CANCER - Ce sont des chiffres impressionnants mais relativement peu connus qui méritent qu'on s'y attarde en ce jeudi 4 février de journée contre le cancer. 70% des décès par cancer surviennent en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Ces mêmes pays rassemblent 60% des nouveaux cas de cancers dans le monde selon des données collectées par l'OMS en 2014.
Dans l'hémisphère sud, cette maladie qu'on imagine souvent à tort se développer principalement dans les pays riches, la situation ne fait qu'empirer principalement "par manque de dépistage et d'accès aux traitements", déplorent les auteurs du Rapport sur le cancer publié par le Centre Internationale pour la Recherche sur le Cancer (CIRC) en 2014.
Le cancer, un "fardeau" pour les pays en voie de développement
En 2008, le docteur Peter Boyle, alors directeur du CIRC, se montrait d'ailleurs très pessimiste quant à l'avenir de la lutte contre le cancer dans ces pays. "C’est sur les pays à ressources faibles et moyennes que l’impact du fardeau mondial du cancer se fera sentir le plus fortement [au cours des prochaines décennies]. Nombre de ces pays ont un budget de santé très limité et doivent déjà faire face au problème des maladies infectieuses. Les modalités de traitement du cancer sont hors d’atteinte pour des pans entiers de leur population et les thérapies les plus efficaces sont, de toute façon, économiquement inaccessibles."
Pourquoi une telle prolifération de cas de cancers dans ces pays? Le Professeur Pierre Aubry et le Docteur Bernard-Alex Gaüzère, deux spécialistes français de la médecine tropicale se sont intéressés à ce sujet dans le cadre des cours qu'ils dispensent pour le Diplôme de médecine tropicale dans l'Océan Indien. Selon eux, trois facteurs entrent en compte: le tabagisme, de possibles facteurs génétiques et la pollution de l'environnement (amiante, pollution atmosphérique, rejets de polluants industriels).
Contrairement aux pays européens et d'Amérique du Nord, les législations ne sont pas restrictives à l'égard du tabac. "30% des cancers sont liés au tabagisme dans le monde, rappellent les deux scientifiques. Le pic de l'épidémie doit se situer en 2020-2030 avec 10 millions de décès imputables au tabagisme, dont 70% dans les pays pauvres." Difficile d'assurer que les populations des pays en voie de développement ont des facteurs génétiques qui les prédisposeraient à développer des cancers. Mais, pour les cancers de la prostate et du sein par exemple, une composante génétique pourrait expliquer le nombre de cas, de même que des facteurs alimentaires et hormonaux.
Des cancers d'origine infectieuse, parasitaire ou mycosique
Mais ce n'est pas tout. Les cancers dans les pays du sud sont plus souvent que dans les pays occidentaux d'origine infectieuse, parasitaire ou encore mycosique. Les hépatites chroniques non traitées, le papillomavirus ou la bactérie H. Pylori expliquent ainsi nombre de cancers du foie, du col de l'utérus et de l'estomac. Ainsi, pour ne citer que lui, le cancer du col de l'utérus lié aux papillomavirus humains (HPV) est la deuxième cause de mortalité par cancer chez les femmes dans les pays en voie de développement et la première chez la femme africaine.
Une étude publiée en 2011 dans la revue scientifique The Lancet par des chercheurs de l'Université de Washington s'intéressait à l'incidence et la mortalité des cancers du sein et du col de l'utérus dans 187 pays. Elle montre que 76% des cas de cancer du col de l'utérus touchent les femmes dans les pays en voie de développement. Dans la moitié des cas, il s'agit de femmes de moins de 50 ans. "Les facteurs de risque importants et connus tels que l’obésité et la consommation de graisses animales n’expliquent pas tous les profils enregistrés, assurent les chercheurs américains. L’interaction entre les gènes et les facteurs de risque individuels pourrait expliquer ces tendances divergentes."
Mais les pays s'organisent pour faire face à ce problème de santé publique. Interrogée par Le Monde, Raymonde Goudou-Coffie, la ministre ivoirienne de la Santé, assurait ainsi avoir pris le dossier à bras le corps en février 2015: "Une campagne contre le tabagisme a été lancée et nous avons interdit la cigarette dans les lieux publics. 16.000 jeunes filles ont été vaccinées pour prévenir le cancer de l’utérus. Une convention a été passée avec le laboratoire Roche pour offrir une thérapie ciblée à 5000 femmes atteintes d’un cancer du sein."
Dans l'hémisphère sud, cette maladie qu'on imagine souvent à tort se développer principalement dans les pays riches, la situation ne fait qu'empirer principalement "par manque de dépistage et d'accès aux traitements", déplorent les auteurs du Rapport sur le cancer publié par le Centre Internationale pour la Recherche sur le Cancer (CIRC) en 2014.
Le cancer, un "fardeau" pour les pays en voie de développement
En 2008, le docteur Peter Boyle, alors directeur du CIRC, se montrait d'ailleurs très pessimiste quant à l'avenir de la lutte contre le cancer dans ces pays. "C’est sur les pays à ressources faibles et moyennes que l’impact du fardeau mondial du cancer se fera sentir le plus fortement [au cours des prochaines décennies]. Nombre de ces pays ont un budget de santé très limité et doivent déjà faire face au problème des maladies infectieuses. Les modalités de traitement du cancer sont hors d’atteinte pour des pans entiers de leur population et les thérapies les plus efficaces sont, de toute façon, économiquement inaccessibles."
Pourquoi une telle prolifération de cas de cancers dans ces pays? Le Professeur Pierre Aubry et le Docteur Bernard-Alex Gaüzère, deux spécialistes français de la médecine tropicale se sont intéressés à ce sujet dans le cadre des cours qu'ils dispensent pour le Diplôme de médecine tropicale dans l'Océan Indien. Selon eux, trois facteurs entrent en compte: le tabagisme, de possibles facteurs génétiques et la pollution de l'environnement (amiante, pollution atmosphérique, rejets de polluants industriels).
Contrairement aux pays européens et d'Amérique du Nord, les législations ne sont pas restrictives à l'égard du tabac. "30% des cancers sont liés au tabagisme dans le monde, rappellent les deux scientifiques. Le pic de l'épidémie doit se situer en 2020-2030 avec 10 millions de décès imputables au tabagisme, dont 70% dans les pays pauvres." Difficile d'assurer que les populations des pays en voie de développement ont des facteurs génétiques qui les prédisposeraient à développer des cancers. Mais, pour les cancers de la prostate et du sein par exemple, une composante génétique pourrait expliquer le nombre de cas, de même que des facteurs alimentaires et hormonaux.
Des cancers d'origine infectieuse, parasitaire ou mycosique
Mais ce n'est pas tout. Les cancers dans les pays du sud sont plus souvent que dans les pays occidentaux d'origine infectieuse, parasitaire ou encore mycosique. Les hépatites chroniques non traitées, le papillomavirus ou la bactérie H. Pylori expliquent ainsi nombre de cancers du foie, du col de l'utérus et de l'estomac. Ainsi, pour ne citer que lui, le cancer du col de l'utérus lié aux papillomavirus humains (HPV) est la deuxième cause de mortalité par cancer chez les femmes dans les pays en voie de développement et la première chez la femme africaine.
Une étude publiée en 2011 dans la revue scientifique The Lancet par des chercheurs de l'Université de Washington s'intéressait à l'incidence et la mortalité des cancers du sein et du col de l'utérus dans 187 pays. Elle montre que 76% des cas de cancer du col de l'utérus touchent les femmes dans les pays en voie de développement. Dans la moitié des cas, il s'agit de femmes de moins de 50 ans. "Les facteurs de risque importants et connus tels que l’obésité et la consommation de graisses animales n’expliquent pas tous les profils enregistrés, assurent les chercheurs américains. L’interaction entre les gènes et les facteurs de risque individuels pourrait expliquer ces tendances divergentes."
Mais les pays s'organisent pour faire face à ce problème de santé publique. Interrogée par Le Monde, Raymonde Goudou-Coffie, la ministre ivoirienne de la Santé, assurait ainsi avoir pris le dossier à bras le corps en février 2015: "Une campagne contre le tabagisme a été lancée et nous avons interdit la cigarette dans les lieux publics. 16.000 jeunes filles ont été vaccinées pour prévenir le cancer de l’utérus. Une convention a été passée avec le laboratoire Roche pour offrir une thérapie ciblée à 5000 femmes atteintes d’un cancer du sein."
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