Dans une émission diffusée sur la chaine Alhiwar Ettounsi, le 14 octobre 2016 à une heure de grande écoute, un animateur qui avait invité, pour témoigner, en réalité pour faire le Buzz, une jeune fille victime de viols répétés par ses proches (oncles et cousin), s'est permis de lui répéter à plusieurs reprises que c'était "de sa faute".
Il lui a également dit qu'elle était coupable d'avoir eu peur, de ne pas avoir dit plus tôt, qu'elle devait s'excuser et que la solution serait selon lui qu'elle épouse l'homme qui l'a violée et dont elle a eu un enfant, avant de se rétracter en apprenant que les violeurs étaient tous les trois mariés et pères de familles. Des pères de famille bien établis, un fonctionnaire, un agriculteur et, le comble, un muezzin ayant 5 enfants dont la plus jeune est plus âgée que la jeune fille dont il a abusé entre deux appels à la prière. (Selon la sœur).
Aussi bizarre que cela puisse paraitre, cette émission a été rediffusée le lendemain 15 octobre sans que la direction de la chaine, ni les professionnels ni la HAICA ne réagissent.
Cette affaire est gravissime non seulement parce que l'animateur a en fin de compte instrumentalisé, pour faire de l'audience, la souffrance de la victime, qui rappelons-le est mineure et qui venait d'ailleurs à l'émission réclamer justice, protection et assistance mais aussi parce qu'en dépit de quelques précautions de langage et des mots compatissants, en la désignant aussi comme coupable, il a complètement délégitimé sa souffrance, l'a disqualifiée et est passé à coté de l'essentiel, la dénonciation de l'ignominie de ce crime odieux et la nécessité de protéger d'autres victimes potentielles.
En faisant de ce drame, un problème de société qui pourrait être évoqué comme tant d'autres, cet animateur et avec lui la chaîne n'ont fait que banaliser l'abject et ont démontré le peu de respect qu'ils ont des règles élémentaires de la déontologie de leur métier, et le peu de conscience qu'ils ont de leur rôle en tant que média et de l'impact qu'une telle émission peut avoir.
Parce que cette attitude irresponsable de l'animateur et de la chaine porte atteinte à la dignité de toutes les femmes victimes de viols et de violences dans le cercle familial et dans la société, parce que l'animateur et la chaine ont failli, la HAICA et la justice doivent agir rapidement.
La violence à l'égard des femmes et des filles constitue une atteinte grave aux droits fondamentaux. Les médias ont un rôle extrêmement important dans la lutte contre la banalisation de la violence, c'est pourquoi nous nous devons d'être intolérants face à l'abject. L'audimat ne peut justifier l'injustifiable et la lutte contre les violences ne tolère aucun compromis. Un média qui se respecte interpelle l'intelligence des gens et se refuse d'abrutir et d'accompagner ce qu'il y a de plus vil en eux.
Il y a réellement urgence à la mise en application de l'article 46 de la constitution, en commençant par voter une loi cadre contre les violences faites aux femmes et par amender l'article 227 bis du code pénal qui autorise le mariage de la victime avec son violeur.
Il y a aussi urgence à engager une politique d'éducation à l'égalité dans tous les établissements scolaires et à tous les niveaux pour essayer de contrer toutes ces mentalités rétrogrades, misogynes et dangereuses pour le bien être des femmes et des filles.
De même, il est indispensable de mettre en place des formations de sensibilisation sur les violences et des formations à l'égalité en direction de tous les acteurs de la société (les professionnels des médias, les services de police et des agents de santé, tous les intervenants dans les tribunaux, ...), en se fondant sur quatre principes essentiels de la lutte contre la violence: la prévention, la protection, les poursuites et les politiques intégrées.
La démocratisation de la société nécessite un préalable celui de l'égalité entre les citoyens.
Aujourd'hui, on en est loin dans l'arsenal juridique du pays et encore plus loin dans les comportements. Commençons par harmoniser notre législation avec la constitution et attaquons nous chacun de là où il est, au grand chantier de la transformation de notre société par des actions significatives et durables.
Il lui a également dit qu'elle était coupable d'avoir eu peur, de ne pas avoir dit plus tôt, qu'elle devait s'excuser et que la solution serait selon lui qu'elle épouse l'homme qui l'a violée et dont elle a eu un enfant, avant de se rétracter en apprenant que les violeurs étaient tous les trois mariés et pères de familles. Des pères de famille bien établis, un fonctionnaire, un agriculteur et, le comble, un muezzin ayant 5 enfants dont la plus jeune est plus âgée que la jeune fille dont il a abusé entre deux appels à la prière. (Selon la sœur).
Aussi bizarre que cela puisse paraitre, cette émission a été rediffusée le lendemain 15 octobre sans que la direction de la chaine, ni les professionnels ni la HAICA ne réagissent.
Cette affaire est gravissime non seulement parce que l'animateur a en fin de compte instrumentalisé, pour faire de l'audience, la souffrance de la victime, qui rappelons-le est mineure et qui venait d'ailleurs à l'émission réclamer justice, protection et assistance mais aussi parce qu'en dépit de quelques précautions de langage et des mots compatissants, en la désignant aussi comme coupable, il a complètement délégitimé sa souffrance, l'a disqualifiée et est passé à coté de l'essentiel, la dénonciation de l'ignominie de ce crime odieux et la nécessité de protéger d'autres victimes potentielles.
En faisant de ce drame, un problème de société qui pourrait être évoqué comme tant d'autres, cet animateur et avec lui la chaîne n'ont fait que banaliser l'abject et ont démontré le peu de respect qu'ils ont des règles élémentaires de la déontologie de leur métier, et le peu de conscience qu'ils ont de leur rôle en tant que média et de l'impact qu'une telle émission peut avoir.
Parce que cette attitude irresponsable de l'animateur et de la chaine porte atteinte à la dignité de toutes les femmes victimes de viols et de violences dans le cercle familial et dans la société, parce que l'animateur et la chaine ont failli, la HAICA et la justice doivent agir rapidement.
La violence à l'égard des femmes et des filles constitue une atteinte grave aux droits fondamentaux. Les médias ont un rôle extrêmement important dans la lutte contre la banalisation de la violence, c'est pourquoi nous nous devons d'être intolérants face à l'abject. L'audimat ne peut justifier l'injustifiable et la lutte contre les violences ne tolère aucun compromis. Un média qui se respecte interpelle l'intelligence des gens et se refuse d'abrutir et d'accompagner ce qu'il y a de plus vil en eux.
Il y a réellement urgence à la mise en application de l'article 46 de la constitution, en commençant par voter une loi cadre contre les violences faites aux femmes et par amender l'article 227 bis du code pénal qui autorise le mariage de la victime avec son violeur.
Il y a aussi urgence à engager une politique d'éducation à l'égalité dans tous les établissements scolaires et à tous les niveaux pour essayer de contrer toutes ces mentalités rétrogrades, misogynes et dangereuses pour le bien être des femmes et des filles.
De même, il est indispensable de mettre en place des formations de sensibilisation sur les violences et des formations à l'égalité en direction de tous les acteurs de la société (les professionnels des médias, les services de police et des agents de santé, tous les intervenants dans les tribunaux, ...), en se fondant sur quatre principes essentiels de la lutte contre la violence: la prévention, la protection, les poursuites et les politiques intégrées.
La démocratisation de la société nécessite un préalable celui de l'égalité entre les citoyens.
Aujourd'hui, on en est loin dans l'arsenal juridique du pays et encore plus loin dans les comportements. Commençons par harmoniser notre législation avec la constitution et attaquons nous chacun de là où il est, au grand chantier de la transformation de notre société par des actions significatives et durables.
Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.