MAJORITE - La coalition au pouvoir vacille: Afek Tounes affiche de plus en plus ouvertement son malaise à participer à la coalition de la majorité avec Nida Tounes, Ennahdha et l'Union patriotique libre (UPL).
La réunion ce lundi 18 avril entre les partis Ennahdha et Nida Tounes, à laquelle Afek n'était pas conviée, ajoute de la tension dans un contexte déjà compliqué depuis le vote sur les statuts de la Banque centrale.
La réunion Ennahdha / Nida Tounes
Dès le lendemain de cette réunion entre des responsables des deux formations principales de la coalition, le secrétaire général d’Afek Tounes, Faouzi Abderrahman, a fait part de sa vexation pour cette mise à l'écart sur les ondes de Shems FM.
Le même jour, Yassine Brahim, président du parti et membre du gouvernement en tant que ministre du Développement, de l'investissement et de la coopération internationale, a fait passer le même message sur Express FM. Mais il a aussi été plus loin, faisant état de son scepticisme quant à la capacité de la majorité actuelle de "guider le pays":
Arithmétique parlementaire
L'équilibre de la coalition au pouvoir a été considérablement modifié de janvier à février, avec la défection d'une trentaine de députés Nida Tounes. En ayant pour la plupart rejoint le bloc Al Horra à l'ARP, derrière Mohsen Marzouk, ces députés ont transformé la coalition gouvernementale. Jusque-là dominée par Nida Tounes, elle repose désormais avant tout sur Ennahdha, redevenu premier bloc parlementaire, puis Nida Tounes. Mais c'est le 9 avril que cette recomposition a été officiellement publiée par le bureau de l'Assemblée des représentants du peuple.
Autre changement majeur: les deux formations supplétives que sont Afek Tounes (10 députés) et l'UPL (14) sont devenues arithmétiquement quasi-nécessaires à la coalition pour conserver la majorité absolue. De quoi priver Nida Tounes de tout rôle de chef d'orchestre de la coalition. Car désormais l'ensemble Ennahdha / Nida Tounes ne pèse plus "que" 120 députés (respectivement 69 et 56), tandis que la majorité absolue est à 109 députés. Or du fait des absences et des votes dissidents toujours possibles, le gouvernement n'est pas assuré de trouver une majorité à l'assemblée.
A tel point que Yassine Brahim appelle ouvertement à "reformer une assise politique", ajoutant que "pour y arriver, des discussions doivent être tenues entre les forces démocratiques et progressistes afin de former une nouvelle coalition forte pour guider le pays".
Cette déclaration couronne plusieurs jours voire semaine de spéculations feutrées, d'aucuns prêtant à Yassine Brahim l'ambition de prendre la place de Habib Essid à la tête du gouvernement.
"Arrogance" des deux grands partis de la coalition
Mais pour le député (Afek Tounes) Karim Hellali, contacté par le HuffPost Tunisie, le problème n'est en rien gouvernemental, mais totalement parlementaire:
Un membre d'Afek Tounes jure au HuffPost Tunisie que le malaise touche avant tout à la coordination au sein de la coalition parlementaire: "Par exemple sur la loi réformant les statuts de la Banque centrale, on avait fait tout un travail sur les monnaies électroniques, de type Bitcoin. Tout cela a été balayé, ce travail n'aura servi à rien...", déplore-t-il.
Finalement, la loi sur la Banque centrale a été votée à une voix près, notamment du fait de la défection des députés Afek.
Le vote in extremis des statuts de la Banque centrale a semé la colère de certains députés de la majorité, comme Raouf Khammassi (Nida Tounes), ou du député indépendant Mehdi Ben Gharbia (bloc social-démocrate, partisan du projet de loi gouvernemental en l'occurrence).
La veille de ce vote en forme d'avertissement, Yassine Brahim avait déclaré à la TAP lors d'un congrès de son parti à Hammamet que le pays souffrait d'un manque "d'harmonie entre les pouvoirs exécutifs et législatifs et à cause des crises que connaissent plusieurs partis".
"C'est Ennahdha qui dirige"
Karim Hellali n'hésite pas à désigner nommément l'objet de ces tensions: "Depuis la scission à Nida Tounes, c'est le bloc parlementaire Ennahdha qui dirige", assène-t-il, déplorant que des ajouts à des textes de loi "passent à la dernière minute en vertu d'un accord magique entre Nida Tounes et Ennahdha", citant en exemple "l'article relatif à la finance islamique inséré dans le projet de loi sur la Banque centrale".
Le député voit là un profond déséquilibre avec la place occupée par Afek Tounes dans la coalition: "Sur la Banque centrale on avait préparé 23 amendements, très peu ont trouvé un écho au sein de la coalition". Mais ces problèmes de coordination remontent à plus loin pour le parlementaire, qui mentionne également les divergences des députés Afek Tounes sur la loi relative au Conseil supérieur de la magistrature (examinée en mars), ou la loi de finances (en décembre dernier).
Une initiative parlementaire d'Afek Tounes vise donc à établir un bloc parlementaire unique pour les partis de la majorité hors Ennahdha. "Ce n'est pas dirigé contre Ennahdha", tempère Karim Hellali. "Il faut simplement équilibrer le paysage au parlement pour qu'il corresponde au vote des Tunisiens", soutient-il, espérant voir un bloc de "105 ou 110 députés" s'associer à Ennahdha dans le travail parlementaire.
Demain, jeudi 21 avril, le siège d'Afek Tounes abritera une réunion quadripartite avec les autres formations parlementaires de la majorité. Une réunion de la dernière chance, pour demander que chaque parti de la coalition soit considéré sur un pied d'égalité dans le travail parlementaire. "Sinon on quittera la coalition", prévient Karim Hellali.
La réunion ce lundi 18 avril entre les partis Ennahdha et Nida Tounes, à laquelle Afek n'était pas conviée, ajoute de la tension dans un contexte déjà compliqué depuis le vote sur les statuts de la Banque centrale.
La réunion Ennahdha / Nida Tounes
Dès le lendemain de cette réunion entre des responsables des deux formations principales de la coalition, le secrétaire général d’Afek Tounes, Faouzi Abderrahman, a fait part de sa vexation pour cette mise à l'écart sur les ondes de Shems FM.
Le même jour, Yassine Brahim, président du parti et membre du gouvernement en tant que ministre du Développement, de l'investissement et de la coopération internationale, a fait passer le même message sur Express FM. Mais il a aussi été plus loin, faisant état de son scepticisme quant à la capacité de la majorité actuelle de "guider le pays":
"Le pays n'est pas en de bonnes conditions pour la raison simple que la coalition au pouvoir à l'ARP s'est effondrée."
Arithmétique parlementaire
L'équilibre de la coalition au pouvoir a été considérablement modifié de janvier à février, avec la défection d'une trentaine de députés Nida Tounes. En ayant pour la plupart rejoint le bloc Al Horra à l'ARP, derrière Mohsen Marzouk, ces députés ont transformé la coalition gouvernementale. Jusque-là dominée par Nida Tounes, elle repose désormais avant tout sur Ennahdha, redevenu premier bloc parlementaire, puis Nida Tounes. Mais c'est le 9 avril que cette recomposition a été officiellement publiée par le bureau de l'Assemblée des représentants du peuple.
Autre changement majeur: les deux formations supplétives que sont Afek Tounes (10 députés) et l'UPL (14) sont devenues arithmétiquement quasi-nécessaires à la coalition pour conserver la majorité absolue. De quoi priver Nida Tounes de tout rôle de chef d'orchestre de la coalition. Car désormais l'ensemble Ennahdha / Nida Tounes ne pèse plus "que" 120 députés (respectivement 69 et 56), tandis que la majorité absolue est à 109 députés. Or du fait des absences et des votes dissidents toujours possibles, le gouvernement n'est pas assuré de trouver une majorité à l'assemblée.
A tel point que Yassine Brahim appelle ouvertement à "reformer une assise politique", ajoutant que "pour y arriver, des discussions doivent être tenues entre les forces démocratiques et progressistes afin de former une nouvelle coalition forte pour guider le pays".
Cette déclaration couronne plusieurs jours voire semaine de spéculations feutrées, d'aucuns prêtant à Yassine Brahim l'ambition de prendre la place de Habib Essid à la tête du gouvernement.
"Arrogance" des deux grands partis de la coalition
Mais pour le député (Afek Tounes) Karim Hellali, contacté par le HuffPost Tunisie, le problème n'est en rien gouvernemental, mais totalement parlementaire:
"Le gouvernement fait du bon boulot. Mais il y a un problème de coordination entre les partis de la coalition. On déplore un comportement arrogant de la part des deux chefs de blocs parlementaires principaux, surtout Nida (dirigé par Mohamed Fadhel Ben Omrane, NDLR)"
Un membre d'Afek Tounes jure au HuffPost Tunisie que le malaise touche avant tout à la coordination au sein de la coalition parlementaire: "Par exemple sur la loi réformant les statuts de la Banque centrale, on avait fait tout un travail sur les monnaies électroniques, de type Bitcoin. Tout cela a été balayé, ce travail n'aura servi à rien...", déplore-t-il.
Lire aussi: La Banque centrale de Tunisie s'inquiète du recours au bitcoin, l'accusant de financer le terrorisme
Finalement, la loi sur la Banque centrale a été votée à une voix près, notamment du fait de la défection des députés Afek.
Lire aussi: Les raisons derrière les divisions des députés tunisiens autour de l'indépendance de la Banque centrale
Le vote in extremis des statuts de la Banque centrale a semé la colère de certains députés de la majorité, comme Raouf Khammassi (Nida Tounes), ou du député indépendant Mehdi Ben Gharbia (bloc social-démocrate, partisan du projet de loi gouvernemental en l'occurrence).
La veille de ce vote en forme d'avertissement, Yassine Brahim avait déclaré à la TAP lors d'un congrès de son parti à Hammamet que le pays souffrait d'un manque "d'harmonie entre les pouvoirs exécutifs et législatifs et à cause des crises que connaissent plusieurs partis".
"C'est Ennahdha qui dirige"
Karim Hellali n'hésite pas à désigner nommément l'objet de ces tensions: "Depuis la scission à Nida Tounes, c'est le bloc parlementaire Ennahdha qui dirige", assène-t-il, déplorant que des ajouts à des textes de loi "passent à la dernière minute en vertu d'un accord magique entre Nida Tounes et Ennahdha", citant en exemple "l'article relatif à la finance islamique inséré dans le projet de loi sur la Banque centrale".
Le député voit là un profond déséquilibre avec la place occupée par Afek Tounes dans la coalition: "Sur la Banque centrale on avait préparé 23 amendements, très peu ont trouvé un écho au sein de la coalition". Mais ces problèmes de coordination remontent à plus loin pour le parlementaire, qui mentionne également les divergences des députés Afek Tounes sur la loi relative au Conseil supérieur de la magistrature (examinée en mars), ou la loi de finances (en décembre dernier).
Une initiative parlementaire d'Afek Tounes vise donc à établir un bloc parlementaire unique pour les partis de la majorité hors Ennahdha. "Ce n'est pas dirigé contre Ennahdha", tempère Karim Hellali. "Il faut simplement équilibrer le paysage au parlement pour qu'il corresponde au vote des Tunisiens", soutient-il, espérant voir un bloc de "105 ou 110 députés" s'associer à Ennahdha dans le travail parlementaire.
Demain, jeudi 21 avril, le siège d'Afek Tounes abritera une réunion quadripartite avec les autres formations parlementaires de la majorité. Une réunion de la dernière chance, pour demander que chaque parti de la coalition soit considéré sur un pied d'égalité dans le travail parlementaire. "Sinon on quittera la coalition", prévient Karim Hellali.
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