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En avons-nous conscience? Du besoin actuel de clairvoyance?

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J'ai acheté une chemise assez chaude ce matin, cela m'a fait plaisir car je la trouvais belle. Le coût de cet achat? 50 euros.

Était-ce trop cher ou valait-elle la peine d'être achetée? Chacun aura une vision différente sur la question. Il n'empêche qu'en l'achetant, je me suis rendue compte à quel point nous vivions dans une bulle de l'inconscience.

Dans le métro, en rentrant chez moi, je ne pouvais cesser de penser à ces enfants ou ces adultes qui travaillent dans des conditions de vie inhumaines et pour un salaire de misère afin que je puisse aller après une journée de boulot m'acheter une chemise parmi toutes celles que j'avais déjà. Si seulement l'argent payé revenait à ces travailleurs, mais la vérité, c'est qu'ils n'en obtiendront que des miettes.

Le GSM en main, je surfais sous le bruit des portes qui s'ouvraient et se fermaient à chaque arrêts de métro. Et là encore, en plus d'être devenue comme la plupart des citoyens autour de moi, "des insociables" devant un écran, il s'avère que même ce produit vendu à 700 euros était fabriqué, à partir de l'exploitation d'enfants, dans des pays où l'État ne se souciait guère de les voir dans ces conditions.

Il y avait toujours des aspects négatifs mais aussi positifs dans la vie, gardons l'exemple du téléphone: par ce biais, il est possible d'avoir accès à internet et de pouvoir, par différentes applications, rester en contact avec ses amis partout dans le monde, mais c'est aussi soumettre sa vie privée à des sociétés internationales qui garderons nos photos, nos échanges. Un peu difficile de croire encore en une vie privée sur internet.

C'est aussi un avantage que de pouvoir faire ses courses et ses achats en ligne mais là encore, les données à notre sujet seront vendues à d'autres entreprises intéressées de connaître nos goûts pour la mode ou autres. D'ailleurs, les publicités qui apparaissent sur notre écran sont souvent en lien avec ce que nous avons pu consulter antérieurement.

Oui, il y a toujours du bon et du mauvais.

Plus que cela, parlons des informations que nous consultons passivement ou avec intérêt tous les jours. En effet, que nous le voulions ou pas, nous sommes influencés au quotidien par l'actualité et donc les informations choisies par d'autres, pour nous, afin d'être au courant de ce qui se passe.

Comment? Par le biais de la télévision ou via les réseaux sociaux, nous sommes majoritairement tous avertis directement ou indirectement de ce qui se passe dans le monde.

L'entièreté du monde? Non, il s'agit plutôt des nouvelles de parties du monde qui sont abordées et aussi, en fonction de la langue ainsi que de l'endroit où nous sommes sur Terre.

S'il n'empêche que pouvoir être informé est essentiel, il s'avère que cela produit également une certaine forme de l'opinion publique.

Prenons l'exemple du terrorisme et de l'islam. Toute l'année 2015-2016 a été en Europe et plus particulièrement en Europe francophone, l'écho d'attentats en France et en Belgique.

La transmission de vidéos des terroristes instrumentalisant l'islam, pour justifier leurs actions et des débats sur ces questions ont été un pilier influençant très clairement l'opinion publique sur l'islam et les musulmans.

Même si les nuances à ne pas faire d'amalgame entre islam et terrorisme étaient présentes sur cette actualité, il n'empêche que les nouvelles à propos de l'islam et des musulmans n'ont pas été à leur avantage. Que cela soit par le biais des attentats que par l'incessante question du foulard ou encore par le problème (évoqué comme tel) du "halal" ainsi que le sacrifice du mouton, l'accumulation de sujets à ce propos ne pouvaient qu'avoir un effet négatif auprès de citoyens qui lisent l'actualité ou même simplement les titres des journaux.

Pourtant, si l'on mettait l'accent aux informations que les attentats terroristes touchaient bien plus les pays à forte population musulmane ou que si ces questions du foulard ou du "halal" étaient si présents, c'est bien parce que les populations de confession musulmane ne restent pas entre elles mais bien au contraire, s'inscrivent et s'insèrent dans la société. Cela aurait pu éviter une montée grandissante de l'islamophobie non? Mais doit-on réellement rejeter la faute sur les journalistes?

En partie peut-être, mais une grosse autre partie incombe à nous-mêmes: quelles sont nos démarches personnelles pour saisir le monde et les situations qui se passent en dehors des informations? Quels projets et quelles postures effectuons-nous pour appréhender ce monde aux multiples facettes injustes?

Les conditions de travail au Bangladesh pour nos vêtements ou nos produits alimentaires, l'exploitation des enfants en République Démocratique du Congo pour nos beaux téléphones portables, l'utilisation de nos propres jeunes pour agir au nom du terrorisme? Quel est donc la posture développée pour ne pas subir les situations que l'on nous "impose": acheter, consommer, subir, imposer; ce sont des verbes qui font malheureusement partis de notre quotidien et ce, sous différents aspects.

Et puis, au-delà de l'opinion publique, au-delà de cette routine qui force les uns à se tuer au travail et à d'autres à déprimer en cherchant du boulot, quels sont nos droits et devoirs? Est-ce que finalement, les européens de confession musulmane ont le droit de manger "halal", de porter un foulard ou encore de sacrifier un mouton pour l'une des deux fêtes les plus importantes dans cette religion, d'avoir accès à l'enseignement, à un logement ou à un emploi? Est-ce que finalement, la liberté de culte le leur permet? Est-ce que tout le monde a le droit à l'éducation, à un emploi ou encore à un logement? Ce sont des droits garantis par la Convention Européenne des droits de l'Homme (des humains en réalité). Et pourtant, musulmans ou pas, ces droits sont bafoués, ne sont pas honorés ni respectés.

Est-ce que nos gouvernements ont le droit d'accepter des sociétés qui ne respectent pas le droit des enfants, la dignité et un salaire juste pour ces différents employés? Est-ce que finalement, nous, citoyens, peu importe la confession, la tendance sexuelle ou politique ne sommes-nous pas désintéressés de ce qui nous concernes?

Cela va plus loin qu'un GSM ou une chemise à 50 euros, c'est aussi ce que nous consommons, ce qui nous arrive en tant qu'employé, lorsque des sociétés qui ne paient pas énormément d'impôts licencient du jour au lendemain des milliers de travailleurs.

La démocratie et les droits des humains sont en réalité bien plus qu'un accès illimité à des vidéos pornographiques sur internet ou encore à des publicités de femmes hyper sexualisées. Il semble même que les bases de la démocratie sont entrain de nous échapper au nom de la sécurité, au nom de la consommation et du libre échange.

Il serait donc intéressant de prendre un moment pour y réfléchir, d'appréhender ce que nous subissons et de prendre de réelles décisions citoyennes, pour nous-mêmes mais pour les autres aussi.

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