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Ce que j'ai décidé de faire pour que mon fils de 10 ans soit sur les réseaux sociaux

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Chez moi, le choc des générations a d'ores et déjà commencé. Mon fils de 10 ans a une première version de son avenir: devenir "Youtubeur".

L'idée lui est venue des "gamers" qui passent une bonne partie de leur temps à se filmer en train de jouer à Meincraft, Fifa et autres jeux électroniques puis qui balancent leurs vidéos sur la plateforme. Ils ont des millions de "followers", leurs vidéos sont vues des millions de fois et leurs poches reçoivent quelques milliers de dollars.

Plus surprenant que l'idée elle-même, c'est l'accueil positif qu'elle reçoit auprès de tous les parents auxquels j'en parle et le fait de découvrir que beaucoup d'entre eux ne trouvent aucun inconvénient à ce que leurs enfants soient des membres actifs sur les réseaux sociaux malgré leur jeune âge. Facebook, Snapchat, Instagram ou encore Musical.ly, n'ont plus aucun secret pour les pré-ados d'aujourd'hui.

J'avoue qu'étant papa, je n'étais pas prêt à cela, d'autant plus que je n'ai pas de modèle à copier. Forcément, quand j'avais 10 ans, la seule distraction était la télé et pendant un temps limité.

Le monde d'aujourd'hui me fait peur. Si jadis, la rencontre se faisait en sortant de chez soi, aujourd'hui, le monde s'invite chez toi. Un simple clic et te voilà dans un espace socio-temporel presque infini. Le terrain de jeu n'est plus la chambre, le jardin ou le quartier, mais tout simplement le globe. Les obstacles sont tous abolis et les barrières sont enlevées.

Alors que faire?

Je ne crois pas que l'interdiction soit la solution, tout comme les comptes contrôlés. Ça peut fonctionner au début, mais à terme (très court d'ailleurs), les enfants peuvent être enclins à ouvrir leurs propres comptes en cachette et je ne pense pas que le net soit le terrain propice pour y jouer à cache-cache avec son gamin.

Je ne crois pas non plus au laxisme sur le ton "mais détend-toi, tout le monde est sur Facebook, rien ne leur arrivera". La naïveté est toujours dangereuse et le malheur, hélas, n'arrive pas qu'aux autres.

Alors entre les deux extrêmes, un juste milieu est possible et c'est lui que j'essaye de trouver. Il s'articule autour de deux principes:

1. Ne pas céder à la peur

Je suis profondément convaincu qu'il ne faut jamais céder devant la crainte.

Les risques sont partout et c'est un contre sens que de penser qu'il y a un endroit sûr pour nos enfants.

Leur interdire accès aux réseaux sociaux jusqu'à leur majorité est non seulement difficile, mais il est surtout non souhaitable. Intellectuellement, nos enfants sont en avance sur nous quand on avait le même âge et les renfermer dans des carcans pourrait avoir un effet négatif sur leur développement. Tout comme les priver de leur liberté pourrait avoir des conséquences néfastes sur leur épanouissement. L'enfant doit avoir la possibilité d'explorer son environnement et découvrir son monde qui est bien diffèrent de celui dans lequel on veut qu'il vit (car ce dernier n'existe que dans nos rêves).

J'exagère peut-être, mais priver un gamin du net en invoquant son bien, c'est comme le priver d'apprendre à lire et à écrire car il peut tomber sur des lectures peu recommandables.

L'être humain doit être libre et cela s'apprend dès le plus jeune âge. Ce n'est pas parce que nous (en tant que parents) avions peur pour eux que nous devons les priver d'exercer leur liberté. La peur est un déni de liberté et je ne tiens pas à ce que mon amour soit le cocon dans lequel j'enferme celle de mon enfant.

2. Ne pas se dérober devant sa responsabilité première à savoir l'éducation

Au fond, il n'y a qu'une seule solution qui soit à la fois efficace et pérenne: la prise de conscience et la responsabilisation.

Je vais emprunter un jargon managérial en disant que la clé se trouve dans la transformation du risque en opportunité. J'ai décidé de saisir l'intérêt de mon fils envers les réseaux sociaux pour lui parler du net et surtout du monde qui nous entoure.

Tout d'abord, lui dire que le monde est beau, mais que les méchants ne se trouvent pas uniquement dans les petites histoires. Comme lorsque tu traverses la rue, tu dois regarder à droite et à gauche, tu dois faire attention quand tu arpentes les réseaux du net. Il y a des dangers, mais si tu suis les règles, tu n'auras pas de risque.

Ensuite, il n'y a pas que le net qui peut cacher des mauvaises surprises. C'est pour cela que j'essayerai de lui faire comprendre que lui aussi doit faire gaffe à ne pas constituer un danger pour les autres. Le réseau est un espace de rencontre et d'échange avec l'autre et envers ce dernier il se doit d'être respectueux. Ce n'est pas parce qu'il se cache derrière un pseudo, qu'il peut faire n'importe quoi. Le net est un espace commun et chacun d'entre nous, lui inclus, doit faire en sorte de le préserver.

Puis, lui faire prendre conscience que la toile est aussi un lieu où non seulement il s'expose, mais ce qu'il partage ne lui appartient plus. L'image qu'il diffuse et le propos qu'il tient sont taillés dans la pierre jusqu'à la fin des temps. Donc, il ne doit pas penser à l'instant présent, mais aussi au futur quand il ne lui reste plus que les regrets.

Enfin, en tant que parent, je le rassurerai en lui disant que je serai toujours là pour lui pour le guider et pour l'épauler. Que s'il rencontre un pépin ou s'il fait une bêtise, il peut toujours venir me voir et m'en parler, car il peut compter sur mon soutien.

J'avoue que ce qui précède est plus facile à dire qu'à faire, mais qui a dit qu'être parent était un métier facile ?!!!

Longtemps confinée dans son sens figuré, la toile prend aujourd'hui un sens propre où le danger guette tous ceux qui tombent dans ses filets avec les pédophiles, les harceleurs et les réseaux terroristes, etc.

Mais il faut admettre aussi que les réseaux sociaux font, aujourd'hui, une partie intégrante de notre vie. Ils ne sont pas uniquement un lieu de rencontre, mais aussi un espace où la vie s'organise et où la richesse se crée.

Alors oui, mon fils en fera partie, même s'il a dix ans, mais je reste vigilant...très vigilant même... et si un jour, il peut gagner sa vie grâce à YouTube, alors Banco !!!!

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