MOTS - "Terrorisme mental": le terme, utilisé ce mercredi 30 mars à l'adresse du Front populaire, esquisse un nouvel élément de langage présidentiel destiné à critiquer l'opposition. Le 29 janvier dernier, le chef de l'Etat avait déclaré à un journal bahreïni que "l'extrémisme de gauche était plus dangereux que celui de l'islamisme", avant de rajouter "Nous le combattons aussi".
Cette fois, cette accusation fait référence à une prise de position précise, en l'occurrence celle du Front populaire, qui avait décidé de boycotter le 60e anniversaire de l'Indépendance. La formation de gauche avait ainsi dénoncé une souveraineté de façade, du fait de l'influence prêtée à l'Arabie saoudite et aux autres pétromonarchies sunnites du Golfe. Le président de la République a donc choisi de répondre sur ce terrain à l'opposition:
La polémique sur l'alignement de Tunis sur Riyad lors de la crise diplomatique saoudo-iranienne en janvier dernier puis l'acceptation le 2 mars dernier de la classification terroriste du Hezbollah libanais lors d'un conseil des ministres arabes de l'Intérieur avaient donné de la voix à ces critiques. Le président a donc réaffirmé son refus de toute normalisation avec Israël:
La guerre des mots
Littéralement, le terrorisme cherche à diffuser la terreur dans la société. Ce terrorisme-là, s'il n'est que mental et donc ne tue personne, chercherait donc à effrayer par la parole.
Si le terme terrorisme mental est un néologisme, il est proche d'un autre terme plus connu: le terrorisme intellectuel. Il est généralement défini comme les procédés visant à intimider ou à décrédibiliser des expressions dissidentes par différentes méthodes de prises de parole (amalgames, procès d'intention, arguments d'autorités, injures, la disqualification de arguments de l'autre par la méthode de l'épouvantail, etc.)
En l’occurrence, c'est donc le chef de l'Etat qui accuse l'opposition de faire usage de "terrorisme mental". "Cette expression dénote une diabolisation de l'opposition de gauche", déplore Jamil Chaker, professeur de français à la faculté de Tunis, qui y voit un positionnement "qui aggrave les divisions, alors que le discours d'un chef de l'Etat doit se situer au dessus des partis".
A chacun son terrorisme mental
Mais l'expression est également utilisée par d'autres personnalités, quitte à lui donner un sens clairement différent. Ainsi, pour le blogueur Farhat Othman, le terrorisme mental sert à désigner la lecture, selon lui, intégriste de l'islam qui est faite par Ennahdha, tandis que le site Leaders.com.tn, proche du pouvoir, décide de voir dans ce terme la "complicité" de "ces Tunisiens anonymes qui trouvent des excuses aux terroristes, allant jusqu’à être leurs complices objectifs ou actifs". Le site brocarde ces "petites gens qui aident [les terroristes] moins par conviction que par défiance à l’égard des autorités en place", qui "manifestent ainsi inconsciemment leur esprit de contradiction, s’adonnant à la contestation sans se rendre compte nécessairement qu’elle est aussi criminelle".
Lire aussi: Tunisie: Béji Caïd Essebsi estime que l'extrémisme de gauche est plus dangereux que celui de l'islamisme. L'analyse de l'historienne Kmar Bendana
Cette fois, cette accusation fait référence à une prise de position précise, en l'occurrence celle du Front populaire, qui avait décidé de boycotter le 60e anniversaire de l'Indépendance. La formation de gauche avait ainsi dénoncé une souveraineté de façade, du fait de l'influence prêtée à l'Arabie saoudite et aux autres pétromonarchies sunnites du Golfe. Le président de la République a donc choisi de répondre sur ce terrain à l'opposition:
Tout cela justifie t-il que l'on boycotte la fête de l'indépendance? Je ne les oblige pas, ils peuvent même être contre l'indépendance, ils sont libres.
La polémique sur l'alignement de Tunis sur Riyad lors de la crise diplomatique saoudo-iranienne en janvier dernier puis l'acceptation le 2 mars dernier de la classification terroriste du Hezbollah libanais lors d'un conseil des ministres arabes de l'Intérieur avaient donné de la voix à ces critiques. Le président a donc réaffirmé son refus de toute normalisation avec Israël:
Tous [les partis de l'opposition] ont une phobie qui est la normalisation des relations avec Israël (...) La Tunisie ne normalisera pas ses relations avec Israël (...) ils en font leurs fond de commerce avec cette question. Mais je leur dis 'Ne m'imposez pas votre terrorisme mental', non! Nous sommes libres ici en Tunisie!
La guerre des mots
Littéralement, le terrorisme cherche à diffuser la terreur dans la société. Ce terrorisme-là, s'il n'est que mental et donc ne tue personne, chercherait donc à effrayer par la parole.
Si le terme terrorisme mental est un néologisme, il est proche d'un autre terme plus connu: le terrorisme intellectuel. Il est généralement défini comme les procédés visant à intimider ou à décrédibiliser des expressions dissidentes par différentes méthodes de prises de parole (amalgames, procès d'intention, arguments d'autorités, injures, la disqualification de arguments de l'autre par la méthode de l'épouvantail, etc.)
Lire aussi: Quand les injures polluent le débat politique tunisien
En l’occurrence, c'est donc le chef de l'Etat qui accuse l'opposition de faire usage de "terrorisme mental". "Cette expression dénote une diabolisation de l'opposition de gauche", déplore Jamil Chaker, professeur de français à la faculté de Tunis, qui y voit un positionnement "qui aggrave les divisions, alors que le discours d'un chef de l'Etat doit se situer au dessus des partis".
A chacun son terrorisme mental
Mais l'expression est également utilisée par d'autres personnalités, quitte à lui donner un sens clairement différent. Ainsi, pour le blogueur Farhat Othman, le terrorisme mental sert à désigner la lecture, selon lui, intégriste de l'islam qui est faite par Ennahdha, tandis que le site Leaders.com.tn, proche du pouvoir, décide de voir dans ce terme la "complicité" de "ces Tunisiens anonymes qui trouvent des excuses aux terroristes, allant jusqu’à être leurs complices objectifs ou actifs". Le site brocarde ces "petites gens qui aident [les terroristes] moins par conviction que par défiance à l’égard des autorités en place", qui "manifestent ainsi inconsciemment leur esprit de contradiction, s’adonnant à la contestation sans se rendre compte nécessairement qu’elle est aussi criminelle".
LIRE AUSSI:
- Quand les injures polluent le débat politique tunisien
- Combattre les terroristes, c'est contrer le terrorisme mental
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