Si je ne suis pas ton prochain, seulement parce que ma couleur de peau diffère de la tienne, que tu n'aimes pas les noirs, les blancs ou les jaunes. Ou seulement parce que mes cheveux sont crépus ou que je porterai des tresses ou que ma belle coiffure africaine t'incommoderait ou te dérangerait, ou que je serai rousse et que tu n'aimerais pas les rousses et que mes yeux seraient d'un noir intense ou verts-gris.
Que je serai gros ou trop mince, élancé ou handicapé, ou un nain. Que je serai chétif et malade et que mon allure gênerait ta quiétude. Que j'aurai le corps d'une femme ou d'un homme avec des rides et des balafres. Que mon corps porterait des stigmates, que je n'aurai pas de pieds et de mains, de membres, une tête vilaine, que mon corps jugé monstrueux n'aurait selon toi pas d'humanité, que je serai atteint de malformations graves et que simplement de me regarder, de me regarder te donnerait la nausée et le dégoût.
Si je ne suis pas ton ami, seulement parce que ma langue est différente de la tienne, que mon accent ne te parle pas alors qu'il chante. Que mes intonations te sont étrangères, alors qu'elles sont respectables. Que mes mots te frôlent sans t'atteindre au cœur. Que je parlerai seulement, penserais-tu, un dialecte ou un patois. Que je n'arriverai à éveiller et aiguiser ton regard et ton respect parce qu'il demeurerait entre toi et moi une part d'énigme et d'incompréhension due à la différence des cultures et des langues. Parce que dans mon pays, les livres se lisent en sens inverse au tien. Parce que tu ne me comprends pas car tu ne me connais pas et tu ne me connais pas parce que tu ne veux pas me connaître et me comprendre.
Si je ne suis pas ton voisin, seulement parce que je ne crois pas en ton Dieu. Seulement, parce que je ne prie pas comme toi, que je ne me rends pas à la messe, à la mosquée ou à la synagogue, au temple ou ailleurs. Seulement, parce que je ne pratique pas comme tu aimerais que je pratique. Seulement, parce que tes louanges me sont inconnues, que je ne me lève pas la nuit pour psalmodier ou réciter un verset. Que je ne m'agenouille pas ou ne me lève pas, que mes rites diffèrent. Que mon Dieu ou mes Dieux te font peur ou à l'inverse que je ne crois pas en Dieu. Que tu ignores ce que je suis et ce en quoi humainement je crois ou ne crois pas et aime tout de même. Que je mérite le respect et la compassion aussi.
Si je ne suis pas ton frère, parce que mon nom ou mon prénom, tu n'arriverais pas à le prononcer à cause des w, des y ou des k. Parce que je m'appellerai Ahiko, Chotsani, Ekevu, Isaac, Jawaad, Kiwe, Nabila, Teng, Yasmin ou Jean-Pierre. Parce que mon nom serait une lettre, une lettre qui dirait la liberté et ferait l'amour. Et que, pour toi, seule ta langue maternelle mériterait d'être parlée.
Si je ne suis pas ton camarade, parce que je ne mange pas comme toi, parce que la viande est interdite ou le porc, parce qu'il ne faudrait pas que je mélange la viande et le lait, parce que je ne pourrai manger qu'avant le soleil au méridien et une seule fois par jour, parce que ma nourriture devrait être consommée méditativement, sans bruits, parce que je pourrai boire d'alcool, le vin et toute boisson enivrante ( orge, blé, datte..) liquide fermenté, pressé ou cuisiné. Parce que pour moi, la nourriture est considérée comme une occasion de pratiquer la tempérance, le contentement, la compassion ou la générosité et non pour toi, qui abuse quotidiennement des richesses de la terre et jette la nourriture.
Parce que je ne pourrais consommer que les animaux aquatiques qui ont des nageoires et des écailles. Parce que la consommation de sang me serait interdite. Parce que j'exécrerai de manger du cheval. Parce que mes nourritures clairement interdites sont les viandes, notamment le bœuf, les produits issus de la volaille (œufs), le poisson, ainsi que quelques légumes ou qu'à l'inverse, je pourrai manger du porc, mélanger le lait et le miel et ne pas être végétarien. Ce que tu ne comprendrais pas. Car tu pourrais être intolérant. Tu n'aimerais pas que je mange du porc.
Si je ne suis pas toi parce que je serai une femme qui sait contredire son époux, particulièrement sur la place publique. Parce que j'ai senti de la pression par rapport à mon habillement, à mon poids ou mon accent et que tu ne me vois pas. Parce que j'accorderai de l'importance au face-à-face alors que pour toi la communication à distance par téléphone, télécopie, messagerie électronique ou vidéoconférence te parle continuellement. Parce que lorsque je pleure un défunt, son cercueil est ouvert, parce que je dois l'incinérer et non l'enterrer. Parce que chez moi, les gens klaxonnent les animaux qui traversent les routes et les rues. Parce que je n'aurai pas de carte bleue. Parce que nos rues n'auraient pas de noms. Parce que tu croirais que je viens d'un autre monde, d'un autre temps.
Parce que tu oublieras que je suis un être humain alors que nous pourrions essayer de vivre ensemble, plus simplement.
Cependant, je suis obligé de parler et de te rappeler que j'ai un cœur, que le sang coule dans mes veines, que mes yeux valent les tiens, que de ma bouche sortent des mots qui peuvent être comme les tiens et aussi d'amour, que je sais élever des enfants, que je sais choyer mon prochain.
Que je m'appelle humanité.
Et que nos différences sont le sel de la vie.
Que je serai gros ou trop mince, élancé ou handicapé, ou un nain. Que je serai chétif et malade et que mon allure gênerait ta quiétude. Que j'aurai le corps d'une femme ou d'un homme avec des rides et des balafres. Que mon corps porterait des stigmates, que je n'aurai pas de pieds et de mains, de membres, une tête vilaine, que mon corps jugé monstrueux n'aurait selon toi pas d'humanité, que je serai atteint de malformations graves et que simplement de me regarder, de me regarder te donnerait la nausée et le dégoût.
Si je ne suis pas ton ami, seulement parce que ma langue est différente de la tienne, que mon accent ne te parle pas alors qu'il chante. Que mes intonations te sont étrangères, alors qu'elles sont respectables. Que mes mots te frôlent sans t'atteindre au cœur. Que je parlerai seulement, penserais-tu, un dialecte ou un patois. Que je n'arriverai à éveiller et aiguiser ton regard et ton respect parce qu'il demeurerait entre toi et moi une part d'énigme et d'incompréhension due à la différence des cultures et des langues. Parce que dans mon pays, les livres se lisent en sens inverse au tien. Parce que tu ne me comprends pas car tu ne me connais pas et tu ne me connais pas parce que tu ne veux pas me connaître et me comprendre.
Si je ne suis pas ton voisin, seulement parce que je ne crois pas en ton Dieu. Seulement, parce que je ne prie pas comme toi, que je ne me rends pas à la messe, à la mosquée ou à la synagogue, au temple ou ailleurs. Seulement, parce que je ne pratique pas comme tu aimerais que je pratique. Seulement, parce que tes louanges me sont inconnues, que je ne me lève pas la nuit pour psalmodier ou réciter un verset. Que je ne m'agenouille pas ou ne me lève pas, que mes rites diffèrent. Que mon Dieu ou mes Dieux te font peur ou à l'inverse que je ne crois pas en Dieu. Que tu ignores ce que je suis et ce en quoi humainement je crois ou ne crois pas et aime tout de même. Que je mérite le respect et la compassion aussi.
Si je ne suis pas ton frère, parce que mon nom ou mon prénom, tu n'arriverais pas à le prononcer à cause des w, des y ou des k. Parce que je m'appellerai Ahiko, Chotsani, Ekevu, Isaac, Jawaad, Kiwe, Nabila, Teng, Yasmin ou Jean-Pierre. Parce que mon nom serait une lettre, une lettre qui dirait la liberté et ferait l'amour. Et que, pour toi, seule ta langue maternelle mériterait d'être parlée.
Si je ne suis pas ton camarade, parce que je ne mange pas comme toi, parce que la viande est interdite ou le porc, parce qu'il ne faudrait pas que je mélange la viande et le lait, parce que je ne pourrai manger qu'avant le soleil au méridien et une seule fois par jour, parce que ma nourriture devrait être consommée méditativement, sans bruits, parce que je pourrai boire d'alcool, le vin et toute boisson enivrante ( orge, blé, datte..) liquide fermenté, pressé ou cuisiné. Parce que pour moi, la nourriture est considérée comme une occasion de pratiquer la tempérance, le contentement, la compassion ou la générosité et non pour toi, qui abuse quotidiennement des richesses de la terre et jette la nourriture.
Parce que je ne pourrais consommer que les animaux aquatiques qui ont des nageoires et des écailles. Parce que la consommation de sang me serait interdite. Parce que j'exécrerai de manger du cheval. Parce que mes nourritures clairement interdites sont les viandes, notamment le bœuf, les produits issus de la volaille (œufs), le poisson, ainsi que quelques légumes ou qu'à l'inverse, je pourrai manger du porc, mélanger le lait et le miel et ne pas être végétarien. Ce que tu ne comprendrais pas. Car tu pourrais être intolérant. Tu n'aimerais pas que je mange du porc.
Si je ne suis pas toi parce que je serai une femme qui sait contredire son époux, particulièrement sur la place publique. Parce que j'ai senti de la pression par rapport à mon habillement, à mon poids ou mon accent et que tu ne me vois pas. Parce que j'accorderai de l'importance au face-à-face alors que pour toi la communication à distance par téléphone, télécopie, messagerie électronique ou vidéoconférence te parle continuellement. Parce que lorsque je pleure un défunt, son cercueil est ouvert, parce que je dois l'incinérer et non l'enterrer. Parce que chez moi, les gens klaxonnent les animaux qui traversent les routes et les rues. Parce que je n'aurai pas de carte bleue. Parce que nos rues n'auraient pas de noms. Parce que tu croirais que je viens d'un autre monde, d'un autre temps.
Parce que tu oublieras que je suis un être humain alors que nous pourrions essayer de vivre ensemble, plus simplement.
Cependant, je suis obligé de parler et de te rappeler que j'ai un cœur, que le sang coule dans mes veines, que mes yeux valent les tiens, que de ma bouche sortent des mots qui peuvent être comme les tiens et aussi d'amour, que je sais élever des enfants, que je sais choyer mon prochain.
Que je m'appelle humanité.
Et que nos différences sont le sel de la vie.
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