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"Qartaj" et le parcours de Moncef ben Rejeb, ce jeune tunisien qui veut sauver l'artisanat

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Très bons artisans et grands commerçants, les Carthaginois, à leur apogée, avaient dominé la Méditerranée. Ils créaient et savaient tout aussi bien marchander, et l'Histoire témoigne de la puissance maritime et commerciale de Carthage.

Des siècles plus tard, en ces temps modernes, les Tunisiens, sur ces mêmes terres et ayant hérité d'un savoir-faire précieux, voient leur art dévaloriser de jour en jour. Mine de rien, il se font exploiter par des revendeurs, qui eux, baignent dans l'or, sans réel effort.

artisanat

Ces artisans s'y connaissent en poterie, en céramique, en tissage et en sculptures, mais quand il s'agit de vendre ou encore d'exporter à l'étranger, ils y trouvent de grandes difficultés.

C'est là que Qartaj intervient, un site de e-commerce qui exporte les produits artisanaux à l'autre rive de la Méditerranée. Moncef Ben Rejeb, le fondateur, est un jeune tunisien de 26 ans et il a bien su détecter le problème, mais aussi, lui trouver la solution.

"Le but de Qartaj est d'accompagner ces artisans sur le plan commercial, simplifier la chaine entre l'artisan et l'acheteur et la rendre fluide. Il existe beaucoup d'obstacles qui empêchent ces artisans de bien vendre leurs produits à l'échelle internationale." explique Moncef, le CEO


Le fondateur de Qartaj

On est bien d'accord, Elissa est la fondatrice de Carthage mais ici, il s'agit de Qartaj.

Moncef Ben Rejeb avait développé une affinité envers l'artisanat depuis tout petit, dans l'atelier de sa mère. Il rôdait aussi très souvent dans les ruelles de la Medina et le souk de Nabeul.

tapis artisanat tunisie

C'est aussi à travers les musées qu'il découvre l'histoire de la Tunisie. Charmé par les richesses qu'offrait Carthage, il se plonge dans les bouquins et s'imprègne de l'histoire ancestrale, mais de retour à la réalité, il voit sous ses yeux, ces charmants produits artisanaux, reposant dans leurs coins, ou vendus à des prix dérisoires. Mais il voit aussi leur grand potentiel et imagine Qartaj, un marché punique 2.0.

D'ingénieur à entrepreneur

Moncef Ben Rejeb est ingénieur informatique, il étudie d'abord à l'ESTI (devenue plus tard l'Ecole Nationale d'Ingénieurs de Carthage), là où il suit une licence en Informatique. Il s'envole ensuite, dans le cadre d'un programme d'excellence, en France, poursuivre un master en Web Intelligence.

Durant sa première année, il intègre la start-up Stample, au sein d'une pépinière d'entreprises à Paris, pour un stage de 6 mois. C'est cette première expérience qui l'introduit au monde de l'entrepreneuriat. Entouré de plusieurs jeunes entrepreneurs, il y découvre une ambiance dynamique et le travail en équipe et les réunions générales qui l'ont fait se sentir impliqué.

moncef ben rejeb

Après ce stage, il développe sa première idée "Pi Sharing", une plateforme de partage d'idées, qu'il cède finalement pour continuer sa deuxième année et entamer un deuxième stage, où il met encore une fois ses compétences techniques pour finaliser son projet universitaire, mais il savait d'ores et déjà que ce qu'il voulait, c'était de devenir entrepreneur: "Mais je n'avais pas encore les compétences nécessaires, autres que techniques, pour le devenir." explique-t-il au HuffPost Tunisie.

C'est alors qu'il commence un 2ème master en Culture, Design et Management à l'Ecole des Mines. Un programme pluri-disciplinaire qu'il suit pendant une année, avec une pédagogie innovante qui réunit des étudiants de domaines différents, qui travaillent en groupe sur plusieurs projets, comme des micro-entreprises, et échangent leurs idées et leurs compétences, avec souvent, l'intervention d'entrepreneurs expérimentés.

Il acquière alors les compétences managériales et se sent prêt pour se lancer dans l'entrepreneuriat. C'est à ce moment que l'histoire de Carthage vient titiller son esprit, et il s'y abandonne. Il en parle à Etienne, qui adhère à l'idée et deviendra son collègue.

L'entrepreneur, un alchimiste

Avant qu'il ne s'y décide, Moncef, met son sac à dos, et avec 350 euros seulement, pendant un mois, il traverse 5 pays d'Europe, seul, "Je voulais me chercher, pousser mes limites."

L'alchimiste de Paulo Coelho entre ses mains, il écoute lui aussi son coeur, au gré de rencontres hasardeuses et inspirantes, entre couch surfing et une nuit dans un parc, pourrait-il survivre avec un budget si limité, pourrait-il y aller jusqu'au bout? Il met son audace à l'épreuve et explore ses capacités à l'extrême.

moncef ben rejeb

Un entrepreneur qui réussit doit être patient et passionné, il doit avoir une vision et des convictions auxquelles il croit vraiment, se dit-il.

"L'entrepreneuriat demande beaucoup d'endurance, beaucoup de patience, et cette expérience m'a permis de voir de si j'en étais capable. Car même avec peu de moyens et peu de ressources, mais avec un travail continu et beaucoup d'énergie, on peut concrétiser de grandes ambitions."


Et 1, et 2, et 3

De retour à Tunis, décidé, Moncef réunit l'équipe: Etienne et Victor, qui travaillent à distance, et Fawzi.
Il va à la rencontre d'artisans, spécialement ceux au village d'artisans de Denden, et pendant plusieurs mois, il va et revient, écoute leurs histoires et les partage sur le blog de Qartaj.

Au début, raconte-t-il, ils étaient méfiants. Ils avaient déjà reçu la visite de plusieurs personnes qui leurs avaient parlé de commercialiser leurs produits. Pour eux, c'était une perte de temps, et ils ne voulaient plus rien écouter. Mais c'est dans un contexte amical et au milieu de confidences qu'il gagne leur confiance. Sur une quarantaine d'artisans présents à ce "coworking space", il travaille actuellement avec 8 d'entre eux.

qartaj artisanat tunisie

Le 1er janvier 2016, une première version du site est lancée, avec un budget quasi-nul, suivie d'une deuxième, pour enfin arriver au résultat voulu.

"Nous avons mis 4 mois pour réaliser notre première vente, et nous y avons travaillé très dur, car il ne suffisait pas de vendre, nous avons effectué plusieurs déplacements, minutieusement choisi le packaging, nous avons aussi envoyé une carte postale." raconte-t-il.

Interactivité avec le client et confiance étaient les maitres mots. Les 4 mois avant cette première vente leurs auraient servi à communiquer, améliorer le contenu, chercher les failles, mais aussi, à apprendre la patience et la persévérance. Il fallait aussi comprendre le marché.

Ils décident enfin que la vente B2B était le choix optimal. C'est donc avec cette troisième version de Qartaj, avec un contenu en langue anglaise pour le cible étrangère, qu'ils démarrent leur activité.

Et dans ce climat innovant, presque un an après son lancement officiel, Qartaj se lie avec une autre start-up tunisienne, pour la période des fêtes. Qartaj et Peanota, marque tunisienne de beurre de cacahuète proposent aux Tunisiens résidents à l'étranger d'offrir un coffret Peanota, un lot de quatre pots, à leurs proches en Tunisie, en le commandant sur Internet. Les start-uppers se chargeront de la livraison. "Le but est de promouvoir ce nouveau produit, dont les Tunisiens n'ont pas beaucoup l'habitude, et par la même occasion, permettre aux Tunisiens, loin de chez eux, d'aborder les fêtes d'une façon originale."

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