Réduction des salaires des ministres, politique d'austérité, suppression de postes... Le fort soutien obtenu par le gouvernement Youssef Chahed lors du vote de confiance à l'assemblée nationale fut extraordinaire. 167 vote pour, 22 contre et 5 abstentions!
Aucun des 7 gouvernements depuis la chute du régime en 2011 n'a pu obtenir ce score. Ce résultat justifierait-il le fait de donner un chèque en blanc à notre jeune Chef du gouvernement?
Le bras de fer
Le 22 Août 2016, après avoir constitué son équipe gouvernementale (sans consultation préalable des parties signataires de l'accord de Carthage et concernées par la participation au gouvernement) la composition fut découverte et refusée par communiqués interposés.
Cette équipe fut découverte par les familles politiques et syndicales dans la presse ce qui fut a priori très contesté.
En effet, l'opinion publique sceptique quant à quelques ministrables (aujourd'hui ministres) soupçonnés de corruption et/ou de conflit d'intérêt palpables. Médisance ou évidence, la justice, à défaut l'Histoire tranchera.
Ce quiproquo volontaire ou involontaire a poussé quelques partis à tenter de dissuader Youssef Chahed sur ce premier choix le sollicitant à revoir sa copie. Ce qui fut refusé par le nouvel homme fort de l'État mais étrangement accepté avec beaucoup de résignation par les "forces" politiques en place. Pourquoi? Parce que certes ce que Béji Caid Essebsi veut Dieu le veut mais pas seulement!
Il parait que l'union du pays était en jeux! Chose faite, Youssef Chahed est arrivé à l'assemblé armé d'un discours révolutionnaire, aussi bien dans la forme que dans le fond et bingo!
Une majorité écrasante, un soutien de tout bord, tout le monde y est! standing ovation? Le jackpot! Mais? Qui va jouer le rôle du régulateur, du challenger?
Dans ce nouvel acte du spectacle politique, qui jouera le rôle du "Watch dog"? Ou est-ce là une fenêtre ouverte à la carte blanche?
L'adversité dans la mêlée
La majorité écrasante dans le vote de confiance devrait présager à Youssef Chahed des conditions sereines et confortables de travail. A cette "allégeance" politique de tout bord s'ajoute les organisations syndicales qui, sensées équilibrer les forces, se sont engrenées dans la machine Chahed. Je cite notamment l'UGTT et l'UTICA.
Aujourd'hui seule opposition capable de challenger le gouvernement mais dépourvue d'idée et d'initiatives réalistes est "El jabha chaabia" (le Front populaire) . N'est-ce pas là un pas vers la force unique? Le choix unique? La voie unique? ... vers l'unique?
L'UGTT quitte le vaisseau avant d'amerrir!
Le lendemain de la passation, le premier désengagement vis-à-vis du gouvernement en place (après y avoir placé l'un de ses leaders à la tête d'un ministère éclectique) est annoncé.
En effet l'UGTT à travers son leader charismatique Houcine Abassi déclare qu'ils n'ont rien à voir avec le ministre de la Fonction publique connu comme leader de l'UGTT. Pourquoi battre en retraite à ce moment précis? Pourquoi ne pas l'avoir dit dès sa nomination?
Deux raisons possibles. La première, la plus plausible, c'est une tactique politicienne niveau basique. Je me désengage pour ne pas subir l'effet boomerang de la politique. Dans le cas d'un éventuel échec du ministre ou du gouvernement, ils n'assument pas la responsabilité de l'avoir placé.
La seconde est la probable stupéfaction par l'annonce de Youssef Chahed de suppression d'emplois dans la fonction publique lors de son discours d'investiture. Peu importe, l'une ou l'autre, ce qu'il faut retenir c'est le premier retrait d'un pilier de la coalition de Carthage du champ de bataille le second jour d'exercice!
Beaucoup de confiance, peu d'engagement!
Il est à rappeler qu'excepté les 5 lignes figurant dans l'accord de Carthage et le discours prononcé pour le vote de confiance rien de concret n'a été présenté ni aux partis ni au peuple pour donner le programme de ce jeune et jolie gouvernement. Absolument rien et pourtant ce gouvernement de jeunes illuminés inconnus a obtenu la confiance absolue. Est-ce l'effet "Béji Caid Essebsi veut, Dieu le veut"?
Carte Blanche?
En synthèse, une équipe gouvernementale globalement contestée par les partis et par le peuple, un vote de confiance fort, une absence de force d'opposition en mesure de jouer le rôle du garde-fou, une situation économique et sociale critique, une corruption endémique; tous ces éléments réunis laissent quand même peu de place au doute quant à la stabilité et à la pérennité du système.
Dans ces conditions pouvons-nous nous permettre d'offrir un chèque en blanc à l'équipe gouvernementale et la coalition qu'elle représente? La logique voudrait que non!
Ceci étant dit, par patriotisme, par engagement citoyen, il est de notre devoir de véhiculer les ingrédients de la réussite de notre projet pour la Tunisie. Cela ne pourrait se faire qu'en créant les mécanismes sociologiques renforçant le degré d'adhésion de la masse populaire, de la société civile et des décideurs à l'effort de redressement du pays tant attendu. Youssef Chahed devrait suivre à la loupe trois indicateurs: le taux de chômage, l'endettement et le PIB.
Notre pays a besoin de garde-fous; indépendants, engagés, patriotes et sincères qui puissent s'exprimer sur la chose publique.
Il est dans la responsabilité et dans la capacité des experts indépendants, des leaders d'opinion apolitique et des journalistes de jouer le rôle de régulateur en poussant le gouvernement de Youssef Chahed dans la bonne voie par la force de propositions structurantes, de critiques constructives et surtout par la vigilance.
Aucun des 7 gouvernements depuis la chute du régime en 2011 n'a pu obtenir ce score. Ce résultat justifierait-il le fait de donner un chèque en blanc à notre jeune Chef du gouvernement?
Le bras de fer
Le 22 Août 2016, après avoir constitué son équipe gouvernementale (sans consultation préalable des parties signataires de l'accord de Carthage et concernées par la participation au gouvernement) la composition fut découverte et refusée par communiqués interposés.
Cette équipe fut découverte par les familles politiques et syndicales dans la presse ce qui fut a priori très contesté.
En effet, l'opinion publique sceptique quant à quelques ministrables (aujourd'hui ministres) soupçonnés de corruption et/ou de conflit d'intérêt palpables. Médisance ou évidence, la justice, à défaut l'Histoire tranchera.
Ce quiproquo volontaire ou involontaire a poussé quelques partis à tenter de dissuader Youssef Chahed sur ce premier choix le sollicitant à revoir sa copie. Ce qui fut refusé par le nouvel homme fort de l'État mais étrangement accepté avec beaucoup de résignation par les "forces" politiques en place. Pourquoi? Parce que certes ce que Béji Caid Essebsi veut Dieu le veut mais pas seulement!
Il parait que l'union du pays était en jeux! Chose faite, Youssef Chahed est arrivé à l'assemblé armé d'un discours révolutionnaire, aussi bien dans la forme que dans le fond et bingo!
Une majorité écrasante, un soutien de tout bord, tout le monde y est! standing ovation? Le jackpot! Mais? Qui va jouer le rôle du régulateur, du challenger?
Dans ce nouvel acte du spectacle politique, qui jouera le rôle du "Watch dog"? Ou est-ce là une fenêtre ouverte à la carte blanche?
L'adversité dans la mêlée
La majorité écrasante dans le vote de confiance devrait présager à Youssef Chahed des conditions sereines et confortables de travail. A cette "allégeance" politique de tout bord s'ajoute les organisations syndicales qui, sensées équilibrer les forces, se sont engrenées dans la machine Chahed. Je cite notamment l'UGTT et l'UTICA.
Aujourd'hui seule opposition capable de challenger le gouvernement mais dépourvue d'idée et d'initiatives réalistes est "El jabha chaabia" (le Front populaire) . N'est-ce pas là un pas vers la force unique? Le choix unique? La voie unique? ... vers l'unique?
L'UGTT quitte le vaisseau avant d'amerrir!
Le lendemain de la passation, le premier désengagement vis-à-vis du gouvernement en place (après y avoir placé l'un de ses leaders à la tête d'un ministère éclectique) est annoncé.
En effet l'UGTT à travers son leader charismatique Houcine Abassi déclare qu'ils n'ont rien à voir avec le ministre de la Fonction publique connu comme leader de l'UGTT. Pourquoi battre en retraite à ce moment précis? Pourquoi ne pas l'avoir dit dès sa nomination?
Deux raisons possibles. La première, la plus plausible, c'est une tactique politicienne niveau basique. Je me désengage pour ne pas subir l'effet boomerang de la politique. Dans le cas d'un éventuel échec du ministre ou du gouvernement, ils n'assument pas la responsabilité de l'avoir placé.
La seconde est la probable stupéfaction par l'annonce de Youssef Chahed de suppression d'emplois dans la fonction publique lors de son discours d'investiture. Peu importe, l'une ou l'autre, ce qu'il faut retenir c'est le premier retrait d'un pilier de la coalition de Carthage du champ de bataille le second jour d'exercice!
Beaucoup de confiance, peu d'engagement!
Il est à rappeler qu'excepté les 5 lignes figurant dans l'accord de Carthage et le discours prononcé pour le vote de confiance rien de concret n'a été présenté ni aux partis ni au peuple pour donner le programme de ce jeune et jolie gouvernement. Absolument rien et pourtant ce gouvernement de jeunes illuminés inconnus a obtenu la confiance absolue. Est-ce l'effet "Béji Caid Essebsi veut, Dieu le veut"?
Carte Blanche?
En synthèse, une équipe gouvernementale globalement contestée par les partis et par le peuple, un vote de confiance fort, une absence de force d'opposition en mesure de jouer le rôle du garde-fou, une situation économique et sociale critique, une corruption endémique; tous ces éléments réunis laissent quand même peu de place au doute quant à la stabilité et à la pérennité du système.
Dans ces conditions pouvons-nous nous permettre d'offrir un chèque en blanc à l'équipe gouvernementale et la coalition qu'elle représente? La logique voudrait que non!
Ceci étant dit, par patriotisme, par engagement citoyen, il est de notre devoir de véhiculer les ingrédients de la réussite de notre projet pour la Tunisie. Cela ne pourrait se faire qu'en créant les mécanismes sociologiques renforçant le degré d'adhésion de la masse populaire, de la société civile et des décideurs à l'effort de redressement du pays tant attendu. Youssef Chahed devrait suivre à la loupe trois indicateurs: le taux de chômage, l'endettement et le PIB.
Notre pays a besoin de garde-fous; indépendants, engagés, patriotes et sincères qui puissent s'exprimer sur la chose publique.
Il est dans la responsabilité et dans la capacité des experts indépendants, des leaders d'opinion apolitique et des journalistes de jouer le rôle de régulateur en poussant le gouvernement de Youssef Chahed dans la bonne voie par la force de propositions structurantes, de critiques constructives et surtout par la vigilance.
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