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Accord de Carthage: Que peut-on apprendre de nos politiques à partir de leurs signatures?

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Les signataires : Qui sont-ils ?

Nos politiques étaient pour la plupart d'illustres...inconnus pour le grand public. Les Tunisiens découvrent ces "acteurs émergents" avec l'explosion des partis politiques, la pléthore de dirigeants et commentateurs, le jeu des nominations et l'effervescence médiatique qui ont suivi la révolution.

Ces "Qiyadiyin" ("dirigeants"), qui mènent ce débat houleux, trahissent souvent l'angoisse de ne pas durer dans le paysage politique tant l'opinion est versatile et l'électorat instable et potentiellement exigeant. Mais aussi parce qu'on en sait peu de choses malgré leurs fréquentes apparitions médiatiques.

Ces acteurs (...) politiques, qui n'ont pas nécessairement des profils "professionnels", restent en effet peu saisissables et difficilement prévisibles car peu connus quant à leurs "natures intimes" et a leurs "ressorts psychiques"; leurs "caractères" peut-on dire.

Leurs discours et postures n'en donnent pas une image complète et constante. C'est pourquoi, les "griffes" apposées en bas du document de l'accord de Carthage sur le gouvernement d'union nationale portent à tenter un exercice rapide à partir des règles générales de la graphologie, qui, pour les psychologues est loin d'être du charlatanisme.

C'est la signature du Président de la République qui a étonné plus d'un pour sa graphie difforme, lourde et hésitante, qui a tout d'un premier essai. Les autres signatures esquissées à main levée, révèlent au premier coup d'œil une diversité de styles qui tour a tour étonnent, suggèrent un "sens soupçonné" ou même laissent entrevoir un tempérament que trahit... la main qui tient le stylo.
Tentons cet exercice!

Toute signature ...signifie ...

Tout comme le langage corporel, l'écriture est un geste d'expression qui peut en dire long sur quelqu'un. Car la signature donne un aperçu intime de la personne, une petite représentation de soi-même, une sorte de "moi public" qui révèle comment une personne voudrait être perçue.

D'où un certain nombre d'indices quant à des traits tels que le niveau d'honnêteté, de créativité, de stabilité émotionnelle, de capacités communicationnelles et sous un autre angle, son niveau de confiance en soi. Et bien d'autres traits profonds, soutiennent les graphologues friands de psychanalyse.

Cette technique affinée a été mise au point par la CIA qui explique dans une étude déclassifiée depuis 1995 et qui s'intitule "analyse de l'écriture comme moyen d'évaluation" ("Handwriting Analysis as an Assessment Aid") que cette méthode a été longtemps utilisée pour dresser un profil psychologique de plusieurs dirigeants contemporains de par le monde sur la base de trois composantes importantes: la lisibilité, l'orientation et les paraphes.

La graphologie a ainsi gagné sous certains cieux une réputation de pertinence au point que l'entreprise, à travers les bureaux de recrutement en a fait un outil et des critères de sélection incontournables.

Voyons ce que cette science nous dit sur nos politiques!

Vue d'ensemble: le contexte et la forme

Sans chercher la petite bête, nous voyons certaines signatures occuper une place confortable assortie du nom et de la qualité de la personne et d'un espace approprié, alors que d'autres, sont venues humblement se caser en bas de la première page de ce document qui en compte trois.

Visiblement, ces cas n'étaient pas prévus au départ.

Toujours sur la forme: La majorité des signataires ont choisi l'encre bleue alors que M. Marzouk (et deux autres non identifiables) ont préféré le noir. Ont ils une préférence pour le noir (l'expression "noir sur blanc" suggère ce qui est officiel et sans ambages), ou n'ont-ils "confiance" qu'en leur propre stylo ?... En ce sens qu'ils ne prêtent ni empruntent.

En tout cas, ils n'ont pas pris la peine de s'aligner; la suite l'a montré concernant Marzouk qui n'a pas tardé à retirer sa signature comme pour dire: "je ne suis pas un bleu".

5 personnalités seulement, (au sens politique!) signent de droite à gauche, en arabe, en restituant nom et prénom. Il est vrai que la paraphe arabe classique n'est souvent qu'une reprise scripturale du nom et/ou du prénom complet et que la griffe moderne (centrée sur l'individu) ressemble au coup d'épée de Zorro.

Ghannouchi, Maghzaoui, Chebbi et Marzouk collent à ce fond identitaire, sauf que ce dernier a tenu à ajouter à sa signature en arabe, ses initiales (MM) en lettres latines et au centre d'une boucle élégante.

Tous les autres s'adonnent à une griffe en français, rapide et d'un seul trait sinueux sans oublier un bref coup horizontal barrant la "sortie" de la signature.

La patronne des patrons nous livre une partie de son nom de famille (bouch....) - aucune parenté avec la famille Bush et le secteur pétrolier n'est qu'une coïncidence - et fournit bien lisible, son prénom complet (Wided). Ils ne sont que trois à mentionner le nom et le prénom: Ghannouchi, Chebbi, et Bouchamaoui trahiraient peut être le besoin d'exhiber le nom en public surtout que Ghannouchi ne porte pas réellement ce nom.

Le coup de " griffe " !

Une signature illisible ou gribouilleuse nous dit la graphologie, indique que la personne a un désir d'être vu mais qu'elle préfère ne pas être trop remarquée. Toutefois Il est admis que l'illisibilité signifierait un manque de franchise, indice de dissimulation. Ce qui distingue ces deux traits est la taille de la signature.

Houssine Abassi et Slim Riahi ont tous les deux des signatures illisibles mais de tailles distinctes.

Dans le cas du secrétaire général de l'UGTT, la taille relativement modeste de sa signature montre le coté introverti et timide du personnage mais aussi "l'humble représentant" d'une organisation nationale dont la présence reste placide, modeste et calme.

A l'opposé, la large et illisible signature de Slim Riahi indique que la personne a un besoin d'anonymat, qu'elle cache un jeu qu'elle ne souhaiterait pas dévoiler. En graphologie les signatures trop grandes sont un signe de fausse fierté, voire de prétention et montrent que le scripteur cherche à compenser quelque chose.

Les signatures claires comme celles de Mohsen Marzouk, d'Issam Chebbi et de Yassine Brahim sont perçues comme un signe d'ouverture, de spontanéité et de modestie, mais aussi d'orgueil qu'on reconnaît dans d'autres détails révélateurs de la signature.

Le paraphe en zigzag par exemple chez Issam Chebbi relève une attitude confuse de la personne.

Cependant un soulignement ondulé ou en forme de courbe comme chez Mohsen Marzouk, est une forte indication que la personne cherche l'attention, mais c'est aussi une sorte de trait d'humour et de sens de la communication. Un coup de stylo final généralement assorti d'un sourire au moment de la signature.

Le nom "Brahim" qui est parfaitement lisible dans la signature du président de Afek et qui prend nettement de la place, indique quant a lui, un "moi" qui prend le dessus et qui révèle un côté orgueilleux de la personne.

Rached Ghannouchi livre une signature relativement lisible avec un nom complet et un long souligné horizontal, prolongement d'une des lettres. Même si nous savons que ce n'est pas son vrai nom, son application à inscrire une identité complète assortie de la simple ligne droite sous la signature révèle que la personne est plutôt conservatrice, conventionnelle et qu'elle se conforme aux normes sans les questionner. Il indique aussi une certaine autosatisfaction, mais une confiance en soi assez limitée. Une angoisse sur fond de fatalisme, en somme.

Le graphologue Raymond Trillat, à propos de ce type de paraphe, y voit une "conscience de sa valeur, mais non sureté de celle-ci". Les traits soulignant la signature, indique le désir de s'imposer envers et contre tout et tous.

Cette caractéristique apparait également chez Wided Bouchamaoui par sa signature montante et qui met en exergue son prénom. Cela montre son ambition et sa bonne estime de soi.

Enfin la signature de H. Caid Essebsi accapare quelques petites secondes de plus que les autres car elle est compliquée et assez illisible.

Une telle signature complexe cacherait une volonté de se confectionner une image souhaitée et s'analyse comme un manque de confiance en soi ou une appréhension à se dévoiler ou a être dévoilé. Le scripteur semble écrire nerveusement son nom entier dans une configuration fragmentée qui dénote une certaine confusion.

Bien sûr il est bien plus important d'observer le style d'écriture dans sa forme comme dans ses contenus pour se faire une idée claire, car l'écriture comme la démarche rédactionnelle (l'esthétique et les idées) expriment le mieux ce que la personne est profondément. Alors que la signature n'exprime que la façon dont elle aimerait être vue.

Nos politiques savent au moins signer mais les verrons-nous écrire (l'Histoire) et s'appliquer consciencieusement (en silence! ou "en se mordant la langue", comme le dit l'expression populaire) pour nous rendre un beau texte ...dans un meilleur contexte.

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