La déclaration de M. Ayari, gouverneur de la Banque centrale hier concernant la valeur du Dinar n'est pas appropriée, pour ne pas dire plus.
"La valeur du dinar reflète la situation économique du pays" a t-il déclaré.
Avec une telle déclaration, on peut aller loin dans la glissade. Même à 10 dinars pour un Euro, la glissade ne ralentirait pas. Imaginez les conséquences sur les prix et les inégalités.
C'est comme un médecin qui affirme que les cris de son malade reflètent sa maladie, tout en le pinçant pour le faire crier encore plus.
En réalité, c'est la conception qu'il se fait de la valeur et du rôle du dinar qui n'est pas adaptée à la situation de la Tunisie.
Le dinar serait une marchandise dont le prix doit être fixé selon l'offre et la demande, sans tenir compte de la conséquence des variations de ce prix sur la vie de millions de tunisiens, ni de la fragilité structurelle, qui va en s'aggravant, de l'économie tunisienne en comparaison avec les économies des pays développés qui appliquent ce système.
Même une puissance comme la Chine a attendu de réaliser un excédent commercial durable avant de se lancer dans la "marchéisation" de sa monnaie.
M. Ayari affirme aussi à qui veut l'entendre, et à raison cette fois, que le mal vient du dérapage du commerce extérieur. Le problème c'est que personne ne veut l'entendre.
Le président de la République et le chef du gouvernement ne se sentent pas concernés. Ce n'est pas dans leurs prérogatives, croient-ils.
Le ministre de l'emploi, Zied Laâdhari, n'avait-il pas déclaré il y a quelques semaines à l'occasion d'une conférence inutile sur l'emploi qu'il avait organisée, que le chômage est un problème économique?
Brillante lapalissade! Mais qui trahit la conviction que l'économie est en dehors du champ d'action du gouvernement.
Le gouvernement ne serait pas responsable de l'économie. Il doit juste encourager les privés à se mettre au travail, comme lors des quelques inaugurations de projets et de cafés.
On retrouve cette conviction dans les discours de Rached Ghannouchi et son équipe, et chez quelques nidaistes. Les exilés de Londres ont sans doute eu le temps d'ingurgiter cette doctrine pendant leur exil car ils ne la connaissaient pas avant l'exil. Au contraire, leur discours reprochait au premier gouvernement de Ben Ali son manque d'intervention dans l'économie en dérive du pays. Mais les temps ont changé et les idées aussi.
Au fait, où sont passés les écrits économiques de Salah Karkar, l'économiste qui a été le premier chef d' Ennahdha et que l'Occident a isolé du reste de l'équipe jusqu'à sa paralysie physique? Que pensait-il de cette doctrine que l'économie ne concerne pas le gouvernement? On aimerait bien savoir.
Et l'Assemblée du Peuple? Le sujet est trop technique pour elle.
La plupart des députés n'y comprennent rien et attendent les consignes de leurs partis, eux même mal outillés, ou des institutions internationales. "Il faut voter comme le recommande le FMI, sinon ils nous coupent les crédits" pensent-ils. Des crédits dont ils ne se soucient même pas de savoir dans quoi ils sont dépensés.
En plus de l'ignorance, notre parlement est désintéressé du sort de notre économie. Il n'a même pas cherché, depuis son installation il y a un an et demi, a se doter d'un organe de suivi et de conseil économique et stratégique. Il ne cherche pas non plus à capitaliser le savoir et l'expérience en analysant les erreurs passées. Les nouveaux-venus remettent tout à zéro pour rester en définitive dans le zéro.
Le seul organe public à vocation stratégique, l'ITES, se contente de professer des généralités telles que l'affirmation du rôle de la prospective, de l'enseignement... Il évite soigneusement les vrais défis qu'affronte en ce moment le pays, comme cette chute du dinar ou l'ALECA.
A ce propos, l'IACE, qui est l'équivalent privé de l'ITES, fait un bien meilleur travail. Mais il reste logiquement limité aux centres d'intérêts de ses propriétaires. Notre État navigue à l'aveugle.
Aux USA, le Congress a l'autorité sur le General Accounting Office (GAO) auquel il commande des études. Le GAO est l'équivalent de notre Cour des Comptes, qui n'est plus, désormais, sous l'autorité de personne et dont les travaux, déjà insuffisants, ne semblent intéresser personne.
Le Congress dispose aussi d'autres organes de conseil et suivi pour les questions à caractère stratégiques et économiques autres que comptables, tels que le Congressional Research Service.
Mais notre ARP se contente d'entités à financement douteux qui détournent l'attention des députés sur des questions secondaires comme les formalités administratives, juridiques, électorales... pendant que le pays se fait vider les poches!
Bilan: un dinar qui dégringole "librement" sous les yeux d'un État anesthésié par ses convictions libérales mal comprises et appliquant à l'aveugle les recommandations mal adaptées des institutions financières internationales.
"La valeur du dinar reflète la situation économique du pays" a t-il déclaré.
Avec une telle déclaration, on peut aller loin dans la glissade. Même à 10 dinars pour un Euro, la glissade ne ralentirait pas. Imaginez les conséquences sur les prix et les inégalités.
C'est comme un médecin qui affirme que les cris de son malade reflètent sa maladie, tout en le pinçant pour le faire crier encore plus.
En réalité, c'est la conception qu'il se fait de la valeur et du rôle du dinar qui n'est pas adaptée à la situation de la Tunisie.
Le dinar serait une marchandise dont le prix doit être fixé selon l'offre et la demande, sans tenir compte de la conséquence des variations de ce prix sur la vie de millions de tunisiens, ni de la fragilité structurelle, qui va en s'aggravant, de l'économie tunisienne en comparaison avec les économies des pays développés qui appliquent ce système.
Même une puissance comme la Chine a attendu de réaliser un excédent commercial durable avant de se lancer dans la "marchéisation" de sa monnaie.
M. Ayari affirme aussi à qui veut l'entendre, et à raison cette fois, que le mal vient du dérapage du commerce extérieur. Le problème c'est que personne ne veut l'entendre.
Le président de la République et le chef du gouvernement ne se sentent pas concernés. Ce n'est pas dans leurs prérogatives, croient-ils.
Le ministre de l'emploi, Zied Laâdhari, n'avait-il pas déclaré il y a quelques semaines à l'occasion d'une conférence inutile sur l'emploi qu'il avait organisée, que le chômage est un problème économique?
Brillante lapalissade! Mais qui trahit la conviction que l'économie est en dehors du champ d'action du gouvernement.
Le gouvernement ne serait pas responsable de l'économie. Il doit juste encourager les privés à se mettre au travail, comme lors des quelques inaugurations de projets et de cafés.
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On retrouve cette conviction dans les discours de Rached Ghannouchi et son équipe, et chez quelques nidaistes. Les exilés de Londres ont sans doute eu le temps d'ingurgiter cette doctrine pendant leur exil car ils ne la connaissaient pas avant l'exil. Au contraire, leur discours reprochait au premier gouvernement de Ben Ali son manque d'intervention dans l'économie en dérive du pays. Mais les temps ont changé et les idées aussi.
Au fait, où sont passés les écrits économiques de Salah Karkar, l'économiste qui a été le premier chef d' Ennahdha et que l'Occident a isolé du reste de l'équipe jusqu'à sa paralysie physique? Que pensait-il de cette doctrine que l'économie ne concerne pas le gouvernement? On aimerait bien savoir.
Et l'Assemblée du Peuple? Le sujet est trop technique pour elle.
La plupart des députés n'y comprennent rien et attendent les consignes de leurs partis, eux même mal outillés, ou des institutions internationales. "Il faut voter comme le recommande le FMI, sinon ils nous coupent les crédits" pensent-ils. Des crédits dont ils ne se soucient même pas de savoir dans quoi ils sont dépensés.
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En plus de l'ignorance, notre parlement est désintéressé du sort de notre économie. Il n'a même pas cherché, depuis son installation il y a un an et demi, a se doter d'un organe de suivi et de conseil économique et stratégique. Il ne cherche pas non plus à capitaliser le savoir et l'expérience en analysant les erreurs passées. Les nouveaux-venus remettent tout à zéro pour rester en définitive dans le zéro.
Le seul organe public à vocation stratégique, l'ITES, se contente de professer des généralités telles que l'affirmation du rôle de la prospective, de l'enseignement... Il évite soigneusement les vrais défis qu'affronte en ce moment le pays, comme cette chute du dinar ou l'ALECA.
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A ce propos, l'IACE, qui est l'équivalent privé de l'ITES, fait un bien meilleur travail. Mais il reste logiquement limité aux centres d'intérêts de ses propriétaires. Notre État navigue à l'aveugle.
Aux USA, le Congress a l'autorité sur le General Accounting Office (GAO) auquel il commande des études. Le GAO est l'équivalent de notre Cour des Comptes, qui n'est plus, désormais, sous l'autorité de personne et dont les travaux, déjà insuffisants, ne semblent intéresser personne.
Le Congress dispose aussi d'autres organes de conseil et suivi pour les questions à caractère stratégiques et économiques autres que comptables, tels que le Congressional Research Service.
Mais notre ARP se contente d'entités à financement douteux qui détournent l'attention des députés sur des questions secondaires comme les formalités administratives, juridiques, électorales... pendant que le pays se fait vider les poches!
Bilan: un dinar qui dégringole "librement" sous les yeux d'un État anesthésié par ses convictions libérales mal comprises et appliquant à l'aveugle les recommandations mal adaptées des institutions financières internationales.
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