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Tunisie: Au-delà du clash entre Ahmed Rahmouni et Néji Jalloul

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"Des actes de torture et des falsifications ont été découverts (...) à travers une enquête intérieure du ministère de l'Intérieur sur l'unité [d'enquête] anti-terroriste de Gorjani (...) Le juge a trouvé une contradiction entre les déclarations des accusés (...) et les motifs de l'affaire", a affirmé le juge Ahmed Rahmouni dans l'émission Al Yawm Athamen, à propos de 8 accusés dans l'attentat du musée du Bardo, qui ont été libérés en août 2015 par le juge d'instruction.

Vingt-deux personnes, dont 21 touristes étrangers, avaient été tuées le 18 mars dans cet attentat mené par deux jeunes tunisiens et revendiqué par le groupe Etat islamique.

Cette déclaration d'Ahmed Rahmouni a suscité l'indignation du ministre de l'Education, Néji Jalloul, présent sur le plateau de la chaîne Al Hiwar Ettounsi, qui a protesté contre ce qu'il a décrit comme un "blanchiment du terrorisme" de la part de M. Rahmouni:

"Je quitte le plateau. On va presque demander pardon à des terroristes (...) C'est de l'insolence", a lancé le ministre au président de l'Observatoire Tunisien pour l'Indépendance de la Magistrature (OTIM) qui n'a pas hésité à lui répondre par un "C'est vous l'insolent!"


Une vidéo controversée

Un échange chaotique venu dans le cadre d'un débat sur une vidéo controversée diffusée le 6 février dans l'émission "Labess" montrant Mohammed Amine Guebli, l'un des accusés libérés en aout. Le 26 mars 2015, quelques jour après l'attaque du Bardo, Najem Gharsalli, ministre de l'Intérieur à l'époque, l'avait cité comme le principal élément de la cellule terroriste à avoir planifié et organisé l’attaque.

Présent dans l'émission et commentant cette vidéo, le président de l'organisation Sécurité et Citoyenneté, Issam Dardouri, a affirmé que Mohammed Amine Guebli, y montre "le chemin menant à une cachette d'armes" aux agents, dans "la montagne de Sejnane", dans le nord de la Tunisie.

Le 11 février 2016 un mandat de dépôt a été émis contre Issam Dardouri. L'animateur de l'émission, Naoufel Ouertani, a été interrogé par le juge d'instruction, à propos de la diffusion de cette vidéo.

Pour Ahmed Rahmouni, cette vidéo est une "pièce de théâtre" visant à fabriquer des preuves contre Mohammed Amine Guebli, après la torture extrême qu'il aurait subi.

"La vidéo a été tournée après les interrogatoires et la torture qu'il a subi. Il n'y est pas allé pour montrer une cachette d'armes", a-t-il assuré.


Au-delà du clash

"Il y a certains juges qui ont un agenda politique (...) Le terrorisme n'est pas un point de vue. J'ai quitté le plateau en solidarité avec l'armée nationale qui protège notre honneur, avec les martyrs de l'armée nationale, avec les martyrs de la sécurité nationale, avec toutes les victimes du terrorisme", a martelé Néji Jalloul pour expliquer son "refus de s'asseoir à côté" d'Ahmed Rahmouni.

Contacté par le HuffPost Tunisie, ce dernier a estimé que le ministre de l'Education parlait "d'un sujet qu'il ignorait": "D'après ce qu'il a dit, il ignore même ce que veut dire 'secret de l'enquête'", a-t-il ajouté.

"Les accusations de Neji Jalloul contre moi prouvent qu'il n'est pas un démocrate. La critique des institutions est essentielle pour notre pays actuellement. Qu'est-ce que la solidarité avec l'armée et la police vient faire la-dedans? Pourquoi l'armée et la police seraient au-dessus des critiques, s'il y a des preuves contre elles?", s'est-il interrogé.


Selon le président de l'Observatoire de la Justice, il s'agit d'une "grande affaire" impliquant plusieurs dépassements, contradictions et atteintes au droits humains, "qu'on ne peut pas traiter avec légèreté ni sensationnalisme".

"Malheureusement cette émission ne m'a pas donné l'occasion de développer mes idées", a-t-il déploré.

Ce n'est pas la première fois que des soupçons de torture policière sur des accusés de terrorisme ont été émis au Gorjeni. En août 2015 sept personnes auraient subi des actes de torture policière. Leur avocat, Anouar Ouled Ali, avait dénoncé les agissements des forces de l'ordre. Selon lui, après avoir passé six jours de garde à vue les suspects auraient comparu devant le juge d'instruction, qui a décidé de les libérer. Le juge avait également "constaté des marques évidentes de torture sur cinq accusés, comme des traces de brûlures de cigarettes".


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