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Le résistant Ridha Ben Ammar, une page inédite de l'histoire de la Tunisie

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Le résistant Ridha Ben Ammar passa sa vie entre Tunis et la Marsa, avec des séjours forcés plus ou moins longs en Egypte, en Libye....et dans les geôles tunisiennes d'après indépendance...une indépendance à laquelle il a tant contribué.

Il naquit le 23 Mars 1926 à la Marsa, dans une vieille famille tunisoise, et décéda le 18 Février 1979 à Tunis.

Avant de s'engager dans la politique et la lutte armée contre le colonisateur Français, il était agriculteur.

Dans sa jeunesse il était volontaire dans la Croix Rouge Tunisienne où il apprit le sens de l'altruisme et du sacrifice.

Tout jeune, il bénéficia d'une formation politique et militaire dans un camp supervisé par le directeur du parti destourien.

Ridha Ben Ammar est l'un des fondateurs de l'Armée de Libération Tunisienne. Ainsi, il conduisit la résistance armée dans la capitale Tunis et ses environs durant la période 1952 - 1956.

L'héroïque évasion de la prison du Bardo

En 1953, Ridha Ben Ammar fut arrêté par l'armée française et incarcéré dans la prison civile du Bardo plus connue sous "Zandalet Bardo".

La nuit du 22 Aout 1953, il réussit à s'évader héroïquement avec quarante-six (46) compagnons de cellule.

Quatre (4) des fugitifs furent arrêtés, dont un fut abattu par l'armée française.

Subséquemment, il se refugia, avec soixante (60) de ses compagnons, à Tripoli pour regagner par la suite l'Egypte où il reçu une formation militaire au Caire.

La « Haute Cours » condamne Ridha Ben Ammar et Ali Zlitni à 20 ans de travaux forcés

Le 21 Mai 1956, suite à une opération militaire menée par l'armée tunisienne et la garde nationale, il fut arrêté à "Mejez El Bab"», avec l'assistance des services secrets français.

En 1957, "La Haute Cours" le condamna à vingt (20) ans de travaux forcés dans l'affaire qui fut connu sous "Le Complot Yousséfiste" avec son compagnon Ali Zlitni.

En 1965, après neuf (9) ans de prison, il fut relaxé, bien qu'il ait refusé, mordicus, de demander la grâce présidentielle, comme l'exigea alors Bourguiba.

À sa sortie, il demeura très actif dans le domaine des droits de l'homme en tant président d'honneur de la Ligue Tunisienne des Droits de l'Homme.

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Une fausse dénomination: Le dernier groupe Yousséfiste..."Le Groupe de Ridha Ben Ammar"

Le 21 Mai 1956, une conférence de presse fut tenue au ministère de l'Intérieur, le ministre de l'intérieur, Taieb Mhiri, y annonçait l'arrestation du dernier "Groupe Youssefiste" de Ridha Ben Ammar, dans la ville de Mejaz El Bab, par l'armée tunisienne et la garde nationale en collaboration avec les services secrets français.

Il fut jugé le 28 Janvier 1957 par la malfamée "Haute Cours" qui fut instaurée à juste titre par un décret présidentiel en date du 19 Mars 1956.

Dans ce simulacre de procès, furent jugés aussi Salah Ben Youssef et trois (3) de ses lieutenants. La peine capitale fut prononcée contre eux par contumace, car tous en état de fuite.

Soixante-dix (70) autres résistants furent également jugés.

Le procès, transmis en direct par la radio nationale, dura treize (13) jours, un procès connu sous "le complot Youssefiste".

Le 2 Février 1957, trois (3) des résistants furent exécutés.

La presse écrite de l'époque relatait que les véritables vedettes du procès étaient "Ridha Ben Ammar" et son compagnon "Ali Zlitni", qui écopèrent tous les deux vingt (20) ans de travaux forcés.

Assassinat de Farhat Hached: Création du Conseil Supérieur de la Résistance Armée

Suite à l'assassinat du leader syndicaliste Farhat Hached en Décembre 1952, Ridha Ben Ammar, Salah Bouderbala, Hamadi Ghars, Noureddine Ben Jemii, Hedi Ouertani, après de longues réunions secrètes tenues essentiellement à El Omrane et à La Marsa, prirent la résolution de créer "Le Conseil Supérieur de la Résistance Armée".

Le premier noyau de l'Armée de Libération Nationale Tunisienne est né.

Ils se sont réunis dans la mosquée d'El Omrane, et prêtèrent sermon sur le saint coran pour venger la mort de Farhat Hached en ayant recours à la lutte armée.

Ridha Ben Ammar fut désigné, par le parti, chef de l'Armée de Libération au Grand Tunis.

Le conseil, était contre l'assassinat de tout tunisien tant qu'il ne trahissait pas la cause tunisienne.

Le "Groupe de Ridha Ben Ammar" rejette les Accords Franco-Tunisiens du 3 Juin 1955

À partir du 20 Novembre 1955, le mouvement de résistance armée connu une division parmi ses rangs entre ceux qui rejetèrent les accords et ceux qui ont répondu à l'appel du parti pour rendre les armes et cesser toutes activités militaires contre la France.

Certains leaders ont répondu à l'appel en rendant leurs tabliers dont: Lazhar Chraiti, Sassi Lasoued et Mosbah Jarboui, alors que Tahar Lasoued et "Le Groupe de Ridha Ben Ammar", encore refugié au Moyen Orient, avaient refusé de rendre les armes.

À ce propos, le résistant Hamadi Ghars affirmait que le rejet des accords Franco-Tunisiens par le "Groupe de Ridha Ben Ammar" avait bien devancé celui des Yousséfistes.

Cette déclaration prouve que Ridha Ben Ammar et ses compagnons n'étaient ni de mouvance Youssefiste ni Bourguibiste: Seul l'intérêt de la Tunisie primait.

Ces accords qui cristallisèrent le schisme entre "Bourguibistes" et "Yousséfistes" aidèrent à coller l'étiquette de Youssefiste à Ridha Ben Ammar et ses compagnons: La vérité est toute autre!

Ironiquement, le magistrat Mohammed Ben Ammar, homme aussi sage que savant, et père de Ridha Ben Ammar, présida le "Comité des Quarante Sages" qui était désigné par le Bey de Tunis pour donner son avis sur lesdits accords.

Un rapport fut rédigé au domicile de Mohammed Ben Ammar à la Marsa, sous la protection de l'armée de libération par crainte d'un attentat de la part de la nébuleuse terroriste pro-française "La Main Rouge".

Ahmed Ben Bellah et Ridha Ben Ammar: Une inébranlable amitié

M. Ahmed Ben Bellah, premier président de l'Algérie indépendante, vouait une estime et un grand respect à Ridha Ben Ammar et ses compagnons pour leur soutien inconditionnel aux résistants algériens lors de leur lutte pour une Algérie souveraine et indépendante.

Selon ses propres déclarations lors d'une interview diffusé le 27 Octobre 2002 sur la chaine Al Jazeera, Ben Bellah fit pression sur Bourguiba, utilisant comme levier de contrainte le dossier des frontières entres les deux pays et ce pour libérer Ridha Ben Ammar.

Ainsi fut-il, au début de l'année 1965, le président tunisien gracia Ridha Ben Ammar: Ce fut un jour de fête dans le tout Tunis.

Il est utile de rappeler que Beji Caied Essebsi, était alors Secrétaire d'État adjoint à l'Intérieur, et ami de Ridha Ben Ammar.

Sa noble dépouille est enterrée dans le caveau familial de sa famille dans le cimetière d'El Omrane.

M. Ridha Ben Ammar est décoré de l'Ordre de la République en 1966, et par l'Ordre National de l'Indépendance en 2013.

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