Un plaidoyer contre l'ultra-capitalisme contemporain
2016 - La société capitaliste est enlisée dans une logique aveugle et irrésistible de surproduction et de surconsommation, les deux phénomènes se nourrissant, se gavant, s'étouffant l'un l'autre. Dans ce monde de de la mal-bouffe, le consommateur peut acheter vingt shampoings en une fois, sous prétexte que pour dix achetés, les suivants sont à moitié prix. Si vous vous êtes déjà demandé si vous aviez besoin de cette quatorzième paire de chaussures ou si vous aviez assez faim pour manger ce MacDo, il est peut-être temps de s'arrêter pour se replonger dans la Lettre à Ménécée d'Épicure.
Dès le IV° siècle avant notre ère, ce texte esquisse déjà toutes les réponses aux impasses que l'ultra-capitalisme du XX° siècle laisse voir. Attention néanmoins à une vision ésotérique de l'épicurisme: le "carpe diem ", ce "Cueille le jour", ne consiste pas à se ruer, avides et irrassasiables, vers tous les objets dont nous pouvons emplir nos bras et nos estomacs. Au contraire, il s'agit, par l'ascèse intellectuelle et physique, d'atteindre la paix du corps et de l'esprit.
Apprendre à connaître ses besoins, distinguer entre ceux qui sont nécessaires et ceux qui ne le sont pas, pour enfin combler ceux qui vont nous apaiser, et ignorer ceux dont la réalisation nous apportera plus de douleur que de plaisir: voilà comment, selon Épicure, on peut atteindre le bonheur et vivre comme un sage.
Quel rapport avec le capitalisme et ses dérives? Aujourd'hui, nous avons l'impression que le bonheur consiste à pouvoir céder sans limites à tous ses désirs et caprices, pour ne jamais être insatisfait. Éviter, à tout prix, la frustration. Pourtant, si l'on sort de cette immédiateté irréfléchie, ne devrait-on pas préférer se passer de quelques unes de ces satisfactions éphémères, pour préserver une planète qui y pourvoit avec de plus en plus de difficultés ? Plutôt que de craquer pour des barres chocolatées emballées dans plus de plastique et d'aluminium qu'il n'y a de chocolat, n'est-il pas préférable d'en acheter moins souvent pour espérer avoir du chocolat en 2020? Plutôt que de refaire un Paris-Dakar tous les ans, préserver le pétrole en attendant d'avoir une vraie transition énergétique?
Contre les inégalités dans la répartition des richesses, contre la dérégulation de plus en plus rapide du climat, contre l'amenuisement des ressources naturelles et la disparition des espèces, l'épicurisme détient peut-être la clé d'une vie heureuse et durable: la sophrosune.
2016 - La société capitaliste est enlisée dans une logique aveugle et irrésistible de surproduction et de surconsommation, les deux phénomènes se nourrissant, se gavant, s'étouffant l'un l'autre. Dans ce monde de de la mal-bouffe, le consommateur peut acheter vingt shampoings en une fois, sous prétexte que pour dix achetés, les suivants sont à moitié prix. Si vous vous êtes déjà demandé si vous aviez besoin de cette quatorzième paire de chaussures ou si vous aviez assez faim pour manger ce MacDo, il est peut-être temps de s'arrêter pour se replonger dans la Lettre à Ménécée d'Épicure.
Dès le IV° siècle avant notre ère, ce texte esquisse déjà toutes les réponses aux impasses que l'ultra-capitalisme du XX° siècle laisse voir. Attention néanmoins à une vision ésotérique de l'épicurisme: le "carpe diem ", ce "Cueille le jour", ne consiste pas à se ruer, avides et irrassasiables, vers tous les objets dont nous pouvons emplir nos bras et nos estomacs. Au contraire, il s'agit, par l'ascèse intellectuelle et physique, d'atteindre la paix du corps et de l'esprit.
Apprendre à connaître ses besoins, distinguer entre ceux qui sont nécessaires et ceux qui ne le sont pas, pour enfin combler ceux qui vont nous apaiser, et ignorer ceux dont la réalisation nous apportera plus de douleur que de plaisir: voilà comment, selon Épicure, on peut atteindre le bonheur et vivre comme un sage.
Nous considérons bien des douleurs comme préférables à des plaisirs, dès lors qu'un plaisir plus grand doit suivre des souffrances longtemps endurées. Ainsi tout plaisir, par nature, a le bien pour intime parent, sans pour autant devoir être cueilli.
Quel rapport avec le capitalisme et ses dérives? Aujourd'hui, nous avons l'impression que le bonheur consiste à pouvoir céder sans limites à tous ses désirs et caprices, pour ne jamais être insatisfait. Éviter, à tout prix, la frustration. Pourtant, si l'on sort de cette immédiateté irréfléchie, ne devrait-on pas préférer se passer de quelques unes de ces satisfactions éphémères, pour préserver une planète qui y pourvoit avec de plus en plus de difficultés ? Plutôt que de craquer pour des barres chocolatées emballées dans plus de plastique et d'aluminium qu'il n'y a de chocolat, n'est-il pas préférable d'en acheter moins souvent pour espérer avoir du chocolat en 2020? Plutôt que de refaire un Paris-Dakar tous les ans, préserver le pétrole en attendant d'avoir une vraie transition énergétique?
Nous considérons l'autosuffisance comme un grand bien: non pour satisfaire à une obsession de frugalité, mais pour que le minimum, au cas où la profusion ferait défaut, nous satisfasse (...) Si tout ce qui est naturel est plutôt facile à se procurer, ne l'est pas tout ce qui est vain.
Contre les inégalités dans la répartition des richesses, contre la dérégulation de plus en plus rapide du climat, contre l'amenuisement des ressources naturelles et la disparition des espèces, l'épicurisme détient peut-être la clé d'une vie heureuse et durable: la sophrosune.
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