Cette vidéo nous édifie sur l'un des grands rêves de Daech: la domination des femmes et le contrôle de leur corps. Comment expliquer les atrocités commises par l'État Islamique contre les femmes et dont on ne trouve pas de référents religieux plausibles? Comment expliquer ce "raffinement" dans l'infériorisation et l'humiliation des musulmanes qui n'a pas d'équivalent dans l'histoire?
Il semble que Daech se construit autour de deux rêves: celui d'exercer le pouvoir et celui de contrôler la sexualité féminine, les deux rêves étant imbriqués.
L'infériorisation des femmes est au cœur du projet daéchien
L'infériorisation des femmes est au cœur du projet daéchien. Et cette infériorisation ne consiste pas seulement à rentrer les dames à la maison et à les exclure de toute prise de décision politique ou sociale, mais à en faire l'objet même de la domination, le terrain où s'exerce l'appétit du pouvoir masculin, le champ de démonstration d'une puissance que ces jeunes djihadistes n'ont pas eu ailleurs. C'est dire s'il y a là, non pas une utopie religieuse, islamique, mais une immense carence psychologique et morale.
Daech va tout autoriser, y compris le viol
Cette conception d'un être féminin ontologiquement dénué de raison et de volonté ouvre la porte à l'empire du sexe. Daech va tout autoriser, en l'occurrence, y compris le viol. Dans ce sens, Daech est une grande entreprise de luxure sous un ciel puritain. Une usine de fornication qui porte un faux label religieux, un lupanar qui ne dit pas son nom et qui s'inscrit dans une logique de consumérisme et de luxure, dénuée de l'idée de péché.
Ce "sexe à volonté" relance-t-il le mécanisme onirique des anciens harems et l'image d'un Orient de volupté? Certes, non. Les exactions de Daech portent un coup fatal à l'idée d'un islam réconcilié avec le sexe, tout autant qu'au fantasme occidental d'une sexualité torride dans les harems, et d'odalisques qui se prélassent... Daech, c'est l'anti-Mille et Une nuits par excellence. Les Shéhérazade n'y ont plus d'identité précise, elles sont devenues des fantômes ambulants, des corps sans contours, des esclaves pour les unes, des combattantes et des kamikazes pour les autres.
Ce que Daech dit des sociétés arabo-musulmanes contemporaines
Mais, plus que par la référence au passé, Daech nous intéresse par ce qu'il désigne des sociétés arabo-musulmanes contemporaines et des paradoxes qui les minent. Il révèle la réalité d'une jeunesse frustrée de sexe, branchée sur les sites pornos mais qui ne peut pas consommer. Pourquoi? En raison de pressions sociales et de mentalités restées sévères quant à la moindre liberté sexuelle hors du mariage. A cause du carcan moral de régimes politiques qui peuvent toujours se gargariser de slogans de liberté et de démocratie, mais qui rechignent à libérer l'étau du sexe. A cause de conditions de précarité et de chômage qui font qu'on ne peut plus avoir les moyens de se marier et donc d'avoir des relations sexuelles autorisées. Ajoutez à cela l'impossibilité pour la gente masculine de pratiquer la polygamie qui, naguère, leur permettait d'avoir les moyens de satisfaire leur libido... Alors, que faut-il faire? L'État islamique est là. Son cheptel de houris, aussi. Pour ce monde, pour l'autre...
L'analyse de Fawzia Zouari vient en réaction à la vidéo sur la vie quotidienne à Raqqa, capitale de l'Etat Islamique, réalisée en caméra cachée et au péril de leur vie par deux femmes syriennes, pour le compte du média suédois Expressen TV:
Il semble que Daech se construit autour de deux rêves: celui d'exercer le pouvoir et celui de contrôler la sexualité féminine, les deux rêves étant imbriqués.
L'infériorisation des femmes est au cœur du projet daéchien
L'infériorisation des femmes est au cœur du projet daéchien. Et cette infériorisation ne consiste pas seulement à rentrer les dames à la maison et à les exclure de toute prise de décision politique ou sociale, mais à en faire l'objet même de la domination, le terrain où s'exerce l'appétit du pouvoir masculin, le champ de démonstration d'une puissance que ces jeunes djihadistes n'ont pas eu ailleurs. C'est dire s'il y a là, non pas une utopie religieuse, islamique, mais une immense carence psychologique et morale.
Daech va tout autoriser, y compris le viol
Cette conception d'un être féminin ontologiquement dénué de raison et de volonté ouvre la porte à l'empire du sexe. Daech va tout autoriser, en l'occurrence, y compris le viol. Dans ce sens, Daech est une grande entreprise de luxure sous un ciel puritain. Une usine de fornication qui porte un faux label religieux, un lupanar qui ne dit pas son nom et qui s'inscrit dans une logique de consumérisme et de luxure, dénuée de l'idée de péché.
Ce "sexe à volonté" relance-t-il le mécanisme onirique des anciens harems et l'image d'un Orient de volupté? Certes, non. Les exactions de Daech portent un coup fatal à l'idée d'un islam réconcilié avec le sexe, tout autant qu'au fantasme occidental d'une sexualité torride dans les harems, et d'odalisques qui se prélassent... Daech, c'est l'anti-Mille et Une nuits par excellence. Les Shéhérazade n'y ont plus d'identité précise, elles sont devenues des fantômes ambulants, des corps sans contours, des esclaves pour les unes, des combattantes et des kamikazes pour les autres.
Ce que Daech dit des sociétés arabo-musulmanes contemporaines
Mais, plus que par la référence au passé, Daech nous intéresse par ce qu'il désigne des sociétés arabo-musulmanes contemporaines et des paradoxes qui les minent. Il révèle la réalité d'une jeunesse frustrée de sexe, branchée sur les sites pornos mais qui ne peut pas consommer. Pourquoi? En raison de pressions sociales et de mentalités restées sévères quant à la moindre liberté sexuelle hors du mariage. A cause du carcan moral de régimes politiques qui peuvent toujours se gargariser de slogans de liberté et de démocratie, mais qui rechignent à libérer l'étau du sexe. A cause de conditions de précarité et de chômage qui font qu'on ne peut plus avoir les moyens de se marier et donc d'avoir des relations sexuelles autorisées. Ajoutez à cela l'impossibilité pour la gente masculine de pratiquer la polygamie qui, naguère, leur permettait d'avoir les moyens de satisfaire leur libido... Alors, que faut-il faire? L'État islamique est là. Son cheptel de houris, aussi. Pour ce monde, pour l'autre...
L'analyse de Fawzia Zouari vient en réaction à la vidéo sur la vie quotidienne à Raqqa, capitale de l'Etat Islamique, réalisée en caméra cachée et au péril de leur vie par deux femmes syriennes, pour le compte du média suédois Expressen TV:
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