INFORMEL - Comment lutter contre l'économie informelle? Une étude du think tank Joussour, rendue publique ce vendredi 15 avril, explore quelques pistes.
L'étude distingue les activités illégales (contrebande, activités terroristes, criminelles, etc.) des activités légales, au sein desquelles on trouve l'économie souterraine (les activités non déclarées de l'économie formelle) et le secteur informel à proprement parler. L'ensemble se fédère sous le terme d'"économie non observée" (ENO).
Le phénomène de l'économie non observée est difficile à mesurer. L'étude considérant "les informations disponibles aujourd'hui sur l’informel en Tunisie [...] au mieux fragmentées et incomplètes", elle appelle les autorités à affiner la mesure du problème pour mieux y faire face:
L'étude, qui semble s'être confrontée aux limites du droit à l'information sur ces questions-là, déplore que "l’appareil statistique national (INS et autres structures statistiques publiques spécialisées) semble avoir gardé son attitude d’avant la révolution: manque d’initiative et de communication".
Toutefois, l'étude de Joussour considère que si les mesures du phénomène informel lui-même sont défaillantes, la mesure de la part de la contribution de l'activité informelle au PIB par les services de l'Etat est quant à elle satisfaisante:
A cet égard, l'étude déplore un retard de la Tunisie quant à un certain nombre d'Etats également en développement:
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Mais puisque la mesure du PIB ne fait pas (trop) l'impasse sur l'économie non observée, l'étude évalue le poids économique de ces activités. D'après des chiffres datant de 2012, l'économie informelle représenterait 35,5% du PIB, un chiffre qui grimpe à 43% "si on retire la contribution de l’administration au PIB".
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Difficile de faire fi de ces pans entiers de l'économie nationale. D'autant plus que "le secteur informel joue ainsi le rôle d’amortisseur pendant les crises":
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L'étude appelle les autorités à l'accompagner intelligemment, en œuvrant pour améliorer la productivité du secteur informel (accès au micro-crédit, à des formations, créer des connections entre les marchés formels et informels...) et en en faisant un levier de développement dans les zones défavorisées.
En revanche, l'étude appelle à lutter contre les activités criminelles et terroristes de sorte à couper toute interférence de ces activités là avec le reste de l'économie.
Le secteur du BTP préoccupe tout particulièrement les auteurs de l'étude, car il concentre les deux tiers des emplois informels, et parce que "la disproportion, au niveau des chiffres officiels, entre la part du secteur dans l’emploi total et sa part dans le PIB indique des possibilités de grande dérobade d’argent (blanchiment, ventes sans factures…)".
La contrebande serait le cheval de Troie du terrorisme. L'étude appelle les autorités à lutter contre les barons de la contrebande frontalière, de crainte que leurs trafics ne contribuent au renforcement des réseaux terroristes:
Pour ce faire, l'étude invite les autorités à renforcer la traçabilité sur la filière tabac, pour affaiblir le trafic de cigarettes, en renforçant au passage la production nationale de tabac, en chute libre.
Joussour demande en parallèle que les autorités affichent "une tolérance zéro avec la constitution de barons de la contrebande des produits pétroliers et l’interférence avec le financement du terrorisme".
Il s'agit d'une proposition qui va radicalement à l'encontre de ce que l'expert de l'International Crisis Group Michaël Ayari recommandait en mars dernier sur son blog Huffington Post, considérant que "les frontières tuniso-libyennes ne peuvent être sécurisées sans la collaboration étroite des populations locales notamment les cartels historiques de contrebande".
Mais Joussour redoute que la puissance grandissante des barons de la drogue ne finisse par porter en elle-même la "négation de l’existence de l’État et de sa légitimité".
L'étude distingue les activités illégales (contrebande, activités terroristes, criminelles, etc.) des activités légales, au sein desquelles on trouve l'économie souterraine (les activités non déclarées de l'économie formelle) et le secteur informel à proprement parler. L'ensemble se fédère sous le terme d'"économie non observée" (ENO).
Lire aussi: "L'avantage d'un Think Tank est d'être plus libre dans la réflexion" que dans un parti politique affirment les fondateurs de 'Joussour'
Commencer par mesurer correctement l'informel
Le phénomène de l'économie non observée est difficile à mesurer. L'étude considérant "les informations disponibles aujourd'hui sur l’informel en Tunisie [...] au mieux fragmentées et incomplètes", elle appelle les autorités à affiner la mesure du problème pour mieux y faire face:
La mise en place d’un dispositif de mesure, de suivi et d’analyse est un préalable à l’élaboration de politiques publiques pertinentes et représente un enjeu majeur du point de vue politique, économique, social et même sécuritaire!
L'étude, qui semble s'être confrontée aux limites du droit à l'information sur ces questions-là, déplore que "l’appareil statistique national (INS et autres structures statistiques publiques spécialisées) semble avoir gardé son attitude d’avant la révolution: manque d’initiative et de communication".
Lire aussi: Tunisie: Le projet de loi organique sur le droit d'accès à l'information "contraire à la constitution", selon deux associations
Toutefois, l'étude de Joussour considère que si les mesures du phénomène informel lui-même sont défaillantes, la mesure de la part de la contribution de l'activité informelle au PIB par les services de l'Etat est quant à elle satisfaisante:
"Les médias laissent souvent entendre que les chiffres du PIB publiés par l’INS excluent des pans entiers de l’économie. Des journalistes récusent ainsi la crédibilité des estimations de la comptabilité nationale et avancent parfois des approximations très inquiétantes de la part non évaluée du PIB. Le manque de communication de la part de l’INS semble être la principale raison de cette situation confuse. Seules les méthodologies de mesure du PIB de l’INS sont publiées. Celles des autres structures statistiques publiques spécialisées ne le sont pas !"
A cet égard, l'étude déplore un retard de la Tunisie quant à un certain nombre d'Etats également en développement:

L'informel fait vivre beaucoup de monde (trop pour qu'on lui déclare la guerre)
Mais puisque la mesure du PIB ne fait pas (trop) l'impasse sur l'économie non observée, l'étude évalue le poids économique de ces activités. D'après des chiffres datant de 2012, l'économie informelle représenterait 35,5% du PIB, un chiffre qui grimpe à 43% "si on retire la contribution de l’administration au PIB".

Difficile de faire fi de ces pans entiers de l'économie nationale. D'autant plus que "le secteur informel joue ainsi le rôle d’amortisseur pendant les crises":
"En période de crise économique, l’informel a tendance à croître beaucoup plus rapidement que le PIB (en 2008, période de crise financière internationale, il a représenté 70% de la croissance et, en 2011, il a crû malgré la récession économique)."

L'étude appelle les autorités à l'accompagner intelligemment, en œuvrant pour améliorer la productivité du secteur informel (accès au micro-crédit, à des formations, créer des connections entre les marchés formels et informels...) et en en faisant un levier de développement dans les zones défavorisées.
En revanche, l'étude appelle à lutter contre les activités criminelles et terroristes de sorte à couper toute interférence de ces activités là avec le reste de l'économie.
Le secteur du BTP préoccupe tout particulièrement les auteurs de l'étude, car il concentre les deux tiers des emplois informels, et parce que "la disproportion, au niveau des chiffres officiels, entre la part du secteur dans l’emploi total et sa part dans le PIB indique des possibilités de grande dérobade d’argent (blanchiment, ventes sans factures…)".
L'informel illégal, cheval de Troie du crime et du terrorisme?
La contrebande serait le cheval de Troie du terrorisme. L'étude appelle les autorités à lutter contre les barons de la contrebande frontalière, de crainte que leurs trafics ne contribuent au renforcement des réseaux terroristes:
Le secteur informel est l’expression d’une défiance à l’égard des institutions publiques. Avec le net recul du rôle et de la présence de l’État, une bonne partie des circuits de l’informel risque de basculer dans la criminalité et d’être récupérée par le terrorisme.
Pour ce faire, l'étude invite les autorités à renforcer la traçabilité sur la filière tabac, pour affaiblir le trafic de cigarettes, en renforçant au passage la production nationale de tabac, en chute libre.
Joussour demande en parallèle que les autorités affichent "une tolérance zéro avec la constitution de barons de la contrebande des produits pétroliers et l’interférence avec le financement du terrorisme".
Il s'agit d'une proposition qui va radicalement à l'encontre de ce que l'expert de l'International Crisis Group Michaël Ayari recommandait en mars dernier sur son blog Huffington Post, considérant que "les frontières tuniso-libyennes ne peuvent être sécurisées sans la collaboration étroite des populations locales notamment les cartels historiques de contrebande".
Lire aussi: Contrebande et trafic d'armes aux frontières libyennes: Pourquoi les cartels de contrebande peuvent aider à sécuriser la Tunisie
Mais Joussour redoute que la puissance grandissante des barons de la drogue ne finisse par porter en elle-même la "négation de l’existence de l’État et de sa légitimité".
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