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Tunisie: Confronté à une surproduction de lait, le gouvernement rachète des millions de litres

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SURPRODUCTION - Depuis le début de l'année, la gestion des stocks de lait, souvent excédentaires, envenime les relations entre le gouvernement et les professionnels du secteur laitier.

Car la surproduction menace la profession. Lundi 2 mai, alors que la période de lactation arrive à son terme, le ministre de l'Agriculture Saad Seddik a annoncé que le stock de lait vient d'atteindre les 61 millions de litres, proche du record de juin 2015 (68 millions de litres). Passant sur les ondes de Shems FM, il a annoncé des mesures de soutien à l'exportation (par le biais de subventions par litre de lait exporté) et le rachat par le gouvernement de 19 millions de litres.

Ce lait doit être distribué "aux collectivités territoriales, aux écoles notamment, mais aussi aux familles nécessiteuses", explique au HuffPost Tunisie Anis Ben Rayana, chargé de communication du ministère de l'Agriculture, qui annonce également que 10 autres millions seront encore achetés par le gouvernement prochainement.

Fin février, une première manifestation à Teboursouk, près de Béja, avait dénoncé les refus des collectes de lait d'accepter la production des éleveurs. 9.000 litres de lait avaient alors été déversés, dans un geste de protestation relativement régulier chaque année en période de lactation, comme ici à Sfax en avril 2014:



Le mouvement s'était étendu, les éleveurs de la filière lait - notamment - ayant bloqué des routes dans le gouvernorat de Jendouba pour protester face aux quotas des centres de collecte. Les éleveurs ont finalement obtenu gain de cause, les autorités suspendant ce système de quota, avait alors annoncé à la TAP le président de la chambre régionale des propriétaires de centres de collecte du lait, Othman Ajroudi:
"Les centres de collecte du lait de Béja, ont décidé, dimanche, de suspendre leur grève entamée hier samedi, et ce, après l’annulation du système des quotas adopté par les centrales laitières depuis novembre 2015"


Car l'Etat, qui a le contrôle autant sur le prix que sur les quantités achetées aux agriculteurs par les centrales laitières, est en première ligne face aux difficultés des producteurs de lait.

Lire aussi: À propos de l'augmentation de 33 millimes du prix minimum du litre de lait garanti aux éleveurs


Le 30 janvier dernier, Saad Seddik avait animé une rencontre à Tunis notamment sur ce thème-là. Hasard du calendrier, la rencontre a eu lieu la veille de l'arrestation d'un homme soupçonné de commercialiser du lait périmé à Oued Ellil (gouvernorat de la La Manouba) en y ajoutant de la lessive, rapporte la TAP. Un fait divers qui rappelle l'urgence sociale et économique dans laquelle est plongée la filière.

Lire aussi:
Le système frauduleux qui augmente les quantités de lait


L'export, seule véritable solution

De fait, l'Etat n'a que trois leviers pour écouler cette production excédentaire: inciter à plus de consommation locale, conserver le lait en le séchant, ou l'exportation, seule cette dernière piste étant à même d'écouler les stocks importants qui s'accumulent.

Le 5 février, le ministère du Commerce a donc annoncé le maintien de la suppression de l'autorisation préalable pour exporter via les frontières terrestres.

En parallèle, les autorités encouragent le séchage du lait (procédé permettant d'en faire du lait en poudre). En février dernier, la cadence de l'usine de séchage de lait de la Mornaguia a dépassé les 120.000 litres par jour. Anis Ben Bayane, chargé de communication du ministère de l'Agriculture, s'en félicite. Joint par le HuffPost Tunisie, il rappelle que cette usine a séché en 2015 5,5 millions de litres de lait depuis son redémarrage vers septembre 2015, et qu'en 2016 le bilan est d'ores et déjà de 11,5 millions de litres séchés.

Enfin, le ministère confie qu'il est également nécessaire de travailler sur le consommateur, qui à raison de 125 litres par habitant et par an, est loin derrière la consommation moyenne d'un Européen (270 litres annuels).

Dans l'immédiat, les 61 millions de litres stockés seront donc pour moitié rachetés par l'Etat, le reste devant bénéficier des subventions étatiques à l'export pour s'écouler.

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Distribution de lait aux réfugiés de Libye, dans un camp du Haut-commissariat aux réfugiés à Ras Jdir (archives, 2011).


Mais ces mesures d'urgence ne rassurent pas Aziz Bouhejba, membre du bureau exécutif du syndicat agricole Synagri, qui, contacté par le HuffPost Tunisie, estime qu'il s'agit là de "solution de trop court terme". Car la faiblesse du marché intérieur et l'ampleur des excédents obligent à se tourner vers l'exportation:

"Mais en 2013, avec l'apparition de l'autorisation préalable d'exporter par voie terrestre, on a perdu les marchés à l'export, au détriment des Turcs et des Européens", déplore-t-il.


Le marché libyen échappe de plus en plus aux producteurs tunisiens, notamment du fait des fermetures à répétition de la frontière. Si le Synagri et le gouvernement divergent sur les moyens, chacun voit la relance des exportations comme bouée de secours pour une filière désormais confrontée à une surproduction chronique.


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