Cher Mouhaib,
T'écrire une lettre est peut-être la chose la plus difficile que j'ai eu à faire depuis des années.
D'ailleurs ça ne devrait pas être simple. Comment pourrais-je, en quelques mots, t'exprimer l'océan de sentiments que je ressens pour toi?
Rien que le fait d'imaginer que ce bout de papier traversera ces centaines de kilomètres qui nous séparent, se perdra entre des milliers d'autres lettres et factures, passera de mains en mains avant d'arriver entre les tiennes, me coupe le souffle d'angoisse.
Je ne sais pas ce que je dois écrire exactement.
Que devrais-je écrire à un lieutenant des forces spéciales de l'armée tunisienne et qui pourra toucher son cœur?
Comment ces quelques phrases pourront-elles te rassurer, toi qui ne vis que de pression et d'action? Toi qui passe des nuits, accroupi derrière des arbustes, guettant le moindre mouvement, te mettant à découvert pour défendre un pays, mais surtout un peuple mi dur, mi ingrat?
Quelles paroles dois-je choisir exactement pour te dire qu'à chaque nuit passée loin de toi, je meurs un peu, mais qu'après trois semaines d'attente, il me suffit de te revoir une fois, te toucher, te sentir contre moi, pour renaître et combattre la vie avec toi.
Je me rappelle encore de cette dernière soirée passée avec toi; je me rappelle avoir eu du mal à descendre de ta voiture et rentrer chez moi, j'avais dû ravaler toutes mes larmes pour te montrer que je suis forte, et prendre tout mon courage à deux mains pour desserrer mon étreinte et m'éloigner de toi.
J'avais dû me retenir pour ne pas me retourner et courir me jeter dans tes bras, te crier de ne pas t'en aller, te supplier de tout laisser tomber et rester.
Je dois t'avouer quelque chose mon amour. Je n'arrivais pas à comprendre comment les épouses des officiers de l'armée faisaient. Comment pouvaient-elles rester aussi longtemps séparées de leurs maris. Comment arrivaient-elles à vivre sachant qu'à chaque instant, le téléphone pouvait sonner pour les informer qu'une chose est arrivée à leur bien aimé?
Maintenant je le découvre. Comment ne pourrais-je pas t'aimer au point de vivre chaque jour dans la douleur de te savoir en danger et de ne rien pouvoir faire alors que toi, tu es prêt à tout combattre pour me revenir? Comment ne pourrais-je pas t'attendre alors que je sais que toi, de ton côté, tu comptes les secondes que tu dois encore passer loin de moi?
Mouhaib, mon amour, sache qu'une femme à quelques centaines de kilomètres t'attend patiemment, tant qu'elle lèvera la tête au ciel, qu'elle saura, aussi loin que tu pourra être, en levant tes yeux, tu verras le même ciel, étoilé ou nuageux, elle t'attendra.
Elle t'attendra jusqu'à ce que vienne sa fin.
Je t'aime
Nada
Ps: Comme la poste tunisienne est encore en compétition contre l'Escargot Blanc portant le numéro 13 pour le prix "L.E.N.T" ("Le plus Emmerdant et le plus Nul des -services/organismes/machinchose- Tunisiens"), je te l'écris en public, merci La Poste Tunisienne.
T'écrire une lettre est peut-être la chose la plus difficile que j'ai eu à faire depuis des années.
D'ailleurs ça ne devrait pas être simple. Comment pourrais-je, en quelques mots, t'exprimer l'océan de sentiments que je ressens pour toi?
Rien que le fait d'imaginer que ce bout de papier traversera ces centaines de kilomètres qui nous séparent, se perdra entre des milliers d'autres lettres et factures, passera de mains en mains avant d'arriver entre les tiennes, me coupe le souffle d'angoisse.
Je ne sais pas ce que je dois écrire exactement.
Que devrais-je écrire à un lieutenant des forces spéciales de l'armée tunisienne et qui pourra toucher son cœur?
Comment ces quelques phrases pourront-elles te rassurer, toi qui ne vis que de pression et d'action? Toi qui passe des nuits, accroupi derrière des arbustes, guettant le moindre mouvement, te mettant à découvert pour défendre un pays, mais surtout un peuple mi dur, mi ingrat?
Quelles paroles dois-je choisir exactement pour te dire qu'à chaque nuit passée loin de toi, je meurs un peu, mais qu'après trois semaines d'attente, il me suffit de te revoir une fois, te toucher, te sentir contre moi, pour renaître et combattre la vie avec toi.
Je me rappelle encore de cette dernière soirée passée avec toi; je me rappelle avoir eu du mal à descendre de ta voiture et rentrer chez moi, j'avais dû ravaler toutes mes larmes pour te montrer que je suis forte, et prendre tout mon courage à deux mains pour desserrer mon étreinte et m'éloigner de toi.
J'avais dû me retenir pour ne pas me retourner et courir me jeter dans tes bras, te crier de ne pas t'en aller, te supplier de tout laisser tomber et rester.
Je dois t'avouer quelque chose mon amour. Je n'arrivais pas à comprendre comment les épouses des officiers de l'armée faisaient. Comment pouvaient-elles rester aussi longtemps séparées de leurs maris. Comment arrivaient-elles à vivre sachant qu'à chaque instant, le téléphone pouvait sonner pour les informer qu'une chose est arrivée à leur bien aimé?
Maintenant je le découvre. Comment ne pourrais-je pas t'aimer au point de vivre chaque jour dans la douleur de te savoir en danger et de ne rien pouvoir faire alors que toi, tu es prêt à tout combattre pour me revenir? Comment ne pourrais-je pas t'attendre alors que je sais que toi, de ton côté, tu comptes les secondes que tu dois encore passer loin de moi?
Mouhaib, mon amour, sache qu'une femme à quelques centaines de kilomètres t'attend patiemment, tant qu'elle lèvera la tête au ciel, qu'elle saura, aussi loin que tu pourra être, en levant tes yeux, tu verras le même ciel, étoilé ou nuageux, elle t'attendra.
Elle t'attendra jusqu'à ce que vienne sa fin.
Je t'aime
Nada
Ps: Comme la poste tunisienne est encore en compétition contre l'Escargot Blanc portant le numéro 13 pour le prix "L.E.N.T" ("Le plus Emmerdant et le plus Nul des -services/organismes/machinchose- Tunisiens"), je te l'écris en public, merci La Poste Tunisienne.
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