C'était l'un des piliers de l'école historique tunisienne, spécialiste hors pair du Moyen Âge, érudit modeste et généreux, qui a su communiquer au grand public sa passion pour une époque mal connue et réputée austère.
Mohamed Tahar Mansouri qui s'est éteint, à l'âge de soixante et un ans, le 10 août 2016 dans sa maison près de Tunis, était un exemple pour beaucoup de ses étudiants. C'est un peu toute la "République des Lettres" qui est en deuil aujourd'hui.
Par sa personne, son enseignement, son œuvre, ses activités, il a rayonné, au premier rang des historiens, de la parution de sa thèse en 1992 jusqu'à sa mort. Et sa lumière éclairera longtemps encore.
Son œuvre est immense. Sa bibliographie réduite à l'essentiel couvre plus de 100 articles savants et un nombre important d'ouvrages.
Mohamed Tahar Mansouri fut d'abord un médiéviste. Faut-il rappeler son dernier ouvrage sur "La Tunisie médiévale", publiée quelques mois avant sa disparition.
Le professeur Mansouri était un historien qui a progressivement descendu le cours du temps et qui s'est tourné délibérément vers l'histoire religieuse, économique et démographique, en liaison étroite avec les autres sciences de l'homme, suivant les vœux de l'École des Annales.
On a présent à l'esprit sa traduction de l'ouvrage de François Dosse, "L'Histoire en miette", qui a remporté en 2014 le prix du Cheïkh Zayed, sa lumineuse réflexion sur "Les amphis du silence", un essai qui voulait toucher le fond d'un grand problème; à savoir l'enseignement des sciences humaines et sociales dans les universités tunisiennes, et bien sûre son monumental "Chypre dans les sources arabes".
Mais cette œuvre n'est qu'un aspect de son immense activité. Mohamed Tahar Mansouri était un Maître de grand rayonnement. Professeur d'université à la faculté des lettres et des humanités de la Manouba, puis professeur visiteur dans un nombre important d'universités arabes et européennes, il était membre dans plusieurs sociétés savantes et un bon organisateur de colloques et de rencontres académiques.
Savant, professeur, Si Tahar, comme il voulait s'appeler, était aussi un grand pédagogue et un encadreur de thèse sollicité par les étudiants qui veulent se spécialiser dans les relations arabo-byzantines. Dans les amphis, longtemps silencieuses à cause d'une mauvaise politique d'orientation, il aimait enseigner.
Son besoin d'espace, d'air, d'horizons, était une dimension fondamentale de son œuvre. S'il a su si bien voir les lieux, les hommes et les femmes du passé, c'est que, après avoir intensément scruté les textes, il a levé les yeux pour regarder les paysages et les êtres humains du présent.
Cependant, il avait fait une plongée magnifique dans l'imaginaire médiéval, un sujet qui l'a tant fasciné.
Mohamed Tahar Mansouri a consacré ses dernières années à réfléchir l'histoire de la Tunisie dans une perspective de longue durée. Les thèmes de la femme, des pratiques vestimentaires et des minorités religieuses attiraient son attention de chercheur. Parallèlement, il ne cachait pas son intérêt au travail collectif.
Ainsi, il a labouré et fait vivre tous les territoires essentiels, tous les problèmes fondamentaux de l'histoire du Maghreb médiéval. Son œuvre est l'histoire totale d'une période et d'une société écrite par un historien total.
Par la qualité de son œuvre et l'originalité de ses sujets, il sera longtemps, avec Mohamed Talbi et Hichem Djaït, un maître pour les historiens, les médiévistes évidemment en premier. Jamais, on ne pourrait résumer le secret de Si Tahar et de son influence, dans quelques lignes d'hommage. Cet incomparable savant dort maintenant loin de nous mais son esprit et son œuvre resteront présents parmi nous.
Bibliographie sélective du Professeur Mohamed Tahar Mansouri
- Recherches sur les relations entre Byzance et l'Égypte (1259-1453), Tunis, Publications de la Faculté des lettres de la Manouba, 1992
- Du voile et du zunnâr, Tunis, édition L'Or du temps, 1995
- Hammamet : histoire d'une cité méditerranéenne, Tunis, MED édition, 2000
- Chypre dans les sources arabes médiévales, Nicosie, Centre de Recherches Scientifiques, 2001
- La vie religieuse à Byzance, Tunis, Amal édition, 2003 (en arabe)
- Vocabulaire historique de Byzance, Tunis, Amal édition, 2003
- Études médiévales, 2 vols, Tunis, Publications de la Faculté des lettres de la Manouba, 2009
- Les amphis du silence, Tunis, Irtihal édition, 2011
- La Tunisie médiévale, Tunis, Šamid édition, 2015 (en arabe)
Mohamed Tahar Mansouri qui s'est éteint, à l'âge de soixante et un ans, le 10 août 2016 dans sa maison près de Tunis, était un exemple pour beaucoup de ses étudiants. C'est un peu toute la "République des Lettres" qui est en deuil aujourd'hui.
Par sa personne, son enseignement, son œuvre, ses activités, il a rayonné, au premier rang des historiens, de la parution de sa thèse en 1992 jusqu'à sa mort. Et sa lumière éclairera longtemps encore.
Son œuvre est immense. Sa bibliographie réduite à l'essentiel couvre plus de 100 articles savants et un nombre important d'ouvrages.
Mohamed Tahar Mansouri fut d'abord un médiéviste. Faut-il rappeler son dernier ouvrage sur "La Tunisie médiévale", publiée quelques mois avant sa disparition.
Le professeur Mansouri était un historien qui a progressivement descendu le cours du temps et qui s'est tourné délibérément vers l'histoire religieuse, économique et démographique, en liaison étroite avec les autres sciences de l'homme, suivant les vœux de l'École des Annales.
On a présent à l'esprit sa traduction de l'ouvrage de François Dosse, "L'Histoire en miette", qui a remporté en 2014 le prix du Cheïkh Zayed, sa lumineuse réflexion sur "Les amphis du silence", un essai qui voulait toucher le fond d'un grand problème; à savoir l'enseignement des sciences humaines et sociales dans les universités tunisiennes, et bien sûre son monumental "Chypre dans les sources arabes".
Mais cette œuvre n'est qu'un aspect de son immense activité. Mohamed Tahar Mansouri était un Maître de grand rayonnement. Professeur d'université à la faculté des lettres et des humanités de la Manouba, puis professeur visiteur dans un nombre important d'universités arabes et européennes, il était membre dans plusieurs sociétés savantes et un bon organisateur de colloques et de rencontres académiques.
Savant, professeur, Si Tahar, comme il voulait s'appeler, était aussi un grand pédagogue et un encadreur de thèse sollicité par les étudiants qui veulent se spécialiser dans les relations arabo-byzantines. Dans les amphis, longtemps silencieuses à cause d'une mauvaise politique d'orientation, il aimait enseigner.
Son besoin d'espace, d'air, d'horizons, était une dimension fondamentale de son œuvre. S'il a su si bien voir les lieux, les hommes et les femmes du passé, c'est que, après avoir intensément scruté les textes, il a levé les yeux pour regarder les paysages et les êtres humains du présent.
Cependant, il avait fait une plongée magnifique dans l'imaginaire médiéval, un sujet qui l'a tant fasciné.
Mohamed Tahar Mansouri a consacré ses dernières années à réfléchir l'histoire de la Tunisie dans une perspective de longue durée. Les thèmes de la femme, des pratiques vestimentaires et des minorités religieuses attiraient son attention de chercheur. Parallèlement, il ne cachait pas son intérêt au travail collectif.
Ainsi, il a labouré et fait vivre tous les territoires essentiels, tous les problèmes fondamentaux de l'histoire du Maghreb médiéval. Son œuvre est l'histoire totale d'une période et d'une société écrite par un historien total.
Par la qualité de son œuvre et l'originalité de ses sujets, il sera longtemps, avec Mohamed Talbi et Hichem Djaït, un maître pour les historiens, les médiévistes évidemment en premier. Jamais, on ne pourrait résumer le secret de Si Tahar et de son influence, dans quelques lignes d'hommage. Cet incomparable savant dort maintenant loin de nous mais son esprit et son œuvre resteront présents parmi nous.
- Recherches sur les relations entre Byzance et l'Égypte (1259-1453), Tunis, Publications de la Faculté des lettres de la Manouba, 1992
- Du voile et du zunnâr, Tunis, édition L'Or du temps, 1995
- Hammamet : histoire d'une cité méditerranéenne, Tunis, MED édition, 2000
- Chypre dans les sources arabes médiévales, Nicosie, Centre de Recherches Scientifiques, 2001
- La vie religieuse à Byzance, Tunis, Amal édition, 2003 (en arabe)
- Vocabulaire historique de Byzance, Tunis, Amal édition, 2003
- Études médiévales, 2 vols, Tunis, Publications de la Faculté des lettres de la Manouba, 2009
- Les amphis du silence, Tunis, Irtihal édition, 2011
- La Tunisie médiévale, Tunis, Šamid édition, 2015 (en arabe)
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