était soudainement évaporée.

Mais sa demande a été ignorée, aboutissant à sa mort, ajoute Othman Yahyaoui, qui réside à Cité el-Karma, un des multiples quartiers pauvres de Kasserine, ville de plus de 80.000 habitants proche de la frontière algérienne.

"Si je n'obtiens pas la reconnaissance des droits de mon fils, je suis prêt à sacrifier d'autres membres de ma famille", prévient ce père de six autres garçons et deux filles.


Il réclame une indemnisation financière pour la mort de Ridha et qu'il soit reconnu par les autorités comme "martyr", au même titre que les 338 victimes de la répression sanglante du soulèvement de fin 2010-11 contre le régime agonisant de Zine el Abidine Ben Ali, ou celles du terrorisme.

Depuis samedi, Othman Yahyaoui participe, au milieu de centaines d'autres, aux protestations quotidiennes devant le siège du gouvernorat, sous un important dispositif de sécurité.

'Jeunesse pauvre'

Mehrez, 36 ans, un frère du défunt dont il brandit le portrait, impute lui aussi le décès de Ridha au "désintérêt de l'Etat pour cette région marginalisée, depuis des décennies".

"La situation sociale est très difficile", soupire le trentenaire, lui-même au chômage.
Selon lui, les autorités poussent "la jeunesse pauvre à s'orienter vers le trafic de la drogue ou le terrorisme", une allusion aux milliers de jeunes tunisiens ayant rejoint les rangs d'organisations jihadistes comme le groupe Etat islamique (EI), en Syrie, en Irak et en Libye voisine.


Ce sentiment est largement partagé parmi la jeunesse de Kasserine, cité où la pauvreté saute aux yeux, entre rues mal entretenues, quartiers surpeuplés et logements décatis.

"Nous sommes une bonne cible pour les groupes terroristes. On est dans un tel état de pessimisme, de dégoût et de désespoir qu'on pourrait même suivre le diable pour sortir de cette misère", lance Ibrahim, 24 ans, qui porte des chaussures hors d'usage.

'Les politiciens n'ont rien compris'

"Nous subissons trop d'injustice, nous sommes incapables d'en supporter plus. Ras le bol!", s'exclame Faouzia Rtibi, titulaire d'une licence de philosophie. Au chômage depuis trois ans, elle se dit prête à travailler pour 200 dinars par mois afin de pouvoir soigner sa mère malade.


Sur le sentiment de déjà-vu, cinq ans après l'immolation du vendeur ambulant Mohammed Bouazizi à Sidi Bouzid, point de départ de la révolution, Slim, 27 ans, y voit la preuve que "nos politiciens n'ont rien compris".

"Je pense qu'il est temps de leur faire comprendre et de les dégager!", assène-t-il, alors qu'il bloque, avec des dizaines d'autres, le visage à moitié caché par un foulard, la route principale du centre-ville en brûlant des pneus.

"Travail! Liberté! Dignité nationale!", crie le groupe, en répétant le slogan phare de la révolution ayant chassé Zine El Abidine Ben Ali du pouvoir après 23 ans de règne sans partage.

LIRE AUSSI:




Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.

Tunisie: Avec "Akacia for All", Sarah Toumi rentre dans le classement des jeunes entrepreneurs de moins 30 ans de Forbes

$
0
0
CLASSEMENT - Sarah Toumi, jeune franco-tunisienne apparaît dans le top 30 établi par le magazine économique américain Forbes des jeunes entrepreneurs de moins de 30 ans.

À 28 ans, la jeune femme dirige "Acacias for All", une "entreprise sociale" qui combat la "désertification des terres en Tunisie par des techniques agricoles durables, telles que la plantation d'acacias".

Un projet, qui comme expliqué sur le site internet, a été refusé en 2008 par le ministère de l'Environnement en Tunisie. Sarah Toumi décide alors de collaborer avec les agricultrices locales à Bir Salah à Sfax.

Dans un reportage de TV5 Monde (vidéo-ci dessous), la jeune femme explique que l'association aide les agriculteurs à "s'adapter au changement climatique" en leur proposant de nouvelles alternatives qui génèreront également de "nouveaux revenus" aux agriculteurs. Les femmes plantent le Moringa (un arbre originaire d'Inde) qui sera par la suite "réduit en poudre pour être revendu en Europe".



Au côté de Sarah Toumi dans le classement des jeunes entrepreneurs de moins de 30 ans, la détentrice du prix Nobel de la paix de 2014 Malala Yousafzai et sa fondation pour "Malala Fund" qui oeuvre pour l'amélioration de l'éducation des jeunes filles.

Sarah Toumi n'est pas la seule tunisienne a être entrée dans un classement Forbes.

En 2015, Jalila Mezni, Présidente-Directrice Générale de la Société d'Articles Hygiénique (SAH) a été nommée femme d'affaires tunisienne la plus puissante dans le monde arabe, selon le classement de Forbes Middle-East.



Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.

Tunisie: Le ministère de l'Intérieur décrète un couvre feu national sur l'ensemble du territoire

$
0
0
Les autorités tunisiennes ont décrété vendredi un couvre-feu nocturne dans toute la Tunisie après plusieurs jours d'une contestation sociale partie du centre défavorisé pour s'étendre à de nombreuses villes à travers le pays.

"Au vu des atteintes contre les propriétés publiques et privées et de ce que la poursuite de ces actes représente comme danger pour la sécurité de la patrie et des citoyens, il a été décidé de proclamer à partir d'aujourd'hui (vendredi) un couvre-feu sur tout le sol tunisien de 20H00 à 05H00", a indiqué le ministère de l'Intérieur dans un communiqué.

Les autorités avaient auparavant appelé au calme alors que la contestation se poursuit et que 16 personnes ont été arrêtées en lien avec des "saccages et pillages" dans un quartier populaire de la banlieue ouest de Tunis, selon un haut responsable de la gendarmerie.

Suite à la mort de Ridha Yahyaoui, chômeur de la région de Kasserine, des manifestations ont eu lieu dans cette région pour protester contre la situation précaire et le chômage où un couvre feu a été décrété le mardi 19 janvier. Les protestations se sont ensuite répandues sur d'autres gouvernorats tels que Siliana et Sidi Bouzid.

LIRE AUSSI:



Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.

Habib Essid sur France 24: "Nous n'avons pas de baguette magique" pour lutter contre le chômage

$
0
0
Le Premier ministre Habib Essid a affirmé sur les chaines en langue arabe et française de France 24 ne pas avoir "de baguette magique" pour lutter contre le chômage.

Suite aux manifestations survenues contre le chômage et l'exclusion sociale, partie de Kasserine (centre) et qui a gagné jeudi plusieurs autres villes de Tunisie, Habib Essid s'est exprimé sur les raisons de ces manifestations, appelant à la retenue sans pour autant partager aucune annonce ou mesure concrète.

Revenant sur les déclaration du porte parole du gouvernement Khaled Chouket sur France 24 en langue arabe, le ministre a affirmé qu'il y a eu "un malentendu dans la communication" et non une erreur, affirmant que cela n'est qu'un "détail" face à l'urgence de la situation.

Quant à la menace qui pèserait sur son éviction du gouvernement, le chef du gouvernement ne se sent pas menacé affirmant qu'il était "soutenu par le parlement" dont "la preuve est le vote de confiance lors du remaniement".

Face au choix de certains ministres et surtout les dernières sorties médiatiques non maitrisée, Habib Essid prend ses responsabilités: "C'est moi qui ai choisi ces ministres" clame t-il affirmant prendre "toute la responsabilité du remaniement".

Affirmant que la situation économique et sociale "est tendue", le chef du gouvernement a appelé sur la chaine en langue français de France 24 à de la tempérance estimant que le plan quinquennal mis en place donnera ses fruits.

"Dans le cadre de ce quinquennat il est prévu des solutions pour les jeunes et les moins jeunes et pour tous les problèmes qui se posent en Tunisie." a t-il affirmé ajoutant que "l'évènement qui s'est passé à Kasserine dernièrement est le résultat du démarrage...Nous n'avons pas de baguette magique pour donner de l'emploi à tous le monde en même temps"


Pour Habib Essid, "les choses sont différentes qu'en 2010", lorsque le suicide d'un jeune chômeur avait déclenché la révolte qui a abouti à la chute de Zine el Abidine Ben Ali, soulignant que "la Tunisie est passée d'une dictature à une jeune démocratie".

"Je comprends la réaction des gens, mais nous avons un héritage que nous devons gérer", a-t-il poursuivi, citant les défis sécuritaire, social et économique.


Menacée par le jihadisme (le pays a connu des attentats sanglants en 2015 et des milliers de ses jeunes sont partis rejoindre l'organisation Etat islamique), la Tunisie est aussi confrontée à une grave crise économique et à un taux de chômage officiellement de 15% au niveau national, mais bien supérieur dans les régions déshéritées de l'intérieur.

Présent à Davos en Suisse, dans le cadre du Forum Economique Mondial, il a décidé d'écourter sa tournée en Europe afin de rentrer en Tunisie où "Il présidera samedi un conseil des ministres exceptionnel et tiendra une conférence de presse", ont indiqué ses services dans un communiqué.

Les autorités tunisiennes ont décrété vendredi un couvre-feu nocturne dans toute la Tunisie après plusieurs jours d'une contestation sociale partie du centre défavorisé pour s'étendre à de nombreuses villes à travers le pays.

Suite à la mort de Ridha Yahyaoui, chômeur de la région de Kasserine, des manifestations ont eu lieu dans cette région pour protester contre la situation précaire et le chômage où un couvre feu a été décrété le mardi 19 janvier. Les protestations se sont ensuite répandues dans plusieurs villes du pays.


LIRE AUSSI:



Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.

Tunisie: Le ministère de l'Intérieur décrète un couvre-feu face à une contestation inédite depuis 2011

$
0
0
Un couvre-feu nocturne a été décrété vendredi dans toute la Tunisie, après plusieurs jours d'une contestation sociale inédite par son ampleur et sa durée depuis la révolution de 2011.

Face à cette situation, le président de la République s'exprimera ce soir sur la télévision nationale avant le journal de 20 heures.

Cinq ans après le renversement du régime de Zine El Abidine Ben Ali, des manifestations contre la misère et pour la justice sociale ont débuté dans la région défavorisée de Kasserine (centre) à la suite du décès samedi d'un jeune chômeur.

Le mouvement s'est propagé ces derniers jours à de nombreuses autres villes et a notamment été marqué la nuit dernière par des violences dans le Grand Tunis.

Le couvre-feu a été décrété de 20h à 5h "au vu des atteintes contre les propriétés publiques et privées et de ce que la poursuite de ces actes représente comme danger pour la sécurité de la patrie et des citoyens", selon le ministère de l'Intérieur.

Une mesure similaire avait déjà été prise au soir de l'attentat suicide contre la sécurité présidentielle (12 agents tués) revendiqué par le groupe Etat islamique (EI) le 24 novembre à Tunis.

Elle est cette fois motivée par une vague de protestations sociales inédites depuis la révolution, dans un pays qui fait figure de rescapé du "Printemps arabe" mais ne parvient pas à s'extirper du marasme économique.

Appels au calme

"Il s'agit de la crise sociale la plus grave depuis 2011", a déclaré à l'AFP l'analyste indépendant Selim Kharrat, en évoquant "des manifestations sur tout le territoire".


Le Premier ministre Habib Essid a dû écourter une tournée en Europe en raison des évènements. Il rentrera vendredi soir en Tunisie après une rencontre à Paris avec le président français François Hollande, a indiqué la présidence du gouvernement à l'AFP.

M. Essid réunira samedi une cellule de crise et un conseil des ministres exceptionnel, avant une conférence de presse.

En son absence, des responsables tunisiens ont appelé au calme.

"Nous aimerions que le citoyen fasse preuve d'un peu de sagesse, qu'il sache qu'il est de notre intérêt de préserver la Tunisie", a dit sur Shems FM le ministre de la Fonction publique, de la gouvernance et de la lutte contre la corruption, Kamel Ayadi, en assurant que "l'Etat (...) étudie le dossier de l'emploi".


Dans la nuit, des actes de "pillages" et de "saccages" ont été enregistrés à Cité Ettadhamen, un quartier populaire du Grand Tunis. Deux magasins ainsi qu'une agence bancaire ont été saccagés, selon une journaliste de l'AFP.

Les heurts avec les forces de l'ordre ont duré "jusqu'à cinq heures du matin" et au moins "16 personnes" ont été arrêtées, a indiqué un haut responsable de la Garde nationale (gendarmerie), le colonel Khalifa Chibani, sur Mosaïque FM.

Mises en garde des autorités

Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Walid Louguini, a lui dénoncé une "tentative de la part de criminels de profiter de la situation". "Nous sommes avec les manifestants pacifiques, mais les autres actes, les violences contre les biens publics et privés, seront sévèrement punis", a-t-il prévenu.

A l'échelle nationale, au moins "trois postes de police ont été attaqués" et 42 membres des forces de l'ordre blessés au cours des dernières 24 heures, a ajouté M. Louguini.

Le porte-parole du ministère de la Défense, Belhassen Oueslati, a indiqué à l'AFP que "des unités supplémentaires" de l'armée avaient été déployées en renfort dans tous les gouvernorats pour assurer "la protection des institutions publiques mais aussi des institutions privées sensibles".

A Sidi Bouzid (centre), où l'immolation du vendeur ambulant Mohammed Bouazizi fin 2010 avait déclenché la révolution, le gouvernorat a ainsi été placé sous la protection de l'armée.

De nouveaux heurts entre manifestants et policiers - jets de pierre contre gaz lacrymogène - y ont repris en matinée, selon le correspondant de l'AFP.

A Kasserine, comme les jours précédents, des centaines de personnes se sont rassemblées devant le gouvernorat pour demander une réponse à leurs revendications, d'après une journaliste de l'AFP.

Les tensions sociales ont débuté samedi dans cette ville de 80.000 habitants lorsqu'un chômeur de 28 ans, Ridha Yahyaoui, est mort électrocuté après être monté sur un poteau. Il protestait avec d'autres contre son retrait d'une liste d'embauches dans la fonction publique.

LIRE AUSSI:



Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.

Tunisie - Kasserine: Le gouvernement tunisien entre "faute de communication" et "mesures inefficaces"

$
0
0
"Il y a eu une petite faute (...) Nous sommes désolés (..) L'erreur est humaine": c'est en ces termes que le ministre des Finances, Slim Chaker a rectifié jeudi "une faute de communication" commise par Khaled Chouket à la suite des troubles sociaux à Kasserine.

Le porte-parole du gouvernement avait en effet annoncé quelques heures auparavant, après un conseil ministériel, "le recrutement de 5000 chômeurs dans le cadre des différents mécanismes des programmes d'emploi", parmi une série de mesures pour le gouvernorat de Kasserine.

Première fausse mesure: Au lieu de dire que 5.000 personnes à Kasserine allaient profiter des différents mécanismes fournis par le ministère de l'Emploi, comme le CVP (contrat d'insertion des diplômés du supérieur), "nous avons dit qu'il allait y avoir 5000 recrutements", selon M. Chaker, dans une déclaration de presse.


"Nous avons aussi dit que nous allions recruter 1410 personnes, au lieu de dire que nous allions régulariser les situations de ces personnes travaillant dans le cadre du mécanisme 16", a-t-il ajouté.

Mais qu'est-ce que "le mécanisme 16"?

Les travailleurs du mécanisme 16, tout comme ceux du mécanisme 20 ou bien les "travailleurs des chantiers", sont recrutés par l'État dans ses différents établissements, une solution pour résorber le chômage des personnes sans formation.

Dans une précarité totale, ceux-ci perçoivent des primes très basses à la place de salaires, sans profiter des droits stipulés par le code du travail.

Des mesures critiquées

Pour Mounir Hacine, membre du Forum tunisien des droits sociaux, faute de communication ou pas, les solutions proposées par le gouvernement pour la région de Kasserine prévoient, entre autres, d'engager des chômeurs selon le mécanisme 16, "une forme moderne d'esclavage par l'État".

"C'est une modalité héritée du régime colonial que l'Etat tunisien a continué d'utiliser en disant: "c'est mieux de donner un bas salaire à des chômeurs plutôt que de les laisser livrer à eux-même"", a-t-il affirmé au HuffPost Tunisie.

Le leader du Front populaire, Hamma Hammami, a fustigé de son côté des promesses "inefficaces":

"Le gouvernement réagit avec des tranquillisants et un gaspillage de l'argent public", a-t-il affirmé.

"Le problème, c'est les choix économiques du pays: allons-nous produire des richesses ou non?", a-t-il affirmé, pointant du doigt une politique gouvernementale indigente face à des secteurs comme l'agriculture et l'industrie.

Pour Chawki Tabib, président de l'Instance nationale de lutte contre la corruption, les soulèvements traduisent un problème de confiance des citoyens envers le pouvoir en place, essentiellement liée au traitement des "13.000 dossiers de corruption" soumis à son instance:

"Ces endroits marginalisés n'ont plus d'espoir aujourd'hui pour que la corruption diminue. Ils doivent cohabiter avec la corruption", a-t-il affirmé vendredi sur Mosaîque FM, déplorant le manque de moyens de son instance.

Les manifestations de Kasserine se sont déclenchées après que Ridha Yahyaoui, 28 ans, soit mort électrocuté après être monté sur un poteau alors qu'il protestait avec d'autres contre son retrait d'une liste d'embauche dans la fonction publique.

LIRE AUSSI:


Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.

Habib Essid et François Hollande ont discuté d'un plan de soutien d'un milliard d'euros en faveur de la Tunisie

$
0
0
ÉCONOMIE - Une convention de conversion de dettes de 60 millions d'euros se concrétisant par la construction d'un hôpital dans la région de Gafsa a été signé entre la Tunisie et la France, en marge du déjeuner entre le Premier ministre tunisien Habib Essid et le président de la République française François Hollanded'après un communiqué de l'Élysée.

En tout, la France s'engage à un plan de soutien à la Tunisie d’un milliard d’euros sur les cinq prochaines années avec comme axes principaux l'aide aux régions défavorisées, la jeunesse, l'emploi et la lutte contre le terrorisme. Cependant, le communiqué reste flou quant à la forme de ce plan de soutien (prêts, dons, autres conversions de dettes?).




Selon l'Elysée, cette visite du Premier ministre tunisien inaugure une année de renforcement de la relation bilatérale. Le Premier ministre Manuel Valls se rendra en Tunisie d’ici la fin de l’année pour co-présider avec son homologue le premier Conseil de Haut Niveau franco-tunisien.


Depuis la révolution, plusieurs pays tels que la France ou la Belgique se sont engagés à convertir les dettes odieuses en projets d'investissements.

En Tunisie, le Front Populaire avait mené une campagne de sensibilisation appelant à la suppression de la dette odieuse contractée par l'État tunisien sous la dictature de Ben Ali.

La campagne du Front populaire vise à sensibiliser la population sur les dettes contractées par une dictature ou un régime corrompu, servant à financer des actions de l'État contre l'intérêt des citoyens.

LIRE AUSSI:


Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.


Tunisie - Kasserine: Un manifestant se coud la bouche en signe de protestation

$
0
0
ATTENTION: La photo ci-dessous peut heurter la sensibilité de certaines personnes




PHOTO - A midi, devant le gouvernorat de Kasserine, la foule des chômeurs se presse sur les escaliers, tenue à bonne distance par un cordon de militaires. Des protestations secouent la ville depuis que Ridha Yahyaoui, 28 ans, est mort électrocuté après être monté sur un poteau, alors qu'il protestait avec d'autres contre son retrait d'une liste d'embauches dans la fonction publique.

Dans un relatif silence, le groupe reste là, à attendre. C'est alors qu'un homme, au coeur de cette foule bloquée, se met à parler fort.

kasserine



Il dénonce la dureté des conditions de vie. Il se dit "très pauvre", "sans emploi depuis 5 ans", assure qu'il n'a pas réussi à contacter les responsables du gouvernorat, "depuis trois jours".

Son élocution semble étrange : l'homme a en fait une aiguille qui lui perfore les lèvres. Il se rajoute alors une seconde aiguille de l'autre, d'un geste décidé. Le sang ne coule même pas.

kasserine



Autour de lui, certains ne regardent pas. Ceux qui le voient sont soit indifférents, soit haussent à peine les sourcils de dégoût. C'est surtout la lassitude qui pèse sur l'assemblée.

L'homme parvient encore à parler, et il commence à scander "Travail, liberté, dignité nationale!". Tous les autres hommes alentours reprennent en coeur.

L'un des rares moment de la journée où les manifestants ont élevé la voix.

LIRE AUSSI:


Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.

Parole aux femmes de Kasserine: "Je pensais qu'un diplôme me permettrait de m'émanciper" (PHOTOS)

$
0
0
Une fois de plus, à Kasserine, ce vendredi, le siège du gouvernorat a vu des dizaines de chômeurs manifester leur désarroi.

Calmes, ils scandent peu de slogans. Vers 15h, le cordon militaire étant insuffisant, ils réussissent à atteindre la porte – fermée – du siège du gouvernorat de la ville, qu'ils ont tambouriné en criant.

kasserine

Pour Asma, 25 ans, venir ici était une évidence. Doublement diplômée avec un Master en finance et un en comptabilité, qu'elle a obtenus à Sfax, elle cherche du travail depuis maintenant trois ans, "ici à Kasserine ou n'importe où en Tunisie".

Sa sœur Takwa, 19 ans, est venue avec elle.

Bien qu'encore jeune, elle tient à faire passer le message aux autorités que "tout ce qu'on leur demande, ce sont des investissements, que ce soit des entreprises, des infrastructures, des médecins spécialistes… Kasserine est une ville marginalisée!".

kasserine


La violence? "On est les premiers à en souffrir! "


Tout compte fait, l'annonce du retrait des promesses énoncées par le porte-parole du gouvernement n'est guère sur les lèvres des manifestants, qui n'y croyaient que peu. Pour la plupart, la fin de la mobilisation ne peut venir qu'avec un emploi. "On restera là tant qu'il faudra!", promet Nahida Zidi, 35 ans, et une maitrise en psychologie en poche depuis 2010.

"Rester chez nous ou ici, ça revient au même", estime-t-elle.

Contactée par le HuffPost Tunisie, Nadia, jeune femme âgée de 28 ans vit à plusieurs dizaines de kilomètres de la ville.

Les jours précédents, elle avait choisi "de rester devant la télé". Sans emploi, elle est venue manifester ce vendredi pour "montrer au gouvernement que la Tunisie a besoin de plus qu'un geste ou des promesses (...) Mais d'une vraie réforme de fond".

"Je suis apolitique et je n'ai jamais voté avant. Mais aujourd'hui, je me sens délaissée, je sens que les gouverneurs et autres hautes personnalités politiques ne veulent pas voir nos problèmes à nous (les diplômés au chômage), alors que c'est leur principal prérogative. Ils ont toujours été occupés par leurs problèmes personnels." a-t-elle indiqué.


Tasnim, elle, rejoint le discours de Nadia.

À 25 ans, elle raconte qu'elle vit dans une situation précaire car son mari est lui aussi au chômage: "Je n'ai que 170 dinars par mois que m'offrent mes parents".

Après avoir obtenu un diplôme en littérature française, elle pensait que ça allait lui permettre de s'émanciper et de vivre vraiment comme elle en rêvait a-t-elle confié au HuffPost Tunisie.

Forcée de constater les multiples échecs à l'embauche, elle est retournée vivre à Kasserine auprès de ses parents. Malgré les difficultés, elle garde espoir.

Condamnant fermement tous les heurts avec les forces de l'ordre, elle poursuit "on assimile notre région aux violences, au Mont Châambi et aux terroristes. Mais il faut savoir qu'on est les premiers (habitants de la ville) à en souffrir (...) On donnerait tout ce qu'on a, pour travailler, vivre dans le confort et être heureux."

LIRE AUSSI:


Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.

Tunisie: Béji Caïd Essebsi met en garde contre une récupération de la contestation (VIDÉO)

$
0
0
Dans un discours enregistré mais diffusé vendredi soir sur les chaines nationales, le président de la République, Béji Caid Essebsi s'est exprimé dans une allocution télévisée en marge des troubles sociaux secouant la Tunisie depuis plusieurs jours.

Béji Caid Essebsi, a affirmé les mouvements sociaux dans les régions défavorisées étaient "naturels".

"Les gens qui ont manifestés réclament des emplois alors qu'ils sont au chômage depuis près de 5 ans", a-t-il affirmé.

"Il n'y a pas de dignité sans emploi" a affirmé le président de la République. "On ne peut pas dire à quelqu'un qui n'a rien à manger: patiente encore", a-t-il ajouté.

L'actuel gouvernement "qui a moins d'un an, s'est retrouvé face à une situation très difficile, un chômage étouffant: Environ 700.000 chômeurs dont 250.000 ou 300.000 jeunes diplômés", a expliqué le président.

Regrettant la tournure qu'ont pris les manifestations, il affirme que "des mains malveillantes" cherchent à récupérer la situation et souhaitent "enflammer la situation".

"Et nous informons que ces gens sont tous connus, fichés et que leurs appartenances partisanes sont connues, qu'il s'agisse de partis légaux ou interdits" a t-il affirmé sur un ton grave.

"Et la nouveauté, c'est qu'il a semblé à Daech, qui est présent en Libye, presque à nos frontières maintenant, que la situation lui permettait de fourrer son nez dans cette opération", a-t-il soutenu.


Par ailleurs, le président a estimé qu'"il existe une dérive médiatique" et que certaines personnes invitées dans ces médias "au lieu de calmer" rajoutent des tensions.

Il a appelé les médias "et même certains médias extérieurs" à plus de retenus face à la situation.

Enfin, Béji Caid Essebsi a exhorté le gouvernement à "présenter un projet afin de juguler le chômage" tout en prenant en considération "les moyens à disposition de l'État" affirmant que l'État et le gouvernement sauront "trouver le financement nécessaire" pour faire face à cette priorité.


Les tensions sociales ont débuté samedi à Kasserine, ville de 80.000 habitants, lorsqu'un chômeur de 28 ans, Ridha Yahyaoui, est mort électrocuté après être monté sur un poteau. Il protestait avec d'autres contre son retrait d'une liste d'embauches dans la fonction publique.

La contestation s'est rapidement propagée, témoignant de la persistance de l'exclusion sociale dans un pays qui fait figure de rescapé du "Printemps arabe" mais qui ne parvient pas à s'extirper du marasme économique.

LIRE AUSSI:



Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.

Tollé sur le net après une fatwa saoudienne interdisant le jeu d'échecs

$
0
0

Une fatwa lancée par un haut dignitaire religieux saoudien déclarant le jeu d'échecs interdit par l'islam et le qualifiant de perte de temps a provoqué un tollé sur les réseaux sociaux.


Dans une vidéo extraite d'une émission de télévision et postée en ligne, le grand mufti d'Arabie saoudite, cheikh Abdel Aziz Al-Cheikh, est catégorique concernant le jeu d'échecs.


« Les échecs sont interdits », dit la plus haute autorité religieuse de ce royaume ultraconservateur. « C'est une perte de temps et d'argent et (ils) provoquent l'animosité entre les joueurs ».


Les causes de la résurgence de cette vidéo, qui date d'un mois, ne sont pas claires, mais les réactions à cette mise en ligne ne se sont pas fait attendre.


« La tentative de l'Arabie saoudite d'interdire les échecs est stupide, nous devrions nous préoccuper davantage de leurs interdictions concernant les droits de l'Homme et la démocratie », a publié le légendaire joueur d'échecs Garry Kasparov sur son compte Twitter.


« Le mufti d'Arabie a déclaré les échecs “haram” (interdit par la religion, NDLR). Apparemment ce jeu requiert l'utilisation de votre cerveau et ça, c'est “haram” », a ironisé sur le même réseau social le producteur de télévision libanais Nasser Fakih.


« OK, et qu'en est-il de la PlayStation et de la Xbox, halal ou haram? », se demande un utilisateur de Twitter sous le compte @RaKaN4you.


En 2001, le même mufti avait déjà recommandé l'interdiction des jeux d'aventure pour enfants Pokémon qui « s'apparentent à un jeu d'argent en raison de la compétition, impliquant parfois le paiement de sommes d'argent, entre les collectionneurs des cartes ». 



LIRE AUSSI:


Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.

Au Canada, une fusillade dans une école fait 4 morts

$
0
0
INTERNATIONAL - Un lycéen a ouvert le feu vendredi 22 janvier faisant 4 morts et des blessés, dont des élèves et des employés d'une école canadienne, la pire fusillade en milieu scolaire au Canada depuis plus de 26 ans. "C'est le pire cauchemar de tous les parents", a réagi le Premier ministre Justin Trudeau depuis Davos (Suisse) où il participe au Forum économique mondial.

Il était environ 13h (19h GMT) dans la bourgade de La Loche, dans le nord de la province de Saskatchewan (centre), quand des coups de feu ont retenti dans le lycée de cette collectivité amérindienne. "Un homme déchargeait son arme" dans l'établissement, a confirmé la police. Plusieurs témoins ont dit avoir vu un adolescent ouvrir le feu à l'intérieur de cet établissement, armé d'une carabine.




"J'ai couru à l'extérieur de l'école. Il y avait beaucoup de cris, il y a eu six ou sept coups de feu avant que j'arrive à sortir", a déclaré aux télévisions un élève de seconde, Noël Desjarlais. Kevin Janvier, maire de la commune, a déclaré vendredi soir sur la chaîne CTV News que le tueur présumé "était un jeune de moins de 21 ans" qui fréquentait le lycée de La Loche. Située dans la forêt boréale, à 800 km au nord de la capitale provinciale Regina, cette bourgade est particulièrement isolée et les autorités ont dû acheminer des renforts policiers et dépêcher un hélicoptère médicalisé.

Un homme interpellé avec une arme

Initialement, Justin Trudeau avait fait état d'un bilan de cinq morts et de deux blessés graves, avant que la police fédérale le révoit à la baisse en évoquant "un certain nombre de blessés". "Avec une tragédie comme celle-ci, il y a beaucoup d'informations qui s'échangent rapidement et donc initialement nous avions confirmé qu'il y avait cinq morts, mais nous ne parlons désormais que de quatre décès", a déclaré en conférence de presse la commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale) en Saskatchewan, Maureen Levy.

L'âge et l'identité des victimes n'ont pas été précisés par la GRC mais le maire Kevin Janvier a parlé "d'élèves et d'employés" du lycée. Outre l'école, la police a indiqué étendre son enquête à une résidence voisine, laissant penser que des victimes ou le suspect pouvaient être liés à ce logement. La commissaire Lévy a expliqué que quarante-cinq minutes après les coups de feu à l'école "un homme" avait été interpellé et son arme saisie.

"Mes pensées et mes prières sont avec toutes les victimes, leurs familles et leurs amis", a réagi le Premier ministre de la Saskatchewan, Brad Wall.nAncienne mairesse de La Loche, Georgina Jolibois, députée de la région, s'est dite "choquée et attristée" par la fusillade. Elle "m’interpelle personnellement, puisque des membres de ma famille fréquentent cette école", a-t-elle ajouté.




Les fusillades rares au Canada

Les 3000 habitants de La Loche sont en grande majorité des autochtones du peuple Chipewyans qui vivent à la lisière de l'Arctique. "Nous sommes choqués et attristés par ce drame", a déclaré le chef de l'Assemblée des Premières nations du Canada, Perry Bellegarde. Depuis Melbourne où il venait de gagner sa rencontre, le joueur de tennis canadien Milos Raonic a dédié sa victoire à La Loche. "Je voudrais adresser mes pensées à cette collectivité, les familles, les lycéens et l'école. Ma victoire est pour cette collectivité (...) tout le Canada et j'en suis sûr le monde est derrière vous", a-t-il déclaré visiblement ému.

A la différence des Etats-Unis, les fusillades sont très rares au Canada où la réglementation sur le port d'armes à feu est plus stricte qu'au sud de la frontière. Il faut remonter au 6 décembre 1989 pour un tel drame quand un jeune homme avait ouvert le feu à l’école Polytechnique de Montréal, tuant 14 personnes dont dix jeunes étudiantes. Le 24 août 1992 quatre personnes avaient perdu la vie dans une fusillade à l'université Concordia de Montréal.

Justin Trudeau a estimé qu'avec ce drame "il va y avoir des réflexions à faire dans les semaines et les mois à venir" sur les armes. Ceci d'autant que le précédent gouvernement conservateur avait supprimé et détruit le registre des fusils et des carabines. Les Canadiens détiennent donc désormais en tout anonymat ce type d'armes qui semble avoir été utilisé dans la fusillade de La Loche.

Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.
Viewing all 9648 articles
Browse latest View live


<script src="https://jsc.adskeeper.com/r/s/rssing.com.1596347.js" async> </script>