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Quand Mokded Mejri assassine le jeune Yassine une deuxième fois

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Le présentateur de la chaine Zitouna TV - chaine généraliste privée - a profité de l'horrible crime perpétré contre un enfant de 4 ans à Hay Helal pour régler ses comptes avec ceux qui ne pensent pas comme lui (à partir de 12:09 dans la vidéo ci-dessus)

Mokded Mejri s'en prend à tout le monde: Les homosexuels, les femmes, les journalistes, les universitaires, les politiciens, les publicitaires, les chanteurs et le modèle social en Tunisie.

Les journalistes et les politiciens

Parlant de l'assassin qui a perpétré le crime de Hay Helal, le présentateur affirme qu' "Il s'agit d'un Tunisien faisant partie de la société tunisienne, dans laquelle se trouve beaucoup de politiciens hypocrites mais aussi des journalistes qui apparaissent à la télévision. Dans ce cas, il est tout à fait normal qu'un tel crime se produise".

Pour Mokded Mejri, violer et égorger un enfant est donc du aux politiciens excepté ceux qu'il soutient, et aux journalistes qui apparaissent à la télévision. Drôle de raccourci.

Les publicitaires

Mokded Mejri se prend même de sympathie pour "le diable" vis à vis des hommes et des femmes composant la société tunisienne affirmant que "C'est normal que meure Yassine, quand le diable travaille 11 mois en Tunisie et prend un congé pendant le ramadan, alors que les diables de l'humanité continuent de travailler même durant ramadan, et ils nous passent -seulement pendant ramadan- de l'alcool en publicité au moment de l'Iftar."

Entre le mensonge (aucune publicité pour un produit alcoolisé n'est passée à la télévision tunisienne, la loi régissant la publicité ne le permettant pas) et l'hostilité déclarée à ceux qu'il qualifie de "diable de l'humanité", soit une bonne partie de la société tunisienne, Mokded Mejri use et abuse de la dialectique de la division, et oublie un tant soit peu ses propos sur le présumé assassin de Chokri Belaïd.

Et quand bien même ses propos concerneraient quelques scènes de séries télévisées, rien n'empêche M. Mejri de "zapper" comme il le dit si bien.

Les universitaires et les femmes

Le présentateur de la chaine, n'hésite pas à imputer la responsabilité de ce crime aux enseignants universitaires et aux femmes qui portent des "bretelles":

"C'est normal que meure Yassine puisque le diable (...) considère nos enfants comme musulmans alors les personnes qui enseignent à l'université, ces doctorants(...) en bretelles, ne considèrent pas que nos enfants soient obligatoirement musulmans" a t-il affirmé.


Entre les universitaires qui enseignent les sciences d'une façon objective et les femmes qui portent des "bretelles" et Mokded Mejri, cela n'a jamais été l'amour fou.

L'on se rappelle la diatribe de l'animateur à l'encontre de l'universitaire, Amel Grami, qu'il accuse d'avoir offensé le prophète parce qu'elle a relaté un fait historique dans le cadre de ses études scientifiques et académiques.

Les homosexuels

Après, les politiciens, les journalistes, les femmes, les universitaires et les publicitaires, Mokded Mejri se tourne vers les homosexuels qui selon lui sont aussi la cause de la mort de l'enfant de 4 ans.

"C'est normal que meure Yassine puisque (...) en Tunisie(...) de la mosquée El Zitouna et de Kairouan, abrite une association d'homosexuels" a t-il affirmé avant d'ajouter: "C'est normal que meure Yassine, quand le ministre des Affaires Religieuses demande des cours de mémorisation pour 100.000 jeunes et que des manifestations, des protestations des médias, alors qu'ils ne protestent pas contre ce viol ou contre les personnes qui vénèrent Satan en Tunisie, ou quand ils voient qu'il y a une association d'homosexuels, là ils ne font rien".

Le raccourci est encore tout fait pour Mokded Mejri: L'homosexualité conduit au meurtre.

Les chanteurs

Pour le présentateur de la chaine Zitouna TV, le fait de parler de drogues, principalement dans les chansons serait ce qui a conduit l'assassin du jeune enfant à passer à l'acte: "C'est normal que meure Yassine, puisque les stupéfiants deviennent des chansons en Tunisie et que le mot 'zatla' dont on avait honte devienne une locution utilisée et répétée à la télévision".

Dans la logique de M. Mejri, les chansons parlant de "drogue" et l'usage répété du mot "Zatla" à la télévision, voire même l'usage de ces substances conduiraient au meurtre. Digne des "fatwas" les plus loufoques.

Conclusion:

Les raccourcis de M. Mejri sont édifiants: le petit enfant ne serait pas mort s'il n'y avait pas eu de femmes, d'homosexuels, d'universitaires, de médias, de publicitaires, de chanteurs et de politiciens dans notre société.

Or, je souhaiterai rappeler à M. Mejri que jusqu'à preuve du contraire, l'assassin présumé n'est ni une femme, ni un homosexuel, ni un universitaire, ni un journaliste, ni un publicitaire, ni un chanteur et ni un politicien.

Mokded Mejri ou la défense d'un modèle de société intolérant et ethnocentré

Par ailleurs et indépendamment de la récupération de l'affaire, oeuvre du présentateur, quelle société ce monsieur veut-il offrir à la Tunisie?

Récapitulons: Une société sans politiciens, une société sans publicitaires, une société sans chanteurs, une société sans homosexuels, une société sans universitaires, une société sans médias, une société sans journalistes, et enfin une société sans femmes.

Que restera t-il donc selon Mokded Mejri? La chaine Zitouna TV, sa propre personne et leurs avatars probablement.

"Si l'assassin avait à un moment ou à un autre zappé et s'était retrouvé devant une chaine de télévision avec un présentateur respectable expliquant un verset ou qui redresse (les torts d') un humain, lui donne des conseils ou lui raconte une belle histoire, peut-être que ce moment-là aurait changé la destinée de ce criminel (...) Paix à ton âme Tunisie" a t-il affirmé.

A un jeune enfant qui n'a rien demandé, à un jeune enfant qui ne souhaitait que vivre, à un jeune enfant dont la vie n'était qu'innocence, Mokded Mejri répond par la haine: la haine de la différence, la haine des autres, la haine de la Tunisie, assassinant une deuxième fois ce jeune enfant qui n'avait rien demandé.

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