Interviewé par Slate.fr à l'occasion de la sortie de son livre "Les revenants", le reporter à RFI David Thomson revient sur le phénomène djihadiste mais également sur la Tunisie, où il était correspondant de RFI pendant et après la révolution.
Un "déni tunisien" face à la menace djihadiste
Revenant sur les reproches qui lui ont été fait de s'être penché sur le sujet du djihadisme a l'époque, David Thomson affirme qu'il y a eu un "déni tunisien" face à ce sujet.
"La déconnexion était pire en Tunisie qu’en France, parce que les élites représentaient tout médiatiquement, rien politiquement" a t-il indiqué affirmant que ces élites ne savaient pas ce qui se passaient dans les régions et étaient la source d'information principale de "l'intelligentsia et des médias français" qui en ont donc eu une version "biaisée de la réalité".
Pour le journaliste, que ce soit ses collègues tunisiens, les activistes ou les hommes politiques, d'aucun n'a compris la menace djihadiste en Tunisie: "(Ils) me critiquaient publiquement pour le simple fait de travailler sur le sujet. Eux-mêmes n’avaient pas du tout réalisé ce qui était en train de se passer dans leur propre société qu’au fond, ils ne connaissaient pas" a t-il affirmé.
Citant une anecdote qu'il a eu avec Moncef Marzouki en 2011, ce dernier lui a "passé un savon" parce qu'il a osé lui poser une question sur la menace djihadiste.
Ce déni était justifié selon lui par la rhétorique " le terrorisme n’est pas tunisien, le pays de Bourguiba, du code du statut personnel de la femme, etc…".
"Une grande partie de l’opinion, et beaucoup de gens dans les médias aussi, étaient convaincus qu’il n’y avait pas de problème de djihadiste mais qu’il y avait un complot du ministère de l’intérieur" relate t-il indiquant que cela a duré jusqu'à 2015 et s'appelait la "théorie des fausses barbes", les gens étant convaincus que le djihadisme était lié au RCD qui faisait tout pour revenir au pouvoir.
Le déni à l'origine des départs vers la Syrie
Selon le journaliste, c'est à cause de ce déni que la Tunisie "est devenu dès 2013 le principal exportateur de djihadistes au monde vers la Libye, la Syrie et l’Irak" a t-il rapporté.
Si selon lui la Tunisie a exporté autant de djihadistes, cela s'explique entre autres par l'instabilité politique post-révolutionnaire. Au bout de deux ans, il a vu "des groupuscules djihadistes" se transformer en "mouvement social" sans aucune restriction "dans l'indifférence générale".
Certains indices ne trompaient pas indique t-il: "Dès 2012, j’ai vu les mosquées se vider de moitié en Tunisie" explique t-il ajoutant que beaucoup de Tunisiens partaient en Syrie: "Les bateaux ne partaient plus vers l’Europe, ils avaient déplacé leurs espoirs du terrain économique au terrain spirituel".
L'ONU, estimait en 2015, a près de 5500 le nombre de djihadistes tunisiens en Syrie et en Libye. Pour sa part, le "Soufan Group", institut spécialisé dans le renseignement, estimait ce chiffre à près de 6000.
Le retour de ces djihadistes inquiète les autorités tunisiennes. Lors d'une réunion avec le Conseil supérieur des Forces armées, le président de la République Béji Caid Essebsi a indiqué que ces derniers "doivent être inculpés sur la base de la loi de lutte contre le terrorisme".
Un "déni tunisien" face à la menace djihadiste
Revenant sur les reproches qui lui ont été fait de s'être penché sur le sujet du djihadisme a l'époque, David Thomson affirme qu'il y a eu un "déni tunisien" face à ce sujet.
"La déconnexion était pire en Tunisie qu’en France, parce que les élites représentaient tout médiatiquement, rien politiquement" a t-il indiqué affirmant que ces élites ne savaient pas ce qui se passaient dans les régions et étaient la source d'information principale de "l'intelligentsia et des médias français" qui en ont donc eu une version "biaisée de la réalité".
Pour le journaliste, que ce soit ses collègues tunisiens, les activistes ou les hommes politiques, d'aucun n'a compris la menace djihadiste en Tunisie: "(Ils) me critiquaient publiquement pour le simple fait de travailler sur le sujet. Eux-mêmes n’avaient pas du tout réalisé ce qui était en train de se passer dans leur propre société qu’au fond, ils ne connaissaient pas" a t-il affirmé.
Citant une anecdote qu'il a eu avec Moncef Marzouki en 2011, ce dernier lui a "passé un savon" parce qu'il a osé lui poser une question sur la menace djihadiste.
Ce déni était justifié selon lui par la rhétorique " le terrorisme n’est pas tunisien, le pays de Bourguiba, du code du statut personnel de la femme, etc…".
"Une grande partie de l’opinion, et beaucoup de gens dans les médias aussi, étaient convaincus qu’il n’y avait pas de problème de djihadiste mais qu’il y avait un complot du ministère de l’intérieur" relate t-il indiquant que cela a duré jusqu'à 2015 et s'appelait la "théorie des fausses barbes", les gens étant convaincus que le djihadisme était lié au RCD qui faisait tout pour revenir au pouvoir.
Le déni à l'origine des départs vers la Syrie
Selon le journaliste, c'est à cause de ce déni que la Tunisie "est devenu dès 2013 le principal exportateur de djihadistes au monde vers la Libye, la Syrie et l’Irak" a t-il rapporté.
Si selon lui la Tunisie a exporté autant de djihadistes, cela s'explique entre autres par l'instabilité politique post-révolutionnaire. Au bout de deux ans, il a vu "des groupuscules djihadistes" se transformer en "mouvement social" sans aucune restriction "dans l'indifférence générale".
Certains indices ne trompaient pas indique t-il: "Dès 2012, j’ai vu les mosquées se vider de moitié en Tunisie" explique t-il ajoutant que beaucoup de Tunisiens partaient en Syrie: "Les bateaux ne partaient plus vers l’Europe, ils avaient déplacé leurs espoirs du terrain économique au terrain spirituel".
L'ONU, estimait en 2015, a près de 5500 le nombre de djihadistes tunisiens en Syrie et en Libye. Pour sa part, le "Soufan Group", institut spécialisé dans le renseignement, estimait ce chiffre à près de 6000.
Le retour de ces djihadistes inquiète les autorités tunisiennes. Lors d'une réunion avec le Conseil supérieur des Forces armées, le président de la République Béji Caid Essebsi a indiqué que ces derniers "doivent être inculpés sur la base de la loi de lutte contre le terrorisme".
Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.