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Célibataires à deux, c'est beau ailleurs mais une chimère en Tunisie

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Célibataires à deux, c'est beau en Tunisie quand on a entre 20 et 25 ans, quand l'insouciance prime. Quand on a le temps de savourer ces moments de liberté commune, qu'on savait momentanés, des moments arrachés, volés à la société.

Car après c'est elle, cette société, qui prendra le dessus, éteindra à petits feux les fougues de la liberté, fera rappeler ses écrasantes lois.

Et elles sont d'une telle pesanteur qu'elles finiront par te faire plier ou presque. Quand tu es rattrapée par les appels de la "nature", conjugués à ceux de la société et pour t'accabler davantage ceux des lois du pays.

Alors l'histoire commence si belle, si "bon enfant", sans arrières pensées, légère, le temps que l'habitude s'installe, faisant jaillir des sentiments. Lorsque ces derniers s'immiscent, ils font désormais concurrence à ta liberté que tu croyais jalousement préservée. Quand on a envie de ne faire qu'un alors qu'on s'est engagé à rester deux. Quand l'attachement au partenaire devient un nid suspendu, confortable mais si fragile où il suffit d'un coup de vent pour le balayer. Un nid c'est si chaleureux, et si brûlant.

Quand la proximité installe son lot d'amour exclusif, de jalousie...quand la liberté se sacrifie sur l'autel de l'amour, on devient un couple presque comme les autres, faisant exiger tacitement des droits et des obligations. Alors célibataires à deux c'est beau pour une relation à durée déterminée.

La liberté sera encerclée encore quand on commence à approcher la trentaine, qu'on te ressasse que c'est désormais l'âge de se caser, de procréer. Un rappel incessant et de plus en plus pressant que tu finis par l'intégrer alors tu ne peux plus t'empêcher d'avoir des arrières pensées; l'idée de mariage plane.

Après tout c'est le moment! L'horloge biologique te fait rappeler aussi que c'est le moment idéal d'avoir des enfants, que tu n'es même pas sûr de vouloir, à cet instant en tout cas mais c'est une question de précaution, de se chercher des prétextes, quand on a plus envie de stabilité "assurée" que d'une liberté précaire.

Car être célibataires à deux c'est tout beau pour un homme. Pour une femme, on n'est sûr de rien.

Pas sûre que cet homme si charmant et libéré acceptera d'épouser une femme avec qui il a partagé son lit ou même de la considérer comme telle dans une relation libre quand on n'a ni l'intention, ni l'idée de la nécessité du mariage pour constituer un couple. Ça demande de sa part du courage et de la cohérence dans ses principes que d'oser briser les us et coutumes. Une qualité qu'on peut ériger en une denrée rare sous nos cieux.

A supposer qu'on a eu la chance de trouver cette denrée rare, dans une relation de couple solide, la société nous rattrapera quand même pour nous pourrir la tranquillité à coup de "que dira-t-on", ensemble sans ce foutu papier de contrat de mariage, le statut, les familles, les lois religieuses et profanes...

Et en terme de lois, on est bien encerclés: si on ne s'est pas fait choper pour prostitution, on n'échappera pas à l'absence de statut faisant protéger vos droits; un enfant né de ce couple, c'est des paperasses administratives interminables, n'en parlons pas des regards stigmatisants et ton nouveau statut de mère célibataire, "un cas social" en somme comme on aime les désigner dans ce pays. De quoi te faire presque regretter ta liberté.

Les célibataires à deux, on n'existe tout simplement pas sous les yeux des lois tunisiennes.

Alors "célibataires à deux", c'est beau seulement pour les peuples libres et libérés...Ici c'est une chimère.

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