Discours de Mohamed Ghédira, ambassadeur de la jeunesse tunisienne aux Nations Unies, aux travaux de l'Assemblée Générale des Nations Unies à New York le 10 octobre 2016
Merci madame La Présidente,
Honorable Délégués,
Mesdames et Messieurs,
J'ai aujourd'hui le plaisir de m'exprimer en tant que représentant de la jeunesse tunisienne au sein de la troisième commission sur la thématique de la promotion de la femme car au 21ième siècle et alors que tous les jours des avancées majeures sont réalisés dans divers domaines tels que les sciences, les technologies, il demeure étonnant que la question de la place de la femme dans notre société soit encore un sujet de débats et pour certains un sujet de polémiques.
En effet, nombreux sont encore ceux qui pensent que la femme n'est pas l'égal de l'homme, qu'elle ne mérite pas le même niveau de rémunération, qu'elle ne devrait pas jouer un rôle prépondérant au sein de la société, qu'elle devrait plutôt obéir au conformisme et au dogmatisme dans une société patriarcale et à dominante masculine.
Mais fort heureusement, nous sommes une majorité à renier ces idées et à en penser tout le contraire et c'est les femmes également qui jour après jour nous prouvent que nous avons raison de penser qu'en réalité la femme est l'avenir de l'Homme.
Dans mon pays, en Tunisie, la femme a depuis des siècles toujours occupé une place prépondérante étant au diapason des mutations et des avancées de la société tunisienne.
Car la Tunisie à sa naissance, avait le visage d'une femme: c'était celui d'Elyssa princesse phénicienne, qui, arrivée du Liban vers les côtes de la Tunisie y fonda la cité de Carthage, cité puissante qui rayonna sur tout le bassin méditerranéen.
La Tunisie, elle a 24 ans et le visage de la Kahina la reine guerrière berbère qui fut une véritable stratège militaire réussissant à unifier toutes les tribus berbères de l'Ifrikiya pour résister aux invasions islamiques.
La Tunisie, elle a l'âge de se marier et le visage de Arwa El Kairawania qui en créant le contrat de mariage Kairouanais au huitième siècle de notre ère interdit la polygamie, autorise à la femme le divorce et contraint le mari à octroyer à son épouse toutes les commodités nécessaires au foyer.
La Tunisie, elle a 27 ans et l'intelligence de Tawhida Ben Cheikh qui par son érudition et son abnégation fut la première femme musulmane du Monde Arabe à exercer le métier de médecin.
La Tunisie, elle a 34 ans et le courage de Radhia Haddad qui participa au mouvement national de libération de la Tunisie, fonda l'Union nationale des femmes tunisiennes et fut l'une des premières femmes parlementaires en Afrique et dans le monde arabe.
Enfin, La Tunisie, elle a 50 ans et elle a le visage de Wided Bouchamaoui première femme présidente du patronat dans le monde arabe et co-récipiendaire du prix Nobel de la paix 2015 pour son rôle dans le Quartet du Dialogue National Tunisien, et à ce propos, nous souhaitons féliciter la délégation colombienne pour l'obtention du prix Nobel de la paix 2016 qui vient encore une fois à l'image de celui de 2015, couronner et illustrer la logique du dialogue seule voie durable loin de la violence et du nihilisme.
Ainsi, Mesdames et Messieurs, le visage de la femme tunisienne d'aujourd'hui est celui d'une femme libre et émancipée, jouissant de droits inaliénable et en constante évolution.
Cette réussite elle n'est pas simplement le fait de quelques décisions politiques courageuses qui auraient garantie à la femme sa pleine place dans la société, elle est surtout le reflet de l'existence d'une conscience féminine tunisienne ancrée dans nos mœurs et notre culture où la femme joue un rôle central au sein de la société, où la femme est le pilier qui prépare la génération de citoyens à venir et où elle est un moteur indispensable à l'avancée et aux réussites de notre pays.
Car en réalité, il n'y a aucun antagonisme ni aucune opposition entre la liberté de la femme et la religion musulmane, ainsi promouvoir les droits de la femme c'est justement se conformer à l'esprit de l'islam.
Si le Code du Statut Personnel promulgué par le Président Habib Bourguiba le 13 Août 1956 fut révolutionnaire pour l'époque car accordant à la femme une place inédite dans la société tunisienne et dans le monde arabe en général, abolissant la polygamie, créant une procédure judiciaire pour le divorce et n'autorisant le mariage que sous consentement mutuel des deux époux, le gouvernement tunisien continue à œuvrer au quotidien afin de renforcer le rôle de la femme dans la société.
C'est ainsi que la femme tunisienne d'aujourd'hui bénéficie non seulement d'une multitudes de droits mais a également de devoirs qu'elle remplit avec entrain et abnégation, nous en avons la preuve irréfutable lorsque qu'avec l'article 6 de la Constitution tunisienne qui impose la stricte parité dans les listes électorales, nous retrouvons une multitude de femmes tunisiennes au premier plan de la scène politique permettant à la Tunisie de compter 67 femmes sur un total de 217 députés soit un taux de 30,88 % .
Ainsi beaucoup a été fait et beaucoup reste encore à faire notamment en terme d'avancée législative mais la jeunesse tunisienne demeure optimiste et réaliste, optimiste car la Tunisie a toujours été pionnière dans le domaine de la promotion de la femme et continuera sur cette même voie, réaliste car être réaliste c'est préférer une réforme modeste qui en permet une autre jusqu'au miracle initialement impossible et je suis certain qu'ensemble nous réussirons à faire en sorte que la femme soit effectivement l'avenir de l'Homme.
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