J'ai une question: où est la musique en Tunisie?
J'ai beau cherché, je ne trouve pas de réponse réelle. Ce que je veux savoir quand je parle de musique, c'est une compréhension basique de ce que c'est. Le solfège, l'histoire, les différentes écoles, en quoi la musique moderne est gratifiante, et pourquoi, comme le disent les pseudo-connaisseurs armés de leur anti-culture, les oldies sont des goldies.
Le Tunisien moyen a-t-il une connaissance générale de ce qu'est la musique pour pouvoir élire ses choix musicaux en toute conscience? Probablement pas. Et ce qu'il y a de plus ironique, c'est que dans l'interrogation précédente, on peut remplacer "musique" et "musicaux" par une foule d'autres propositions et la réponse reste la même.
("Histoire/politique" ; "monde du travail/ de carrière" ; "mariage/conjugaux", et amusez-vous à en trouver d'autres)
Je prends un argument de contre-jour: la musique classique. Combien de personnes apprécient-ils - et par là même, comprennent-ils - ce dont il s'agit? Relativement peu, et beaucoup ont le droit de penser que Tosca est une espèce de moustique et Schumann une maladie de la peau.
Je dis le droit, parce que ceux qui ne sont pas préparés à ce qu'on peut appeler l'offre musicale, ne sont pas en faute de choisir Rihanna aux dépens de Ramzi Abdelwaheb, ou Bach au lieu de la musique indienne. J'ai une playlist où se côtoient Karkadan, Chostakovitch, de la musique de jeux vidéos, Om Kalthoum, Bill Evans (grand jazzman) et David Bowie. Très hétéroclite, mais j'apprécie ce que j'entends.
Si je m'aventurais en territoire inconnu et mettais un opéra de Bellini en haut-parleur, imaginons les réactions des passants.
Rires aux contre-la de la prima donna, grincements de dents aux chœurs, et franche surprise à la durée de l'œuvre.
Y a-t-il un problème à cela, chacun ses goûts, me direz-vous. Comme d'habitude, oui et non.
Si je partage les grincements de dents (Bellini n'est pas de mes amis), les rires sont des signes alarmants de bêtise. Et là, deux questions se posent: un enfant ne sachant pas compter peut-il contribuer à un effort national d'avancée dans les mathématiques? De façon similaire, quelqu'un ne sachant pas ce qu'est la musique classique - ou autre - peut-il contribuer à un effort national culturel?
Avec l'espérance de relever le minimum national en termes de culture, de repeupler les festivals, galeries d'art et cours d'humanités, et que la génération suivante puisse maintenir une discussion sur l'art plus de trente secondes, se défaire de l'ignorance, mère des fanatismes, et s'ouvrir au débat du goût qui transcende la question économique, s'évadant de la "musique de classes".
J'ai beau cherché, je ne trouve pas de réponse réelle. Ce que je veux savoir quand je parle de musique, c'est une compréhension basique de ce que c'est. Le solfège, l'histoire, les différentes écoles, en quoi la musique moderne est gratifiante, et pourquoi, comme le disent les pseudo-connaisseurs armés de leur anti-culture, les oldies sont des goldies.
Le Tunisien moyen a-t-il une connaissance générale de ce qu'est la musique pour pouvoir élire ses choix musicaux en toute conscience? Probablement pas. Et ce qu'il y a de plus ironique, c'est que dans l'interrogation précédente, on peut remplacer "musique" et "musicaux" par une foule d'autres propositions et la réponse reste la même.
("Histoire/politique" ; "monde du travail/ de carrière" ; "mariage/conjugaux", et amusez-vous à en trouver d'autres)
Je prends un argument de contre-jour: la musique classique. Combien de personnes apprécient-ils - et par là même, comprennent-ils - ce dont il s'agit? Relativement peu, et beaucoup ont le droit de penser que Tosca est une espèce de moustique et Schumann une maladie de la peau.
Je dis le droit, parce que ceux qui ne sont pas préparés à ce qu'on peut appeler l'offre musicale, ne sont pas en faute de choisir Rihanna aux dépens de Ramzi Abdelwaheb, ou Bach au lieu de la musique indienne. J'ai une playlist où se côtoient Karkadan, Chostakovitch, de la musique de jeux vidéos, Om Kalthoum, Bill Evans (grand jazzman) et David Bowie. Très hétéroclite, mais j'apprécie ce que j'entends.
Si je m'aventurais en territoire inconnu et mettais un opéra de Bellini en haut-parleur, imaginons les réactions des passants.
Rires aux contre-la de la prima donna, grincements de dents aux chœurs, et franche surprise à la durée de l'œuvre.
Y a-t-il un problème à cela, chacun ses goûts, me direz-vous. Comme d'habitude, oui et non.
Si je partage les grincements de dents (Bellini n'est pas de mes amis), les rires sont des signes alarmants de bêtise. Et là, deux questions se posent: un enfant ne sachant pas compter peut-il contribuer à un effort national d'avancée dans les mathématiques? De façon similaire, quelqu'un ne sachant pas ce qu'est la musique classique - ou autre - peut-il contribuer à un effort national culturel?
- Mettre en place un Sistema comme au Venezuela (et un nombre de pays de plus en plus grand) pour exposer les enfants dès leur plus jeune âge à la musique, en théorie et en pratique. Ce programme ne coûte pas grand-chose à l'État, est plus innovant que toute la bouillie du Livre Blanc, et a été corrélé avec des taux de réussite plus hauts, une croissance du tourisme national et une aptitude à l'entrée dans la vie professionnelle accrue grâce aux soft skills instillées par la pratique régulière de la musique dans un orchestre d'école(s).
- Rendre l'étude de la musique obligatoire dès la troisième année primaire - et jusqu'au baccalauréat, sinon plus loin. Étudier la musique revient à comprendre pourquoi Kanye West (même sans l'aimer) est un maître de son art, pourquoi Louis Armstrong et Leonard Cohen sont bons pour le cerveau et pourquoi la plupart des chanteurs égyptiens contemporains sont une insulte capitaliste à nos faces ébahies. Car les goûts personnels sont importants, mais doivent découler d'un discernement, d'un choix éclairé.
- Investir dans des ensembles professionnels - et relever la barre d'exigence des ensembles existants, notamment l'orchestre symphonique tunisien (déjà bien haute). Ces investissements permettent d'exposer une partie démographique grandissante à un minimum d'élaboration dans le contenu musical (i.e, plus loin que les voix désincarnées par ordinateur du Raï et le 'douv-tak' populaire). Ainsi que de créer un tourisme culturel plus complexe que "tiens, il y a des ruines sur le chemin de la plage" et visant une catégorie de touristes plus fortunée et plus ouverte à la fréquentation d'institutions de luxe hôtelier différente des samedis de Sidi Dhrif, si vous voyez ce que je veux dire.
Avec l'espérance de relever le minimum national en termes de culture, de repeupler les festivals, galeries d'art et cours d'humanités, et que la génération suivante puisse maintenir une discussion sur l'art plus de trente secondes, se défaire de l'ignorance, mère des fanatismes, et s'ouvrir au débat du goût qui transcende la question économique, s'évadant de la "musique de classes".
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