Les trois années de transition politique (2011-2014) ont été très éprouvantes sur le plan économique. Les élections de décembre 2014 étaient donc très attendues, non seulement en raison de leur aspect historique et exceptionnel dans la région, mais surtout parce que les premières institutions durables issues des urnes avaient la très lourde tâche de répondre aux attentes de la révolution en termes de protection des droits et des libertés acquises, de développement des régions de l'intérieur et de lutte contre le chômage.
On aurait pu croire, que la durabilité des institutions élues allait être assortie d'une certaine stabilité politique incarnée par une "trêve sociale" mais c'était sans compter sur la déception qu'allait susciter le premier gouvernement de cette seconde République.
Une alliance politique paradoxale qui donne lieu à un gouvernement de satisfaction alors que la situation économique exige un gouvernement d'action. Un chef de gouvernement qui, le jour de sa nomination, octroie à tous ses ministres deux semaines de réflexion pour lui présenter un plan d'action, n'est-ce pas la preuve qu'il en est complètement dépourvu?
Le dernier remaniement ministériel saugrenu et les guerres de successions au sein du parti au pouvoir ont eu raison de la patience de fer qui a valu au peuple tunisien son Prix Nobel de la Paix.
Le soulèvement des jeunes dans les régions de l'intérieur et dans les quartiers populaires de la capitale pose une énième fois la question de la lutte contre le chômage. Sans de réelles mesures d'urgence pour l'emploi des jeunes, cette insurrection risque de venir à bout du processus démocratique entier.
Le taux d'investissement excessivement bas dans les régions de l'intérieur rend l'absorption du chômage par la création d'entreprises de type PME/PMI impossible. Pour augmenter l'investissement, il faut obligatoirement un désenclavement des régions de l'intérieur en améliorant les infrastructures et en installant un climat de sécurité, ces mesures peuvent être une solution partielle pour l'emploi mais certainement pas sur les courts/moyens termes.
Les politiques inefficaces d'embauche dans la fonction publique adoptées par la Tunisie entre 2011 et 2013 n'ont eu qu'un effet placebo très onéreux.
L'inadéquation entre les parcours académiques des jeunes diplômés et les exigences du marché du travail, ainsi que le déclin de la formation professionnelle sont l'une des principales raison de l'augmentation du taux de chômage des diplômés sur les 6 dernières années.
Dans les conditions économiques actuelles, l'État doit être l'acteur principal dans la lutte contre le chômage des jeunes, en particulier des jeunes diplômés, en stimulant l'embauche à travers une stratégie efficace pour l'emploi.
Cette stratégie peut prendre la forme de huit mesures d'urgence:
1)Création de Zones Prioritaires de l'Emploi
En prenant en considération les indicateurs tels que le niveau de vie, le taux de chômage ou encore la déscolarisation, l'État pourra mieux concentrer sa politique de stimulation de l'embauche sur les zones du pays les plus touchées.
2)Primes à l'embauche
Pour les jeunes de moins de 30 ans qui résident depuis 3 ans dans une Zone prioritaire de l'embauche et qui sont à la recherche d'un emploi depuis un an au moins, à chaque signature de CDI, l'employeur percevra une aide de 3 000 Dt (versée en deux fois: 1 000 Dt à la fin de la période d'essai et 2 000 Dt un an après l'embauche).
3)Exonération totale ou partielle des charges patronales et assurances sociales
En cas d'embauche d'un demandeur d'emploi âgé de moins de 26 ans en CDI, l'employeur est exonéré de cotisations patronales pendant 4 mois (6 mois pour les PME). À condition naturellement que le CDI se poursuive après la période d'essai.
4)Primes à l'apprentissage
Les entreprises qui embauchent un apprenti pour une durée minimale d'un an bénéficient d'une exonération partielle des charges sociales et d'une aide minimale de 300 Dt calculée en fonction de la localisation de la taille de l'entreprise (Ces primes concernent les jeunes chômeurs non diplômés et sans qualification).
5)Exonérations fiscales partielles ou totales,
Pour les entreprises qui créent/développent une activité dans les Zones Prioritaires de l'embauche une exonération de 100% de l'Impôt sur les Sociétés pour les deux premières années suivies d'un rabattement de 75%-50%-25% sur les trois années suivantes.
6)Simplification des démarches administratives
Une simplification du processus de création d'entreprises à travers la numérisation de certaines démarches administratives.
7)Aides accompagnant des départs anticipés en retraite
Offrir la possibilité aux salariés de plus de 55 ans de passer au temps partiel et en contrepartie l'employeur s'engage à embaucher en CDI un jeune demandeur d'emploi. L'État financera une partie ou la totalité de l'allocation versée au salarié en préretraite.
8)Création d'une institution nationale publique pour l'emploi (ou reforme de l'ANETI)
Création d'une institution publique pour l'emploi, dotée du caractère de service public administratif qui aurait pour mission l'accompagnement des demandeurs d'emploi dans leurs démarches administratives ainsi que la prospection du marché du travail. Cet organisme aura une vision globale de la situation de l'emploi à l'échelle nationale mais aussi, en incluant les régions et les départements à travers des chambres régionales et départementales de l'emploi, une vision plus détaillée dans un but de décentralisation de la lutte contre le chômage.
Ces huit mesures d'urgence ne peuvent être qu'une réponse conjoncturelle face à une situation critique, elles nécessitent l'intervention massive des acteurs principaux de la lutte contre le chômage, à savoir le ministère de l'Emploi et de la formation professionnelle, le ministère des Affaires Sociales, le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la recherche, ainsi que tous les partenaires sociaux tels que la Caisse Nationale de Sécurité Sociale.
Sur un plus long terme ces mesures doivent êtres assorties d'une politique de lutte contre l'emploi au noir et le travail déguisé ainsi qu'une politique efficace de lutte contre l'évasion fiscale.
On aurait pu croire, que la durabilité des institutions élues allait être assortie d'une certaine stabilité politique incarnée par une "trêve sociale" mais c'était sans compter sur la déception qu'allait susciter le premier gouvernement de cette seconde République.
Une alliance politique paradoxale qui donne lieu à un gouvernement de satisfaction alors que la situation économique exige un gouvernement d'action. Un chef de gouvernement qui, le jour de sa nomination, octroie à tous ses ministres deux semaines de réflexion pour lui présenter un plan d'action, n'est-ce pas la preuve qu'il en est complètement dépourvu?
Le dernier remaniement ministériel saugrenu et les guerres de successions au sein du parti au pouvoir ont eu raison de la patience de fer qui a valu au peuple tunisien son Prix Nobel de la Paix.
Le soulèvement des jeunes dans les régions de l'intérieur et dans les quartiers populaires de la capitale pose une énième fois la question de la lutte contre le chômage. Sans de réelles mesures d'urgence pour l'emploi des jeunes, cette insurrection risque de venir à bout du processus démocratique entier.
Le taux d'investissement excessivement bas dans les régions de l'intérieur rend l'absorption du chômage par la création d'entreprises de type PME/PMI impossible. Pour augmenter l'investissement, il faut obligatoirement un désenclavement des régions de l'intérieur en améliorant les infrastructures et en installant un climat de sécurité, ces mesures peuvent être une solution partielle pour l'emploi mais certainement pas sur les courts/moyens termes.
Les politiques inefficaces d'embauche dans la fonction publique adoptées par la Tunisie entre 2011 et 2013 n'ont eu qu'un effet placebo très onéreux.
L'inadéquation entre les parcours académiques des jeunes diplômés et les exigences du marché du travail, ainsi que le déclin de la formation professionnelle sont l'une des principales raison de l'augmentation du taux de chômage des diplômés sur les 6 dernières années.
Dans les conditions économiques actuelles, l'État doit être l'acteur principal dans la lutte contre le chômage des jeunes, en particulier des jeunes diplômés, en stimulant l'embauche à travers une stratégie efficace pour l'emploi.
Cette stratégie peut prendre la forme de huit mesures d'urgence:
1)Création de Zones Prioritaires de l'Emploi
En prenant en considération les indicateurs tels que le niveau de vie, le taux de chômage ou encore la déscolarisation, l'État pourra mieux concentrer sa politique de stimulation de l'embauche sur les zones du pays les plus touchées.
2)Primes à l'embauche
Pour les jeunes de moins de 30 ans qui résident depuis 3 ans dans une Zone prioritaire de l'embauche et qui sont à la recherche d'un emploi depuis un an au moins, à chaque signature de CDI, l'employeur percevra une aide de 3 000 Dt (versée en deux fois: 1 000 Dt à la fin de la période d'essai et 2 000 Dt un an après l'embauche).
3)Exonération totale ou partielle des charges patronales et assurances sociales
En cas d'embauche d'un demandeur d'emploi âgé de moins de 26 ans en CDI, l'employeur est exonéré de cotisations patronales pendant 4 mois (6 mois pour les PME). À condition naturellement que le CDI se poursuive après la période d'essai.
4)Primes à l'apprentissage
Les entreprises qui embauchent un apprenti pour une durée minimale d'un an bénéficient d'une exonération partielle des charges sociales et d'une aide minimale de 300 Dt calculée en fonction de la localisation de la taille de l'entreprise (Ces primes concernent les jeunes chômeurs non diplômés et sans qualification).
5)Exonérations fiscales partielles ou totales,
Pour les entreprises qui créent/développent une activité dans les Zones Prioritaires de l'embauche une exonération de 100% de l'Impôt sur les Sociétés pour les deux premières années suivies d'un rabattement de 75%-50%-25% sur les trois années suivantes.
6)Simplification des démarches administratives
Une simplification du processus de création d'entreprises à travers la numérisation de certaines démarches administratives.
7)Aides accompagnant des départs anticipés en retraite
Offrir la possibilité aux salariés de plus de 55 ans de passer au temps partiel et en contrepartie l'employeur s'engage à embaucher en CDI un jeune demandeur d'emploi. L'État financera une partie ou la totalité de l'allocation versée au salarié en préretraite.
8)Création d'une institution nationale publique pour l'emploi (ou reforme de l'ANETI)
Création d'une institution publique pour l'emploi, dotée du caractère de service public administratif qui aurait pour mission l'accompagnement des demandeurs d'emploi dans leurs démarches administratives ainsi que la prospection du marché du travail. Cet organisme aura une vision globale de la situation de l'emploi à l'échelle nationale mais aussi, en incluant les régions et les départements à travers des chambres régionales et départementales de l'emploi, une vision plus détaillée dans un but de décentralisation de la lutte contre le chômage.
Ces huit mesures d'urgence ne peuvent être qu'une réponse conjoncturelle face à une situation critique, elles nécessitent l'intervention massive des acteurs principaux de la lutte contre le chômage, à savoir le ministère de l'Emploi et de la formation professionnelle, le ministère des Affaires Sociales, le ministère de l'Enseignement Supérieur et de la recherche, ainsi que tous les partenaires sociaux tels que la Caisse Nationale de Sécurité Sociale.
Sur un plus long terme ces mesures doivent êtres assorties d'une politique de lutte contre l'emploi au noir et le travail déguisé ainsi qu'une politique efficace de lutte contre l'évasion fiscale.
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