La dernière session des JCC a fait couler beaucoup d'encre et suscité beaucoup de controverses pour plusieurs raisons. D'abord, c'était la session du cinquantième anniversaire de cette importante manifestation et il fallait faire un grand festival pour rendre hommage à tous ceux qui ont été derrière ce rêve fou de créer ce moment et de célébrer une production cinématographique faible ou inexistante à l'époque. Quelques cinquante ans et sessions après le pari est gagné et les JCC sont devenues le plus important festival de cinéma arabo-africain.
D'autres motifs de controverse sont d'ordre institutionnel et concernent le statut du festival et ses rapports avec les autorités de tutelle, et notamment le Centre national du cinéma et le Ministère de la culture. Pour certains, dont l'ancien directeur Ibrahim Ltaief, les JCC doivent gagner leur autonomie et se libérer de la mainmise des autorités et de la bureaucratie administrative qui ne font que rendre la tâche difficile pour les responsables du festival. Par ailleurs, cette autonomie donnera au festival, comme beaucoup d'autres dans le monde, une stabilité et les moyens nécessaires pour planifier ses activités et ses projets à moyen terme et sortir ainsi du manque d'organisation et des programmations de dernière minute comme c'est le cas aujourd'hui.
D'autres se sont opposés à cette vision et considèrent que la poursuite des liens organiques avec les autorités de tutelle est essentielle dans la mesure où elles assureront la pérennité des JCC et lui donneront les moyens de se perpétuer et se développer.
D'autres controverses ont aussi éclaté et sont liées à des défaillances dans l'organisation du festival qui, faut-il le rappeler, ne sont pas nouvelles. En effet chaque festival a eu son lot d'erreurs et de faille du fait que l'organisation est prise en charge par le comité lui-même et avec l'aide de quelques bénévoles. Certes, on a demandé à quelques entreprises spécialisées dans l'évènementiel de prendre en charge une série d'activités, mais l'organisation reste portée par une équipe réduite et des bénévoles qui, en dépit de leur bonne volonté, rencontrent les plus grandes difficultés à relever les défis d'un festival devenu au fil des ans l'une des plus importantes manifestations cinématographiques.
Mais la controverse ne semble pas vouloir s'arrêter. En effet, les nouvelles propositions formulées récemment sur la possibilité de délocaliser le festival dans une ville de l'intérieur et aussi de l'organiser tous les deux ans ont été à l'origine de nouvelles polémiques, de critiques, voire même de certaines inquiétudes quant à l'avenir du festival.
Je crois que ces échanges et ces polémiques parfois violentes qu'ils suscitent sont normales dans ce nouveau contexte démocratique. Par ailleurs, elles sont significatives de l'évolution du festival et de cette recherche d'un nouveau positionnement avec un besoin de se renouveler pour continuer à servir le cinéma africain et arabe.
Mais, de ces controverses et de ces débats, même si certaines sont importantes, ne ressortent une orientation et une vision quant à l'avenir du festival. On est au contraire en présence de beaucoup d'invectives et de propositions parcellaires qui ne peuvent pas constituer la base du renouvellement. Les JCC ont aujourd'hui besoin d'un nouveau projet fondateur probablement aussi important que celui de sa fondation porté par Tahar Chriaa, Hamadi Essid et le ministre de la culture de l'époque, Chedly Klibi. Après cinquante ans d'existence, les JCC ont besoin d'un nouveau grand projet et d'une nouvelle vision qui leur permettent de rentrer dans la nouvelle ère de la production cinématographique.
Cette vision doit s'articuler autour de quatre axes essentiels. Le premier est celui du positionnement et des objectifs. Certes, les dernières sessions ont cherché à maintenir l'orientation stratégique et l'identité arabo-africaine que lui ont donné les pères fondateurs. Mais, dans différentes sessions on a ressenti quelques tentatives de changer ce positionnement et d'oublier une partie de l'identité de ce festival ce qui n'a pas été sans susciter l'amertume, voire même la désapprobation de nos amis africains. Or, cette orientation doit être confirmée et renforcée comme celle du choix d'un cinéma d'auteur et d'une sensibilité éloignée des écritures commerciales.
Le second axe concerne la méthodologie à suivre pour l'élaboration de ce projet. Là-dessus il me semble que la participation, la concertation et les consultations sont des principes de travail essentiels dans la confection d'un nouveau projet pour les JCC. Certes, dans ce contexte post-révolutionnaire, l'ouverture et l'échange sont devenus la règle d'or. Mais, dans le cinéma et la culture en général, ses règles sont encore plus marquées du fait de la part de dissidence portée les gens de l'art et de la culture.
Le troisième axe est relatif à la gouvernance de ce festival. A ce niveau, il me semble que l'ère « soviétique » où les autorités politiques décident de l'avenir de l'art et de la culture est dépassée depuis belle lurette. Il me parait essentiel de réfléchir de manière apaisée sur la gouvernance à mettre en place qui allie une certaine autonomie et en même temps des rapports privilégiés non seulement avec les autorités de tutelle mais aussi l'ensemble des acteurs du monde associatif.
Le quatrième axe est relatif au fonctionnement même du festival et la nécessité de le doter des structures nécessaires qui lui permettront d'assurer la continuité de ses activités et de favoriser des programmes de travail à moyen terme voire même à long terme comme c'est le cas des grands festivals internationaux et de sortir par conséquent de la domination du court terme.
Amis du cinéma, les JCC, vous le savez mieux que quiconque est un grand monument du cinéma arabe et africain. A vous et à nous tous de le préserver et de continuer à faire vivre la flamme et l'utopie des pères fondateurs d'un cinéma indépendant, porteur d'une esthétique nouvelle, inscrit dans des luttes sociales mais ouvert sur le monde. Les JCC ont besoin aujourd'hui d'une renaissance et d'un nouveau départ. C'est sur vos épaules, et loin des polémiques et des invectives, que repose la responsabilité de construire un nouveau projet. Votre responsabilité aujourd'hui est aussi importante que celle des pères fondateurs car c'est d'une refondation que les JCC ont besoin.
D'autres motifs de controverse sont d'ordre institutionnel et concernent le statut du festival et ses rapports avec les autorités de tutelle, et notamment le Centre national du cinéma et le Ministère de la culture. Pour certains, dont l'ancien directeur Ibrahim Ltaief, les JCC doivent gagner leur autonomie et se libérer de la mainmise des autorités et de la bureaucratie administrative qui ne font que rendre la tâche difficile pour les responsables du festival. Par ailleurs, cette autonomie donnera au festival, comme beaucoup d'autres dans le monde, une stabilité et les moyens nécessaires pour planifier ses activités et ses projets à moyen terme et sortir ainsi du manque d'organisation et des programmations de dernière minute comme c'est le cas aujourd'hui.
D'autres se sont opposés à cette vision et considèrent que la poursuite des liens organiques avec les autorités de tutelle est essentielle dans la mesure où elles assureront la pérennité des JCC et lui donneront les moyens de se perpétuer et se développer.
D'autres controverses ont aussi éclaté et sont liées à des défaillances dans l'organisation du festival qui, faut-il le rappeler, ne sont pas nouvelles. En effet chaque festival a eu son lot d'erreurs et de faille du fait que l'organisation est prise en charge par le comité lui-même et avec l'aide de quelques bénévoles. Certes, on a demandé à quelques entreprises spécialisées dans l'évènementiel de prendre en charge une série d'activités, mais l'organisation reste portée par une équipe réduite et des bénévoles qui, en dépit de leur bonne volonté, rencontrent les plus grandes difficultés à relever les défis d'un festival devenu au fil des ans l'une des plus importantes manifestations cinématographiques.
Mais la controverse ne semble pas vouloir s'arrêter. En effet, les nouvelles propositions formulées récemment sur la possibilité de délocaliser le festival dans une ville de l'intérieur et aussi de l'organiser tous les deux ans ont été à l'origine de nouvelles polémiques, de critiques, voire même de certaines inquiétudes quant à l'avenir du festival.
Je crois que ces échanges et ces polémiques parfois violentes qu'ils suscitent sont normales dans ce nouveau contexte démocratique. Par ailleurs, elles sont significatives de l'évolution du festival et de cette recherche d'un nouveau positionnement avec un besoin de se renouveler pour continuer à servir le cinéma africain et arabe.
Mais, de ces controverses et de ces débats, même si certaines sont importantes, ne ressortent une orientation et une vision quant à l'avenir du festival. On est au contraire en présence de beaucoup d'invectives et de propositions parcellaires qui ne peuvent pas constituer la base du renouvellement. Les JCC ont aujourd'hui besoin d'un nouveau projet fondateur probablement aussi important que celui de sa fondation porté par Tahar Chriaa, Hamadi Essid et le ministre de la culture de l'époque, Chedly Klibi. Après cinquante ans d'existence, les JCC ont besoin d'un nouveau grand projet et d'une nouvelle vision qui leur permettent de rentrer dans la nouvelle ère de la production cinématographique.
Cette vision doit s'articuler autour de quatre axes essentiels. Le premier est celui du positionnement et des objectifs. Certes, les dernières sessions ont cherché à maintenir l'orientation stratégique et l'identité arabo-africaine que lui ont donné les pères fondateurs. Mais, dans différentes sessions on a ressenti quelques tentatives de changer ce positionnement et d'oublier une partie de l'identité de ce festival ce qui n'a pas été sans susciter l'amertume, voire même la désapprobation de nos amis africains. Or, cette orientation doit être confirmée et renforcée comme celle du choix d'un cinéma d'auteur et d'une sensibilité éloignée des écritures commerciales.
Le second axe concerne la méthodologie à suivre pour l'élaboration de ce projet. Là-dessus il me semble que la participation, la concertation et les consultations sont des principes de travail essentiels dans la confection d'un nouveau projet pour les JCC. Certes, dans ce contexte post-révolutionnaire, l'ouverture et l'échange sont devenus la règle d'or. Mais, dans le cinéma et la culture en général, ses règles sont encore plus marquées du fait de la part de dissidence portée les gens de l'art et de la culture.
Le troisième axe est relatif à la gouvernance de ce festival. A ce niveau, il me semble que l'ère « soviétique » où les autorités politiques décident de l'avenir de l'art et de la culture est dépassée depuis belle lurette. Il me parait essentiel de réfléchir de manière apaisée sur la gouvernance à mettre en place qui allie une certaine autonomie et en même temps des rapports privilégiés non seulement avec les autorités de tutelle mais aussi l'ensemble des acteurs du monde associatif.
Le quatrième axe est relatif au fonctionnement même du festival et la nécessité de le doter des structures nécessaires qui lui permettront d'assurer la continuité de ses activités et de favoriser des programmes de travail à moyen terme voire même à long terme comme c'est le cas des grands festivals internationaux et de sortir par conséquent de la domination du court terme.
Amis du cinéma, les JCC, vous le savez mieux que quiconque est un grand monument du cinéma arabe et africain. A vous et à nous tous de le préserver et de continuer à faire vivre la flamme et l'utopie des pères fondateurs d'un cinéma indépendant, porteur d'une esthétique nouvelle, inscrit dans des luttes sociales mais ouvert sur le monde. Les JCC ont besoin aujourd'hui d'une renaissance et d'un nouveau départ. C'est sur vos épaules, et loin des polémiques et des invectives, que repose la responsabilité de construire un nouveau projet. Votre responsabilité aujourd'hui est aussi importante que celle des pères fondateurs car c'est d'une refondation que les JCC ont besoin.
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