Programmé dans le bouquet Panorama (lors des Journées Cinématographiques de Carthage), le documentaire d'Ines Ben Othmane "Attitude", a été d'abord projeté à la prison civile de Borj Erroumi à Bizerte, avant d'être vu dans les salles de cinéma.
Face au public du Mondial, la jeune réalisatrice n'a pas caché son émotion suscitée par la projection à la prison adressée à des spectateurs condamnés à des longues peines.

Le film suit, de Bizerte à Sousse, des ultras, ces supporters de foot fanatiques et bruyants.
Qu'ils soient sang et or, rouge et noir, vert et noir, ou rouge et blanc, tous ces clubs ultra ont le même profil, les mêmes principes, les mêmes valeurs, qu'on peut résumer par trois mots: fraternité, liberté, haine de l'oppression.
Avant et après
Avant le 14 janvier, ils étaient traités comme des criminels et des voyous, après le 14 janvier ils sont traités comme des terroristes.
En témoignent des scènes de violence policière inqualifiable filmées par Inés.
Plusieurs supporters racontent leur arrestation, détention et jugement arbitraire. Tous disent qu'ils s'attendaient à ce que les choses changent après la révolution. Tous constatent que "rien n'a changé à part les têtes ".
La caméra d'Ines Ben Othmane a su être à la hauteur et à la vitesse de ses sujets, le montage très nerveux et dynamique, sans temps morts, fait bien ressortir l'extraordinaire énergie dégagée par ces centaines de jeunes hommes devenus ultras pour ne pas sombrer dans le désespoir individuel. Et on comprend bien au sortir du film que tout cela a peu à voir avec le ballon rond sur le terrain.
La réalisatrice nous a épargné les scènes de matchs dont nous sommes suffisamment abreuvé par les télévisions.
La caméra s'est exclusivement braquée sur les ultras et leurs ennemis de toujours, les robots casqués et armés de boucliers et de matraques.
Planète ultra
Ines Ben Othmane a réalisé une oeuvre de dimension sociologique et même anthropologique à portée universelle: son film saura, certainement, trouver des spectateurs concernés de l'Italie au Brésil et du Mexique à la Finlande.
Avant d'être Bizertins ou Kairouanais, avant même d'être Tunisiens, les ultras sont humains, trop humains.
Message explicite de ce documentaire palpitant: la prochaine révolution tunisienne, si elle a lieu, partira des stades.
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