Avant-propos: Les propos contenus dans ce blog ne reflètent pas mon avis personnel sur les élections américaines. Il s'agit là tout simplement d'une lecture sur ce qui aurait pu pousser les américains à voter Donald Trump
Cette vidéo à elle seule résume pourquoi Donald Trump a remporté les élections américaines.
Dans cette interview accordée à CNN en 2015, le candidat Donald Trump, appuyait là où ça fait mal: Guerre sans fin au Moyen-Orient, mobilisation des troupes américaines, dépenses futiles du budget américain, prolifération du terrorisme, et violations -plus exsangues encore- des droits de l'Homme dans les pays où l'administration américaine a jugé bon d'y fourrer le nez, à savoir, l'Irak, la Libye et la Syrie.
Ce tableau dressé par le nouvel homme fort de la première puissance mondiale, contraste avec les "engagements" de ses prédécesseurs dont les Affaires Étrangères étaient le socle de campagne, avec comme principale arme: l'interventionnisme.
Georges W. Bush, avait fait lors de la campagne de 2004 de la guerre en Irak et Afghanistan une priorité afin d'affaiblir "l'axe du mal", à l'origine selon lui du 11 septembre 2001 dont les souvenirs étaient encore vivaces.
En 2008, c'est Barack Obama qui a mis les Affaires Étrangères au devant de la scène: Retrait des troupes d'Afghanistan puis de l'Irak revenait souvent dans son discours, même s'il a eu du mal à l'appliquer par la suite, étant même obligé d'envoyer des troupes supplémentaires.
En 2012, la campagne pour son deuxième mandat, s'inscrit dans la vague du printemps arabe qui secoue la région MENA. Une aubaine pour un candidat en campagne qui en profitera.
12 ans donc que les dirigeants américains, ont leurs yeux rivés plus sur le reste du monde que sur leur propre pays. 12 ans que les citoyens américains, qui font face à la crise économique et au chômage comme le reste du monde regardent leur quotidien se détériorer alors que leur pays "impose" la démocratie ailleurs.
Ce vote en faveur de Donald Trump trouve sans doute son origine dans ce ras-le-bol exprimé par les citoyens américains. Face à une Clinton "plus belliciste" et plus prompte à réagir sur des dossiers qui ne concernent pas de près les américains, c'est le candidat qui apporte des solutions -peu importe leurs faisabilité, leurs conséquences- à leur quotidien qui a triomphé. Même si Trump se mouille en matière de relations internationales, à aucun moment dans son discours il n'est clairement dit qu'il sera "interventionniste", cela a dû donc suffire amplement.
Car oui, la seconde partie de la vidéo ci-dessus est plus importante encore que ce qu'il dit au début: "Nous devons reconstruire notre pays. Notre pays tombe en miettes...Nos infrastructures sont un désastre, nos routes, nos écoles, nos aéroports...nous devons penser à nous" a t-il affirmé.
C'est ce discours qui a trouvé un écho auprès des électeurs. L'industrie américaine flanche, la prospérité et la vitalité de la classe moyenne se délite, un taux de chômage qui augmente....
En effet, la situation aux États-Unis est loin de l' "American Dream" vendu à l'étranger: Une dette publique à hauteur de 75% du PIB, un taux de chômage de 9,7%, un taux de pauvreté de 13,5% et un revenu des ménages qui malgré une légère hausse en 2015 reste en deçà des attentes.
A ces problèmes, Trump a été celui qui a sûrement le mieux répondu à l'imaginaire des citoyens américains.
Car oui, pour le simple citoyen, les questions économiques et sociales sont prioritaires à tout le reste, le terrorisme n'est plus à leur porte et n'est plus seulement idéologique, il est chez eux et sous sa forme la plus vile et la plus menaçante: Il est économique et social.
D'autant que la prospérité et le rayonnement des États-Unis affichés des années durant commencent aussi à manquer: Les États-Unis négocient là où avant ils imposaient. Le Traité transatlantique (TAFTA) ou encore le Traité transpacifique (TPP) en sont des preuves d'autant plus que leur apport est loin de faire l'unanimité au pays de l'Oncle Sam.
A ces craintes que vivent les américains Trump à su y répondre dans l'inconscient du citoyen américain ordinaire:
- Il regrette la dévaluation de monnaie de certains pays à l'instar de l'Inde ou du Japon qu'il perçoit comme une menace et comme une concurrence déloyale,
- Il veut mettre en place des barrières tarifaires sur les produits chinois privilégiant le "made in USA",
- Il veut taxer les entreprises américaines qui délocalisent,
- Il refuse le Traité Transatlantique et remet en cause l'accord de Libre Échange régional avec le Canada et le Mexique,
- Il veut baisser les impôts sur les personnes physiques et sur les sociétés
- Il propose de remettre en place l'industrie du charbon et refuse de négocier les impacts environnementaux des Oléoducs et de l'extraction du pétrole.
- Il propose un allongement du congé maternité (moindre que celui proposé par Hilary Clinton) et une déduction d'impôt pour les gardes d'enfants pour les familles dans le besoin
- Il propose de remettre en place un programme d'étude commun à tous les États américains pour les enfants de moins de 12 ans.
Autant de réponses que Trump a distillé pour redorer le blason des États-Unis, non pas à l'international comme ses prédécesseurs mais avant tout au niveau national.
Son slogan lors de cette campagne présidentielle l'illustre d'ailleurs parfaitement: "Make America Great Again" (Rendre l'Amérique à nouveau grande).

Un message clair, précis, personnel, où les États-Unis sont le coeur du projet. Cela sonne différemment de "A Safer World and a More Hopeful America" (Un monde plus sûr et plus d'espoir en Amérique) slogan de campagne de George W. Bush en 2004, où les priorités américaines passent après le "monde plus sûr et d'un "Yes We Can" adressé au monde par Barack Obama en 2008 et non pas aux seuls américains.
Donald Trump a su vendre un projet aux citoyens américains, celui d'une Amérique forte de l'intérieur, d'une Amérique qui reprend confiance en elle, d'une Amérique qui se remet en selle et qui mieux que lui -petit-fils d'un immigré allemand, coiffeur devenu milliardaire dans l'immobilier- pour relancer le rêve d'un ascenseur social depuis trop longtemps en panne aux États-Unis.
Il a su parler dans un langage accessible à tous, se faire comprendre de tous, susurrer aux oreilles des Américains l'espoir d'un pays qui s'occuperait enfin d'eux et qui mieux que lui, figure patibulaire, aux propos gras, aux phrases assassines, à la culture populaire américaine; un américain moyen à la fortune héritée qui a été proche de la banqueroute avant de se relancer, pour enfin redonner sens à l' "American Dream" aux américains eux-même.
Retrouvez les articles du HuffPost Tunisie sur notre page Facebook.